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VioleTT Pi, l’esthète des limites

Pochette du premier opus de VioleTT Pi : "L'amour plus fort que la mort" d'Axel Pahlavi (2010)

Pochette du premier opus de VioleTT Pi : « L’amour plus fort que la mort » d’Axel Pahlavi (2010)

La brève documentation qui accompagne ce disque tente de nous instruire sur cet artiste, ce québécois révélé, comme souvent chez nos cousins, par la case « concours », lui qui réside à quelques pas du fameux festival international de la chanson de Granby dont il a été justement finaliste en 2008. Cette doc, donc, tente l’improbable, décortiquant son nom de scène, l’expliquant presque, un peu comme un « VioleTT Pi pour les nuls ». La fleur d’abord, qui jadis servait à guérir la migraine, l’insomnie et la mélancolie. Le Pi, qui ne doit rien aux vaches mais tout aux maths, rapport constant qu’il est entre la circonférence d’un cercle et son diamètre. Le doute reste pour les deux T : est-ce la note finale de Télérama ? Le tout fait donc VioleTT Pi, artiste à la tenace réputation de clown chantant, dont il reste un nez rouge sur la pochette (voir ci-dessus). Il est par ailleurs le compagnon de la chanteuse Klô Pelgag qui n’en est pas un (gag) et participe à ce premier opus par un duo sur Le clown est triste.

C’est un pop-rock déjanté et hardi, que celui de VioleTT Pi, avec une voix volatile qui parfois fait songer à -M-. Les textes sont à l’image du bonhomme : insolites et carnivores, tendres et cruels à la fois. Chaque chanson vaut singulière histoire où les morts violentes, avec ou sans « gun dans les mains », font comme fil conducteur électrisant, édifiant. Ici on découpe la bouche pour ne plus la toucher, là « elle mange du sang de cochon cuit dans les pommes », ici encore on est « une ogive nucléaire de destruction massive », on attache le dentiste en espérant qu’il ne souffre pas, on cherche ailleurs l’ovule en se brûlant la tête… Destructeur. Même le sentiment et le sexe sont organiques, parés de mots précis : « L’odeur de ton parfum m’exite / Crache-moi dans la bouche / Il suffit d’amasser de la salive / De placer en parallèle menton et plafond »… Le monde de VioleTT est singulier, sa poésie sans ambages, ses arguments troublants. Mais c’est une vraie et jolie construction, à la cruauté plaisante, au rythmes ennivrants, au vocabulaire choisi, étrangement raffiné, toujours à la recherche de « l’esthétique des limites. » Un tel opus ne peut que provoquer entier rejet ou définitive séduction. Bien que personne ne sache exactement que ce qu’il va se passer quand ce clown chantant entre en scène, le public français le constatera de visu le 8 juillet à Paris, les 9 et 11 à la Pause guitare d’Albi et le 14 juillet à Belvézet (30). Pour le public belge, ce sera le 17 juillet aux Francofolies de Spa.

VioleTT Pi, eV, L-A be/Absilone/Believe 2014. Le site de VioleTT Pi, c’est là.

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12 Réponses à VioleTT Pi, l’esthète des limites

  1. Danièle Sala 3 juin 2014 à 10 h 36 min

    Ni rejet total, ni définitive séduction, disons qu’il y a une lueur de séduction dans le rejet , mais faut voir ! Et ce n’est qu’une impression après une première écoute .

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    • Claude Fèvre 4 juin 2014 à 10 h 45 min

      Personnage oui, on peut le dire ! J’avoue que je suis plutôt réticente devant cette forme d’excès, une sorte de « Chanson de la cruauté » qui aurait été chercher du côté d’Artaud… Signe de nos temps obscurs ? Alerte !

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  2. alenvers Luc 3 juin 2014 à 16 h 55 min

    J’ai fait les Rencontres d’Astaffort avec lui en mai 2009.
    C’est un artiste singulier, intuitif et très attachant.
    il trace une belle route musicale…

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  3. Alexis Perrin 3 juin 2014 à 23 h 05 min

    Ni rejet , ni séduction, mais indifférence totale ! Il ne suffit pas d’aligner des mots simples et graves, ou provocants, pour faire poésie ( et les 19 mn de Jean Genêt dit par Christian Olivier, dans ce même billet, ne peuvent pas en être meilleur contre-exemple …). Et ce n’est pas la musique ( funk-variétoche bien aseptisée à mon goût ) qui va faire décoller la chose

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  4. François 4 juin 2014 à 0 h 48 min

    Cet article est très mal écrit. VioleTT pi n’est pas un clown chantant, c’est un poète innovateur et inventif de sa génération: bête de scène en plus. Et s’il-vous-plait, évitez les mauvais jeux de mots avec «Pelgag».

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    • Michel Kemper 4 juin 2014 à 7 h 27 min

      Mauvaise pioche pour vous, François : « Clown chantant » est simplement une expression qu’on trouve dans la présentation officielle du disque de cet artiste. On suppose que l’artiste a validé le document. Et ce n’est pas un (pel) gag !

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    • Norbert Gabriel 4 juin 2014 à 10 h 44 min

      Cher François, tout dépend du sens qu’on donne au mot « clown » … Si c’est « pitre » ou « gugusse » ça peut être un peu péjoratif, en revanche, dans un cirque, l’Auguste est souvent un des artistes les plus complets, donc respect pour le clown. C’est comme l’âne, souvent maltraité, il n’est pas le meilleur chanteur de la gent animale, mais si un cheval doit être dressé, on dit toujours qu’un âne s’éduque. Et pour ma part, je préfère l’éducation au dressage. Anicalement votre, et vive le clown.

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  5. Patrick Engel 4 juin 2014 à 9 h 43 min

    Saluons tout de même la sportivité de Michel Kemper qui n’hésite pas à valider un commentaire disant bêtement et sans fondement aucun que son article est très mal écrit. Ce que de ne même pas.
    (Là d’accord, c’est très mal écrit…)

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  6. Odile 4 juin 2014 à 18 h 11 min

    Ce n’est pas ma tasse de TT…
    Je n’insiste pas!

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  7. François 4 juin 2014 à 18 h 16 min

    Patrick Engel, il aurait été très triste qu’un autre journaliste ait recourt à la censure. Je crois qu’il est normal de valider un commentaire même si il ne vient pas flatter notre égo: sinon, où est la diversité, le partage et l’évolution? Sinon, à quoi ça servirait d’écrire.
    Merci Norbert d’expliquer le sens que vous accordez à ce mot qui pour moi, était péjoratif.

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    • Michel Kemper 4 juin 2014 à 19 h 47 min

      Je réponds, non particulièrement pour François d’ailleurs, mais pour tous. Je suis d’accord avec François : il est effectivement triste, me semble-t-il, qu’un journaliste ait recourt à la censure. Sauf quand le commentaire recourt à l’insulte, à la totale mauvaise foi ou à la diffamation. Là, le modérateur que je suis aussi est intraitable.

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      • Norbert Gabriel 5 juin 2014 à 1 h 52 min

        Pour compléter ce que dit Michel sur la bonne tenue « sanitaire » d’un site, certains confondent ce qui est censure, trollage et propos hors sujet. L’an dernier, un(e) invité(e) s’est égarée en propos très virulents, en m’attribuant des propos tenus par quelqu’un d’autre, et c’était assez violent. J’ai donc répondu par courriel, mais, mauvais karma, l’adresse était fausse. Une lettre signée avec un pseudo avec une fausse adresse, c’est une lettre anonyme, et dans ce cas une seule destination possible: la poubelle. Ce qui a motivé une indignation extrême de la personne en question qui a hurlé à la censure. Sans bien comprendre ce qui signifie ce mot. Pöur ma part, je ne refuse aucune discussion, tant qu’elle reste dans le sujet, et qu’elle est dans les normes d’un débat contradictoire normal, mais à visage ouvert. Pas masqué ni anonyme.

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