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Paroles et Musiques 2015. Balmino, la force des mots

Balmino (photo d'archives Catherine Cours)

Balmino (photo d’archives Catherine Cours)

Balmino, 6 juin 2015, Festival Paroles et Musiques à Saint-Étienne, salle Jeanne-d’Arc,

 

Cohérence. Programmer Balmino sur la même scène que Pierre Lapointe, c’est précéder la tristesse d’une autre tristesse. C’est aussi précéder le pur talent d’un autre pur et grand talent.

Revoici Balmino. Les précédentes fois dans cette ville, c’était pour son projet Broc. Et avant encore pour cet autre sur Tom Waits. Le revoici en ses chansons, cette fois-ci en trio (David Suissa à la guitare et Raphaël Vallade à la basse). Balmino, ancien chanteur de Khaban (dont il reprendra Manon, en toute fin, a cappella, devant un public conquis), est un remarquable folk-singer, à la voix de rocaille à l’écriture somptueuse, aux balades tristes comme il se doit, des complaintes, plaintes partagées. Pas le temps de bien faire connaissance en une première partie forcément limitée, alors Balmino tire d’emblée sa plus belle cartouche, Dans le bruit de nos silences, une pépite dont chaque vers est d’importance : « Je te regarde me taire / Je t’écoute m’oublier », « J’écris sur mes doute, j’écris sur mes peines. J’écris sur la roue qui tourne et m’entraîne », « J’ai tiré à tire d’ailes / Elles n’ont pas fait long feu c’est sûr / Les plumes de ton armure »… De quoi installer le personnage, de quoi édifier par sa façon de dire, de poser des mots sur des souffrances, des peines de cœur. Plus tard, il nous chantera aussi Va comprendre : « T’a fait d’ma valise une maison / De mon instinct une maladie / De mon miroir une punition une prison / De mes sourires une autopsie… » Et lui l’aime encore, plus fort.

Les vers de Balmino ont une incroyable force d’évocation, allant bien plus loin que la simple addition des mots. Tout son corps est chanson, est musique, de la tête aux pieds qui trépignent, scandant chaque rime, chaque pied. De part et d’autre de la scène, lui et ses complices musiciens jouent et chante pareillement, en ombres chinoises. Du Balmino visuellement démultiplié qui anime ce chant ample qui s’impose dans cette salle muette de respect, admirative.

Deux hommages particuliers : à son ami Bob Solo, désormais éloigné volontaire de la chanson, à faire pousser ses légumes loin des salles de concerts : « Prenons d’assaut les rues / Sans nous elles sont froides (…) Ami reprend la route / Les deux cent qui t’écoutent / Demain seront mille / Celui qui nous fera taire / Qui Dieu qui Lucifer / N’est pas né. » Et à Lhasa, la chanteuse disparue, dont il prélève un titre.

Hommage aussi (euh, non, pas vraiment…) à Brice Hortefeux, par une ode à l’intégration, au partage. Si ce personnage politique n’est plus au pouvoir, ça n’ôte rien au message humaniste de Balmino : « Mêlons-nous, mêlons nos peaux ! »

Avec la promesse d’un album pour fin 2016, Balmino sera forcément rare sur les scènes les mois prochains. Dommage. Que les organisateurs prennent date avec lui : c’est un grand artiste, presque un géant. Le savent-ils vraiment ?

 

Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Balmino, c’est là.

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