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Parcours-santé avec Isabelle Mayereau

isabelle-mayereau-parcours-isabelle-mayereauHonte sur moi : l’œuvre d’Isabelle Mayereau m’était quasi totalement inconnue ! Okay, il y avait Tu m’écris et L’enfance. Et puis ? Comme quoi être un amateur patenté de chanson française aux goûts éclectiques n’empêche pas qu’il puisse subsister maintes lacunes béantes dans l’éducation chansonnesque… Aussi ai-je saisi l’occasion que m’ont donnée NosEnchanteurs de combler ce vide indigne en partant à l’assaut de son intégrale fraîchement sortie.

Parlons d’abord de l’objet. Dans une belle pochette nous montrant une Isabelle riante et radieuse, pas moins de 5 CD pour un total de 100 chansons, réunis sous le titre judicieux de Parcours. Le tout à un prix qui fait rire (20 euros sur le site d’EPM : pourquoi s’en priverait-on ?). Rapport qualité-prix, difficile à battre ! Ces 100 chansons représentent les 9 albums publiés à ce jour (une dixième est annoncé d’ici peu !) par l’artiste, de 1977 à 2009. Les opus y sont reproduits dans l’ordre chronologique, qui permet donc de remonter ou de redescendre le temps à sa guise, facilitant l’appréhension de l’œuvre et le suivi de son évolution.

Nul doute que les afficionados de la chanteuse seront aux anges de retrouver tous ces titres enfin réédités, qui auront su les charmer en leur temps, et goûteront pleinement à la madeleine proustienne que constitue la redécouverte de chansons momentanément oubliées.

Qu’en est-il pour le néophyte, comme l’auteur de ces lignes ? La seule plongée dans l’examen de la pochette nous ramène à un passé encore proche, mais qui semble pourtant si loin. Je vous parle ici d’un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître. Dans ce siècle-là, le marketing n’avait pas encore imposé la nécessité de créer l’attente et les artistes publiaient un disque par an (pour Isabelle Mayereau, 5 disques de 1977 à 1982 – voyez les discographies des Souchon, Sheller, Cabrel, Chédid…, c’était pareil !), enchaînant par ailleurs les concerts sans discontinuité. L’insuccès éventuel des débuts n’empêchait pas la firme de disque de croire en son poulain et de lui donner une deuxième ou troisième chance. A cette époque également, les disques comprenaient 10 morceaux, d’environ 3 minutes chacun, et les deux chansons appelées a priori à connaître le succès populaire étaient mises en premier sur chaque face du 33 tours. Les directeurs artistiques s’appelaient alors Jacques Bedos (l’homme derrière la carrière de Reggiani, Le Forestier, Moustaki…) et les arrangeurs Jean Musy (impossible de dresser la liste des artistes passés par ses mains, toute la chanson française des années 70 a fait un détour par lui !)…

Par la suite, l’espace entre chaque album s’allongera à chaque fois (4 disques en 1984, 1987, 1996 et 2009) mais cette rareté engendrera une plus grande liberté de l’artiste, qui pourra s’évader quelque peu de la chanson formatée dans sa durée et s’ouvrir à des chemins musicalement plus surprenants (son dernier CD à ce jour ne s’intitulait pas Hors-pistes pour rien !).

C’est donc tout un pan de la « nouvelle chanson française » qui se donne à (re)découvrir. Auteure-compositrice-chanteuse sensible, à la plume délicate et à la voix suave, Isabelle Mayereau doit s’apprécier à petites doses, sans se forcer, afin que sa magie vous pénètre peu à peu. Pas des chansons coup de poing, mais bien des chansons caresses, qui, comme le renard du conte, doivent se laisser apprivoiser. Quelques thèmes récurrents parcourent ses 5 CD, dont le plus frappant reste sans doute la fascination de l’auteur pour les U.S.A. et le cinéma hollywoodien, source d’inspiration de nombreux titres : Stars fantômes, La bouche de Gregory Peck, Film noir…

L’opportunité vous est donc offerte de faire le point sur une belle artiste, qui vous permettra d’autant mieux d’apprécier le chapitre supplémentaire à venir. Encore un peu de patience…

 

Le site d’Isabelle Mayereau, c’est iciImage de prévisualisation YouTube Image de prévisualisation YouTube

5 Réponses à Parcours-santé avec Isabelle Mayereau

  1. Legras Jacques 12 mai 2016 à 22 h 46 min

    Isabelle Mayereau fait partie de ces auteurs compositeurs d’une génération intermédiaire en partie oubliée des médias, et hélas des médias spécifiques de la chanson francophone comme Nos Enchanteurs.
    Je l’ai vue sur scène il y a quelques années au festival de Concèze, dont vous avez déjà parlé il me semble, lors d’une édition où étaient programmés entre autres deux magnifiques auteurs de la même génération, eux aussi complétement occultés par ce site, sauf erreur de ma part (je ne suis pas un lecteur très assidu): Anne Vanderlove et Jean-Pierre Réginal.
    La première, dont l’oeuvre est sans doute inégale mais avec de biens jolies perles, a peut-être réalisé son meilleur album il y a trois ans environ. Rien vu sur Nos Enchanteurs, comme pour les disques d’Isabelle Mayereau d’ailleurs ou le raffinement et la délicatesse sont partout présents.
    Pas un mot non plus pour l’excellent album de Jean-Pierre Réginal (que je considère comme un auteur majeur depuis quarante ans, comme le pensait d’ailleurs François Rauber (avec qui j’ai travaillé) sorti en 2010 je crois, ni sur les prestations scéniques de ces trois artistes qui font honneur à notre chanson depuis sans doute trop longtemps pour vous.
    Voilà pour le (gentil) « coup de geule » du jour, motivé sans doute par cet article inattendu sur Isabelle Mayereau et aussi par les nombreux papiers sur des artistes ou chansons insignifiants que vous infligez trop souvent au lecteur (à mon goût évidemment), dans une volonté de « jeunisme » ou de mode médiatiquement oecuménique.
    Bien cordialement.
    Jacques

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    • Michel Kemper 13 mai 2016 à 8 h 47 min

      Bonjour Jacques,
      Entre nous, le jeunisme m’emmerde, le vieillisme tout autant. Les cloisonnements dans la chanson me semblent détestables. La Chanson est ce qu’elle est, avec une partie médiatique bien dorlotée par le showbiz et une autre, plus vaste, dans le maquis pour sa survie. Nous, nous essayons avec nos moyens quasi nuls de rendre compte de ce qui nous semble être l’actualité de la Chanson, que celle-ci se conjugue au présent ou au passé, que la Chanson trouve refuge au Limonaire ou à l’Olympia, qu’elle soit disque d’or ou disque autoproduit. Nous n’obéissons à personne. Nous sommes une quinzaine de rédacteurs à NosEnchanteurs, certains qui écrivent beaucoup, d’autres moins, qui ont parfois des goûts opposés mais complémentaires. Ce qui unit les rédacteurs de ce site, c’est je crois leur curiosité, leur compétence et le respect qu’ils ont du travail de l’autre. Je suis content de cet article sur Isabelle Mayereau, au seul fait que cet article existe. C’est mon collègue Pol de Groeve qui s’en est chargé, moi j’avais déjà signé le texte « officiel » à la demande de la maison de disques d’Isabelle Mayereau. En presque sept ans d’existence de NosEnchanteurs Isabelle n’a jamais été, concours de circonstance, dans le radar de NosEnchanteurs. En août 2010 à Concèze comme vous le dites ? J’étais à ce moment-là le seul rédacteur de NosEnchanteurs et n’ai ni les moyens ni le don d’ubiquité d’être à Concèze et ailleurs. J’étais ailleurs.
      J’aime votre lettre, parce que j’aime qu’on demande beaucoup à NosEnchanteurs : ça prouve l’estime de nos lecteurs et leur degré d’exigence. Nous faisons ce que nous pouvons et, je vous le jure, bien plus encore. Au service, vous le savez, de la Chanson. Pas d’une idée réductrice (j’ose pas dire sectaire, mais je le pense quand même) de la Chanson : il existe d’autres sites ou blogs pour cela. Ça peut nous chagriner mais la Chanson évolue, mute. Nous tentons d’en préserver les acquis tout en suivant d’assez près ce qu’elle devient.
      Réginal, je suis d’accord avec vous, est artiste intéressant : il fait partie de ceux qui n’ont pas encore trouvé place dans nos pages et je le regrette autant que vous. Ça ne c’est pas fait, ça se fera peut-être. Mais il n’est pas le seul et chaque jour je me désespère de ne pouvoir chroniquer ou faire chroniquer tous les disques que nous recevons (plus de 150 aujourd’hui en attente, nombre d’entre eux, malgré leur intérêt, ne pourront être chroniqués car, chaque jour, nous arrivent de nouveaux albums en service de presse dans notre boite aux lettres), de ne pouvoir répondre à toutes les invitations, de ne pouvoir être (sans aucun budget de déplacement, d’hébergement, de transport et de restauration, sans être payé faut-il le dire aussi ?) le même soir à Perpignan, au Vingtième Théâtre et à Vesoul. Et quand – ce que je vais être obligé de faire sous peu – je publie plus d’un article par jour, des lecteurs se plaignent que c’est trop, qu’ils ne peuvent pas suivre.
      Chaque lecteur à ses demandes particulières, son mode d’emploi de NosEnchanteurs, ses attentes toutes aussi respectables. Nous on navigue au gré de nos possibilités, de nos émotions, de nos choix du moment. Quand nous le pouvons, nous tentons de réguler quelque peu le flot des articles, de ne pas tout le temps parler des mêmes artistes, des mêmes lieux. Mais je ne peux rien imposer aux membres de mon équipe, juste suggérer.
      Avouons que, depuis sept ans que NosEnchanteurs existe, il n’a pas démérité de la Chanson d’expression française qu’il sert et sert bien. Même si nous avons parfois loupé des artistes, en scène comme en disques. Chorus a fait bien mieux que nous, mais avec une équipe de 25 journalistes (qui plus est les meilleurs) rémunérés. Par contre je ne connais pas de site ou de blog qui affiche à son compteur autant d’artistes que nous, avec chaque fois des articles originaux et pertinents. Et je crois bien écrits.

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  2. Pol de Groeve 16 mai 2016 à 12 h 48 min

    En réponse à Jacques, j’ajouterais que la volonté de NE est de suivre l’actualité, vaille que vaille. A quelle occasion récente aurions-nous donc pu parler d’Isabelle Mayereau ? La sortie de son intégrale était donc l’opportunité à saisir, ce que nous n’avons pas manqué de faire. Et nul doute que son futur nouveau CD trouvera place dans nos colonnes (sans vouloir m’arroger le rôle de rédac-chef de Michel Kemper, of course !).

    On pourrait évidemment également écrire des chroniques sur les grands anciens ou les artistes un peu oubliés, sans lien avec l’actualité. Il me semble pourtant qu’il existe bien d’autres sites qui répondent à ce besoin et qu’il est plus intéressant de parler des nouveautés et découvertes potentielles. Probablement dans le lot y a-t-il des artistes qui s’avéreront insignifiants et/ou qui rejoindront la cohorte des chanteurs méconnus. Mais cela, seul l’avenir nous le dira…

    Enfin, notez que la frustration existe aussi chez les collaborateurs. Ainsi, j’ai déjà reproché à Michel que, sauf erreur, NE n’ait jamais évoqué Dominique A, artiste majeur à mes yeux dans la chanson actuelle. Je n’ai cependant pas encore eu l’occasion de combler cette lacune depuis mon arrivée dans l’équipe (son dernier CD est déjà trop ancien pour je ne le chronique et je n’ai pas pu aller le voir sur scène lors de son passage récent en Belgique). Tout viendra à point à qui sait attendre…

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  3. Legras Jacques 18 mai 2016 à 20 h 32 min

    Merci, Michel Kemper, d’avoir pris le temps d’une longue réponse, argumentée. A l’évidence il ne vous est pas possible d’être partout, de voir et d’écouter tout, et ce que vous faites, à travers ce site le plus complet, à ma connaissance, sur la chanson francophone, malgré un déficit de temps et de moyens, est remarquable. Je le reconnais volontiers.
    Vous aurez remarqué que j’ai cité, dans ma réaction à l’article sur Isabelle Mayereau, deux artistes installés de longue date dans le décor de la chanson d’auteur, Anne Vanderlove et Jean-Pierre Réginal. Bien discrets dans les médias traditionnels, ils ont pourtant quelques décennies de carrière derrière eux, et semé quelques bien jolies chansons en chemin. Il y a une forme d’injustice dans leur absence totale d’un site comme NE, qui chronique à intervalles réguliers des artistes nouveaux plus ou moins prometteurs, ou des chanteurs « vedettes » qui n’ont sûrement pas besoin d’un coup de projecteur supplémentaire.
    C’est donc le choix éditorial de NE qui, par sa volonté de ratisser large ou d’aller dans le sens de l’air du temps, me parait parfois contestable. Laisser au bord du chemin des artistes de cette trempe, n’est ce pas injuste ?

    Quand Pol de Groeve dit  » j’ajouterais que la volonté de NE est de suivre l’actualité, vaille que vaille « , il conforte quelque peu mon propos. Suivre l’actualité, peut-être, à condition de ne pas sacrifier le non-actuel, l’intemporel, socle de notre patrimoine culturel dans la chanson comme ailleurs.
    Cependant cette affirmation comme justification de l’absence d’Isabelle Mayereau chez NE est pour le moins surprenante. N’a t-elle pas enregistré un disque l’année de sa participation au festival de Concèze ? Actualité non suivie par NE. La même année je crois, Jean-Pierre Réginal a sorti un 4ème CD, après une dizaine de vinyls, sans commentaire sur NE. Et Anne Vanderlove a fait, dans cette même période, un retour dans les bacs passé inaperçu dans presque tous les médias, même chez NE, mais pas chez… Patrick Sébastien !
    Je n’ai pas recherché, mais nul doute que les trois artistes se sont produits sur scène au cours des cinq années écoulées sans que NE se soit fait l’écho de leur actualité.

    Avec toute ma reconnaissance pour la qualité de votre travail,
    avec mes souhaits de belle et longue vie à Nos Enchanteurs, et sans esprit polémique je vous l’assure, je vous adresse mes bien cordiales salutations.

    Jacques

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  4. guilbaud 1 août 2016 à 10 h 13 min

    Elle est apparue à la fin des années 70, après Véronique Sanson, Catherine Lara, et Marie-Paule Belle entre-autres femmes auteures-compositrices de leurs chansons. Elle a eu moins de succès qu’elles, pourtant ses chansons sont très jolies, mais peut-être pas assez commerciales pour l’époque. Mais ça ne fait rien, elle fait partie de ces artistes dont les médias ne parlent effectivement quasiment jamais mais qui sont toujours intéressants à découvrir ou redécouvrir.

    Quand vous parlez de cloisonnements dans la chanson, je suis d’accord. Aujourd’hui, les artistes qui participent aux tournées nostalgiques sortent pour la plupart tous encore des albums solo. Mais pour les médias, il serait tout simplement impossible, même avec les meilleures chansons et la meilleure exposition possible qu’ils refassent des tubes. Aujourd’hui, ceux qui font des tubes, c’est Zaz, Stromaé, Louane, Christine and The Queens, Kendji Girac. Point. Triste constat. Les autres chanteurs qui ont 50 ans de carrière et plus ne sont plus là pour faire des tubes.

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