CMS

France-Inter : Varrod part mais reste

Didier Varrod (photo France-Inter)

Didier Varrod (photo France-Inter)

C’est de (fin de) saison, mercato oblige : on parle beaucoup de chanson et de radio. Et de la place de la chanson à la radio. Cette fois-ci par le (faux) départ de Didier Varrod, pour encore quelques jours directeur de la musique à France-Inter.

Point n’est besoin ici de faire retour sur la carrière de Varrod qui évolua longtemps dans le sillage de Jean-Louis Foulquier (pour l’émission Pollen, les copains d’abord sur Inter, dans les colonnes de son magazine Chanson ainsi qu’aux Francofolies de La Rochelle dont Varrod se voyait le successeur et, à son grand dam, ne l’a pas été). Didier Varrod est journaliste-producteur-animateur-de-radio-et-de-télévision-scénariste-biographe-et-réalisateur.

Varrod, ce fut aussi le bide de ce magazine gonflé-gorgé de ridicule : Serge, vide sidéral qu’il tenait presque, l’insolent, pour héritier de Chorus. Rare futilité sur papier glacé : dire qu’on a abattu des arbres pour ça. Huit numéros avant de sombrer sans regret dans le total oubli. J’ai les quatre premiers chez moi et les cède pour pas même deux sous.

Dans une interview à Télérama, Varrod fait son inventaire, son bilan de trois ans passés à la direction de la musique à France-Inter. Vu par lui, le bilan est forcément élogieux, à croire qu’il a découvert tous les talents et les a mis à l’antenne. Quand on est interviewé par une journaliste qui écrit que « depuis sa prise de fonction en 2013, Varrod n’a eu de cesse de faire découvrir des nouveaux talents et promouvoir la chanson française » en citant entre autres Albin de la Simone, Emily Loizeau et Mickey 3d qui, que je sache, ont été découverts bien avant cette date, c’est vrai qu’on ne risque pas vraiment la contradiction. Trois ans qui, le hasard sans doute, ont vu l’exclusion (chaque fois infiniment choquante car peu respectueuse de déontologie et, pour deux d’entre eux, des plus élémentaires règles du code du travail) de trois piliers de la Chanson sur Inter : Isabelle Dhordain, Serge Le Vaillant et récemment Philippe Meyer, le dernier des Mohicans. Croyez-vous qu’il oserait les évoquer, lui le monsieur Chanson autoproclamé ? C’est pourtant à son (dis)crédit, son passif, son bilan ? Non et pire encore : « S’il y a un activiste de la chanson française, c’est bien moi ! » ose-t-il affirmer, le matamore, l’effronté !

Varrod s’en va mais reste, faut dire que la place est bonne. S’il ne sera plus directeur de la musique, il sera présentateur d’une émission chanson, de trois heures d’affilée, sur l’antenne, le vendredi soir : « J’ai envie que les gens se rencontrent (…) ; j’ai envie de passer des morceaux qu’on n’a pas l’habitude d’écouter ; je veux du disque, et pas seulement du live (la troisième heure sera consacrée à la diffusion d’un concert enregistré le mercredi soir) ; je veux pouvoir faire écouter trois ou quatre fois le même morceau d’affilée si j’en ai envie. Bref je rêve d’un espace un peu libertaire, où faire vivre la musique comme on la vit dans la vie normale. » C’est quoi la vie normale, Didier ? Une vie où on n’est pas exclusivement au service des majors, où on ne cire pas systématiquement les bottes aux tubes ? Où on tente de restituer la chanson, TOUTE la chanson, même celle – majoritaire en nombre d’artistes et bien souvent de talents – qui n’a cours ni sur Inter, ni encore moins ailleurs ? Varrod connait-il d’ailleurs la vie, la vraie ? Connaît-il la chanson, hors les playlistes que les majors daignent leur fournir ? Quant à rêver d’un « espace un peu libertaire » quand on est si soucieux des intérêts des cadors du disque au détriment d’autres artistes, c’est un peu osé, paradoxal même.

Varrod reste pour « faire du Foulquier » (souvenons-nous que ce dernier a lui aussi été viré de France-Inter de façon peu protocolaire ; souvenons-nous aussi que l’idylle entre Varrod et Foulquier s’est achevée au tribunal et que ce soudain rappel de filiation est pour le moins surprenant) : « Dans mon bilan cependant, je me suis aperçu qu’il manquait un rendez-vous fort en matière de chanson française, qui se serait inscrit dans la lignée de ce que faisait Jean-Louis Foulquier. D’une certaine façon, j’ai attendu d’avoir 55 ans pour lui succéder – une telle émission, ça a toujours été mon rêve. En quelque sorte, je reviens à mes fondamentaux ». Varrod va-t-il se rappeler que Foulquier allait chercher les artistes non forcément dans les maquettes aimablement  fournies par Sony et Universal et livrées par coursiers mais bien dans la vie réelle, sur scène, et pas les plus grosses, pas les plus sponsorisées ? Varrod peut-il changer ? Le présentateur-producteur Varrod peut-il faire oublier le directeur Varrod qui, au seul titre de directeur de la musique, a sinon licencié au moins couvert l’exclusion d’un pan énorme de la Chanson française sur la radio publique, financée par le public ? Va-t-il se redécouvrir une virginité après avoir sinon participé au moins cautionné, au premier rang, le sale boulot qu’un million sept-cent quatre-vingt mille auditeurs de La prochaine fois je vous le chanterai ne sont pas près de lui pardonner ?

14 Réponses à France-Inter : Varrod part mais reste

  1. POMMIER Marc 18 juin 2016 à 11 h 01 min

    Je ne suis pas certain qu’il élargisse ses choix !!! comme tu le dis si justement MICHEL, il risque piocher dans les grosses boites de production et continuer à ignorer toutes, et tous ceux que l’on aime bien !!!

    Il manque de modestie, le DIDIER !!!

    Répondre
  2. Isabelle VASSEUR 18 juin 2016 à 14 h 06 min

    et oui ! Jean-Louis, Isabelle, Serge, Philippe …. sur France Inter, qui reste t il pour nous faire partager leurs découvertes ? pas celles que nous avons déjà découverts, mais des petites pépites à faire rouler entre nos oreilles et à repartager avec nos amis ? … et bien dans le poste je ne sais pas, mais de l’autre côté, des auditeurs frustrés … et qui n’écoutent plus vraiment … puisqu’il n’a plus grand chose à écouter.
    Didier ? défi relevé ? … on écoutera un peu … de loin … pour se faire une idée ….

    Répondre
  3. Christophe SIBILLE 18 juin 2016 à 14 h 48 min

    Voilà un article que j’aurais aimé avoir écrit !! Bravo !!

    Répondre
  4. Zazabzh 18 juin 2016 à 17 h 39 min

    Whaouh vous y allez fort !! Personne n est obligée d ecouter la programmation d inter il existe d autres radios ( fréquence mutine à Brest !!!!)où la,playlist est faite sans enjeux de major ou bizness !!! Oui Isabelle Dhordain nous manque ,Philippe Meyer va nous manquer …mais qd même il n y a pas que du negatif pour preuve hier le somptueux concert de Biolay en live …sans pub sans commentaire ou peu et sans info ….qui à part France inter ?????
    En tt cas j ai aussi aimé les documentaires sur Sanson Renaud que Varrod ns a montré !!!Bien sûr un pt cote # i am the best# peut etre son cote artiiiiiiiste !!! Kenavo

    Répondre
  5. helene Hazera 19 juin 2016 à 12 h 22 min

    L’histoire entre Didier et Jean-Louis s’est terminée par une réconciliation entre les deux.Demandez à son entourage. Maintenant c’est lui qui m’a fait découvrir Dominique A alors que c’était en cassettes, raconter qu’il n’écoute que les maquettes des grandes maisons de disque, c’est carrément honteux. »Activiste de la chanson française » il l’est quand la production en anglais grimpe tous les jours.Didier est loin d’être un saint, mais ici c’est fielleux. Vous allez voir qui va le remplacer. De toutes façon les journalistes on vous connait vous ne parlez de nous que quand on s’en va.

    Répondre
    • Michel Kemper 19 juin 2016 à 15 h 31 min

      Dont acte de cette réconciliation, madame. Mais « activiste de la chanson française » non ! Pas quand, sous sa direction (« directeur de la musique » sur Inter tout de même, pour ce spécialiste de la chanson), les trois dernières émissions de « diversité » de la chanson française disparaissent de la grille, ce qui veut dire aussi qu’ils est vraisemblable que des artistes, déjà peu programmés, disparaissent à tout jamais de la grille d’Inter. Excusez-moi, que Didier Varrod soit un saint ou non, nous aurions aimé qu’il lutte avec ardeur contre de telles décisions. Avouez tout de même que, avec les trois dernières émissions « chansons » d’Inter désormais supprimées de la grille, le bilan de Didier Varrod n’est pas aussi excellent que ça : c’est un pléonasme que de le dire. Le public, dont je suis, a aussi le droit d’apprécier à sa manière ce bilan peu éclatant. Je retiens aussi que la seule création du directeur de la musique d’Inter, Didier Varrod, pour fêter son départ, est celle d’une émission de… Didier Varrod.

      Répondre
  6. helene Hazera 19 juin 2016 à 20 h 32 min

    ce qui est ennuyeux dans votre texte c’est qu’on ne démêle pas votre agacement envers l’article (pas finaud) et ce que Didier a fait à la radio. Vous croyez vraiment que c’est lui qui a fait fermer les autres émission de chanson?
    ah oui ce n’est pas son cas mais je déteste le terme « chanson française » Je ne demande pas leur passport aux artistes. En tout cas même si vous tapez à coté vous avez l’air de bien aimé la chanson.

    Vous ne savez pas à quel point c’est dur de faire entendre la chanson en Français à la Radio.

    Répondre
  7. Cécile Burgard 20 juin 2016 à 8 h 11 min

    (commentaire publié sur facebook)

    Pour avoir subi pendant deux années interminables au réveil la glose stérile de Varrod et ses choix convenus et sans estomac, je ne peux qu’être d’accord avec l’auteur de cet article. Quant à l’éviction de Philippe Meyer, c’est à se demander si France Inter s’intéresse à l’avis de ses auditeurs…

    Répondre
  8. Isabelle Dhordain 20 juin 2016 à 8 h 13 min

    (commentaire publié sur facebook)

    Bravo Michel, belles clairvoyance et lucidité

    Répondre
  9. Hervé Savary 20 juin 2016 à 17 h 03 min

    (commentaire publié sur facebook)

    Je n’ai jamais beaucoup apprécié Didier Varrod, surtout ses choix musicaux qui n’ont rien d’extraordinaire ni ne sont des découvertes. Mais ce qui m’agace surtout c’est le mièvre de ses interviews et les émissions hommage à Renaud, Brassens and co qu’il a pu faire pour France 3 qui n’apportent rien car les invités sont souvent peu représentatifs. Bref je respecte l’homme car comme tout être humain je lui dois mon respect mais je n’aime pas son travail. Je ne sais pas qui va le remplacer à cette place sur France Inter mais je ne m’attends pas à quelque chose révolutionnaire…

    Répondre
  10. Catherine Watine 20 juin 2016 à 17 h 05 min

    (commentaire publié sur facebook)

    J’étais tellement choquée du départ de Foulquier, que je connaissais personnellement, ensuite les éliminations successives… Merci pour cet article un peu rude, mais bon retour à l’envoyeur. il ne reste plus qu ‘à espérer qu’il sorte de ses castings habituels pour sa prochaine émission.

    Répondre
  11. Michel Kemper 21 juin 2016 à 18 h 11 min

    On lira avec attention cet article de NosEnchanteurs d’il y a presque trois ans : « Manoukian et Varrod : deux ânes et des âneries » http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2013/09/27/manoukian-et-varrod-deux-anes-et-des-aneries/

    Répondre
  12. langoët 23 juin 2016 à 16 h 13 min

    Salut… Kemper ;-) Bien dit, bien vu, bien écrit. Un jour le boomerang reviendra et ce canard ira sucrer les fraises ! Le bonjour ;-) http://radiofanch.blogspot.fr/2016/06/la-radio-france-en-deuil_20.html

    Répondre
  13. tocade 10 septembre 2016 à 11 h 13 min

    D’accord sur l’essentiel: Varrod s’est druckerisé avec l’âge et l’ambition.

    Je ne sais si c’est l’endroit mais…Qu’avez-vous pensé de sa soirée Ferré d’hier soir?
    (sans parler de Rebecca Manzoni hier matin)

    Répondre

Répondre à Catherine Watine Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives