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Les talents d’Achille

IRIS_DEF_DARKBLUE-300x280Qui ne connaît Achille, héros grec de la guerre de Troie ? Un mythe de virilité, de courage et de fidélité aussi, lui qui défia et vainquit Hector pour venger la mort de son ami Patrocle. Toute une époque, ma bonne dame…

Etonnamment, Achille est pourtant le patronyme adopté par Donia Berriri, jeune pianiste jusqu’ici (un peu) connue pour avoir accompagné Camélia Jordana ou Raphaëlle Lannadère. Elle se lance aujourd’hui sur le devant de la scène en artiste complète, auteure-compositrice des chansons qu’elle interprète d’une voix limpide. Titre de son premier album, dans les bacs depuis le 3 mars : Iris. Soit le nom de la déesse messagère des Dieux de l’Olympe. Tout se tient. Encore que l’artiste brouille un peu les pistes en expliquant le choix de son pseudo par un hommage à Debussy, dont le véritable prénom est Achille-Claude.

Quoi qu’il en soit, on aura compris que les références en jeu nous éloignent singulièrement du rap hardcore ou du métal fusion. L’univers qui s’ouvre à nos oreilles (et à nos yeux, par la grâce du beau livret illustré par Fanny Michaëlis) est empreint de délicatesse, de finesse et de poésie. L’accompagnement musical est épuré, puisque n’interviennent que divers claviers – piano, synthé et épinette – et des percussions. Quelques cordes n’auraient probablement pas été de trop pour donner plus d’ampleur à certains morceaux, mais ce minimalisme élégant sied à la beauté des textes, précieux et précis, que l’on goûtera comme on apprécie un bon vin, le soir tombant, confortablement installé dans son canapé.

Au menu, un panaché de rêveries poétiques (Elixir, Au pied de mon figuier, Achille…), un hommage au tempo jazzy de Nina Simone (Nina diva divague alors/Le bleu dans l’âme mood indigo), un hymne d’amour-haine à la ville-lumière (Ô Paris mon amour que je hais tant/Je t’ignore trop souvent et tu me le rends bien), un portrait de Venise et son carnaval bigarré (Elle a le cœur à marée basse / La ville perdue sous les pas / De ses intarissables hôtes / Qui marchent mais ne la voient pas), des histoires d’amour sensibles (Il et elle, Le cœur en berne)… Des chansons ancrées dans le monde actuel aussi, qu’elles évoquent le drame des émigrants (L’apatride et J’ai fui) ou le climat post-attentats (J’oublie)… L’album se termine sur un morceau caché, bel instrumental au piano aux allures de musique originale pour film mélancolique.

Achille nous offre une première œuvre aboutie, à l’écriture à la fois classieuse et classique (jusqu’à oser un subjonctif imparfait !), écrin de calme et de douceur dans les remous de notre époque. Bien bête serait celui qui s’en priverait.

 

Achille, Iris, Le Furieux/L’Autre distribution 2017. La page Achille sur le site de Martingale. Image de prévisualisation YouTube

3 Réponses à Les talents d’Achille

  1. Anna Coluthe 8 mars 2017 à 9 h 25 min

    Merci à NosEnchanteurs de m’avoir fait découvrir cette belle artiste !
    J’aimerais bien écouter d’autres morceaux, mais je ne trouve rien d’autre que le YouTube sur la page « Martingale ».
    Savez-vous s’il est possible de l’écouter sur des plates-formes genre Deezer, Soundcloud ou autre ? Merci !

    Répondre
  2. Catherine Laugier 8 mars 2017 à 18 h 53 min

    Voici les références de l’album sur Deezer Anna :
    http://www.deezer.com/album/15335935

    Répondre

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