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Jean-Marc Le Bihan, 1953-2019

Jean-Marc Le Bihan (photo non  créditée tirée de sa page facebook)

Jean-Marc Le Bihan (photo Ilona As tirée de sa page facebook)

Tant que des gens se souviendront de ce chanteur de rue, tant que son portrait figurera sur le Mur des Canuts, à la Croix-Rousse, à Lyon, alors Jean-Marc Le Bihan se survivra. Pour l’heure, après pas mal d’années de maladie, le cœur de Le Bihan vient de lâcher prise. C’était en partie le cœur des gens, comme le nom de ce café-concert qu’il tint à Lyon de 2001 à 2003.

Si le qualificatif de chanteur de rue valait récompense, Le Bihan serait médaillé comme un général russe. On ne peut imaginer le nombre des interpellations, des verbalisations qu’il a pu subir, la maréchaussée et le pouvoir n’aimant pas particulièrement la chanson, encore moins celle qui s’exprime hors des passages cloutés, des sentiers balisés. Le Bihan est un chanteur comme on se l’imagine non forcément du siècle passé, mais de celui qui le précède, en totale prise avec le réel, le contexte social. Dans les rues de Lyon, mais aussi à Bourges le printemps, à Avignon l’été, à L’Huma quand on voit rouge. Et en Belgique. « L’homme de la rue est un poète, voilà pourquoi ceux qu’on appelle usuellement « homme de la rue » doivent dès lors s’élever pour devenir, à leur tour, d’aussi bouleversants Hommes de la rue que Jean-Marc Le Bihan » disait il y a peu de lui Louis Arti. Le Bihan c’est une trogne, une tronche : c’est un chanteur. Sa scène à lui, bitume et pavés, lui ont donné cette liberté de chanter sans se conformer aux canons de la chanson. C’est souvent à rebrousse-poils qu’il chantait des sujets que bien peu de ses collègues plus nantis que lui abordent : il est de la famille de Paccoud, de Leprest, de Couté, de Pierron et d’autres du même acabit. Un chanteur populaire au sens vrai du terme, qui ne sait rien du populisme.

Bien sûr, cet ancien ouvrier (apprenti mécanicien qui se retrouvera dans un laboratoire photo) eut parfois des salles, de grandes salles même (la Mutualité et la salle Rameau, à Lyon ; le Forest National en Belgique en avril 1980 pour 3000 personnes !…), il enregistra même des disques (une dizaine, de 1978 à 2006, même une compilation), mais c’est le chanteur de rues qui restera ancré dans nos mémoires, quand il y posait son pied de micro et sa sono, ses chansons et son chapeau. Son chant hantera longtemps encore les rues de la Capitale des Gaules : il est pour toujours dans la tête de ses nombreux copains.

« Raconte moi, ce qui fait que l’on s’aime / Dans ce grand monde où tout est violenté / Moi, j’aurais voulu t’écrire un poème / Qui n’en finit jamais de commencer… »

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18 Réponses à Jean-Marc Le Bihan, 1953-2019

  1. Alexandre Chairdange 3 août 2019 à 21 h 53 min

    Ah non ! Je suis triste un poète hors norme la vie nous prend le précieux qu’ont ne peux remplacer le chemin va être long maintenant. Adieu l’ami, à bientôt dans tous nos rêves

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  2. Yannick Vilto 3 août 2019 à 21 h 55 min

    J’adore ce mec. Je me souviens d’un très bel échange que l’on a eu lors de la fête de l’Huma il y a quelques années, et bien sûr ses vinyles et ses cd, avec toujours de magnifiques chansons. C’est vraiment triste…

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  3. Didier Laforest 3 août 2019 à 21 h 56 min

    Infiniment triste, cet homme m’a bouleversé lors notre rencontre a Bourges pour le printemps 82.. un écorché vif avec une immense sensibilité.

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  4. Robert Gomin 3 août 2019 à 21 h 58 min

    Rencontré et écouté longuement à l’Huma. Deux de ses CD trônent dans ma discothèque à côté de Le Forestier.

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  5. JEAN HUMENRY 4 août 2019 à 17 h 40 min

    Et dire que nous nous sommes souvent croisés sur des scènes de hasard!
    Et dire que nous avons partagé les mêmes chambres dans des tournées belges
    Et dire que nous avons souvent polémiqué sur les choix de vie
    Et dire qu’il m’a fait souvent chier en me reprochant ce qui allait bien pour moi.
    Et dire que la rue, la zone, les chaudes bouches d’aération du métro parisien (en 72) nous gardaient jusqu’au petit matin.
    Et dire juste « Merde » salut l’artiste !

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  6. gaudin 4 août 2019 à 20 h 34 min

    je pleure mon ami et frère de lutte

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  7. BRUNO LEROY 4 août 2019 à 21 h 06 min

    Un Homme libre vient de s’envoler loin de nos servitudes. Un artiste chanteur et poète vient de nous quitter pour d’autres chemins. Mon cœur saigne comme une rivière de larmes insurgées. Tant de cons peuplent ce Monde tout empêchant les jeunes de vivre leurs passions. Où est donc la poésie qui nous rendait hardis de marcher hors des sentiers battus ? Il nous faut continuer dans le sillage de Jean-Marc LEBIHAN ! Cultiver notre sens contestataire quel-qu’en soit les conséquences. Il faut inoculer de la poésie pure dans notre regard. Et nous verrons la vie avec toutes ses injustices sociales, humaines. Ainsi, notre Ami poète ne nous quittera jamais. Il laissait de côtés les cons et encore il les aimait quand même sans parfois leur dire. Avec toi pour toujours mon Ami de cœur et de cris. Bruno LEROY.

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  8. Frank Malara 5 août 2019 à 11 h 21 min

    Il était pas assez reconnu par la profession la rue c’était son mode de vie il est passé tardivement dans les festivals je suis heureux de l’avoir croisé et de lui avoir parlé

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  9. Jip REAT 5 août 2019 à 20 h 28 min

    salut l’ami… chapeau l’artiste
    d’un gone de la Guille qui te souhaite plein de rues à réveiller et de badauds à émouvoir
    Jip

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  10. Le Bihan 6 août 2019 à 8 h 34 min

    Adieu mon frère tu va me manqué je repense a toutes nos aventures de jeunesse et dieu sait s’il y en à cela me réconforte nous n’avons pas suivi les mêmes chemins mais frère nous avons su le rester de très loin je t’embrasse et serais près de toi jeudi

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  11. Jm Laffiche 6 août 2019 à 9 h 45 min

    Que de souvenirs de la grande époque du Printemps de Bourges où il arpentait les allées en chantant parfois les pieds dans la… devant la roulotte de l’ami Olivier Fougères d’Animabus !!!
    Ce fut aussi une belle rencontre autour d’un verre avec « Mouna », grand personnage aussi.
    Une partie de ma vie, de notre vie, qui s’envole !!!
    Condoléances à sa famille.

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  12. POMMIER Marc 7 août 2019 à 21 h 19 min

    En novembre 1984, j’arrivais à LYON, pour mon travail, je ne connaissais rien de la ville, ni personne. Jusqu’au jour où rue de la République, en face de la première FNAC, je vis un attroupement important, c’était Jean Marc LEBIHAN que j’allais découvrir, un révolté, un poète, un tendre un libre.

    Les années ont défilé, et j’ai pu l’entendre et le voir des dizaines de fois, dans les petits lieux, mais des plus importants aussi. Je ne peux pas dire que c’était un ami car je ne me suis jamais initié à son grand espace d’amis qu’il côtoyait souvent.

    Mais, j’ai toujours suivi en secret son parcours, ses disques qui restent bien précieux dans ma discothèque. Oui, il va nous manquer !!!

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  13. Rondier 8 août 2019 à 11 h 07 min

    Salut l’artiste….tu nous manques déjà

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  14. Rondier 8 août 2019 à 11 h 15 min

    Je ne peux pas oublier les dimanche aux marché de la Cx Rousse où de ma fenêtre,je t’écoutais chanter….je passerai souvent te voir au nouveau cimetière de la Cx Rousse….. vraiment, très touché de ta disparition…..je t’envoie un signe d’amitié….. salut,Jean Marc

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  15. Max Lejeune 8 août 2019 à 11 h 18 min

    Nous devions nous revoir au festival interceltique helas les vents sont contraires.Jean Marc je te rends hommage sur le site sous la resonnance de la cornemuse.Dans la rue ,les gens ne sont plus pareil. Ta voix ne résonne plus au fond des coeurs, nous voilà tous en pleurs. L’ancre de ta mémoire est aussi à Lorient. Il pleut dommage que ces parapluies ne protège pas mes larmes.Adieu l’ami mes condoléances à ta famille Max

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  16. Oblette Bernard 13 août 2019 à 17 h 13 min

    J’ai eu l’occasion, à Saint-Etienne, de croiser Jean-Marc Le Bihan sur sa scène qu’a été la rue. Je me suis arrêté pour l’écouter et je suis resté jusqu’à la fin de ce concert. J’ai un peu discuté avec cet immense artiste dans lequel modestement je me suis retrouvé à travers ces idées et ces textes . Je lui ai acheté 2 disques que j’écoute très souvent. Il fait partie de ces plus grands (même si le monde du show biz l’a ignoré….. ou plutôt c’est peut-être lui qui ne s’y retrouvait pas) qui, même s’ils ne sont plus là physiquement existeront toujours à travers nous. Faisons-le découvrir à ceux qui ne le connaissent pas. Nous lui devons ça.

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  17. Michel Davesnes 7 avril 2020 à 4 h 55 min

    J’apprends sa mort seulement maintenant. Elle n’a sans doute guère été annoncée dans les gazettes nationales. Une anecdote me revient à l’esprit. J’ai découvert Le Bihan indirectement, grâce à Aguigui Mouna, dans les années 80, au Festival d’Avignon. Cet autre bateleur des rues, juché dans un arbre, haranguait les gens et vendait sa feuille de chou « Le Mouna frères ». Au milieu de ses imprécations pacifistes et antinucléaires, l’ancien candidat à la présidentielle de 74 (eh oui, à l’époque un clodo pouvait se présenter à la présidentielle) s’en prend tout à coup à Le Bihan, présent lui aussi à Avignon. Puriste comme pas deux, limite sectaire, Mouna accuse le chanteur de s’être embourgeoisé et d’avoir dormi à l’hôtel. Moi, ça m’avait fait plutôt marrer et donné envie de découvrir Le Bihan. Ce n’ai que bien plus tard que j’ai eu l’occasion de découvrir cet artiste des rues.

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  18. Maître Christine 21 février 2022 à 23 h 27 min

    Je trie mes disques vinyles ; outre « Entre l’espoir et la détresse », je retrouve le petit livre blanc « Y a quand même des enfants qui s’aiment », et je me dis : « Tiens, je vais regarder sur Internet s’il y a quelque chose sur Jean-Marc…Est-ce qu’il a continué à chanter ? Qu’est-il devenu ? ». J’apprends qu’il est décédé en 2019… Et je vois que peu de temps avant sa mort, il « gueulait » encore sa révolte et sa sensibilité grandiose, comme quand j’étais étudiante à Lyon (1977 à 1982) et que je loupais mes cours pour aller l’écouter sur la Place Bellecour ou à Saint-Jean… Comme je l’ai aimé ! Et comme je l’aime encore ! Il est l’une des plus belles rencontres de ma vie.

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