CMS

Ne dites pas à ma mère que je fais de la chanson, elle me croit dans la pop !

Le palmarès du Mans Cité Chanson, en 2009, avec (de gauche à droite) Flow, Julie et le vélo qui pleure, Yoanna et Noof. A cette époque, on parlait de "chanson", pas de "pop".

Le palmarès du Mans Cité Chanson, en 2009, avec (de gauche à droite) Flow, Julie et le vélo qui pleure, Yoanna et Noof. A cette époque, on parlait de « chanson », pas de « pop » (photo Ouest-France)

Ça s’est longtemps appelé Le Mans Cité Chanson. Ce n’est pas que la chanson soit passée de mode, mais le terme « chanson » est de partout honni, caché, tu. Pas par le public, je vous rassure. Mais par les organisateurs, programmateurs et journalistes : il est désormais de bon ton chez eux d’en bannir le terme. Alors ça se nomme désormais Le Mans Pop Festival, « sous une forme qui se veut résolument jeune, dynamique, aux accents percutants et encore plus proche de son public ». Convenons par l’absurde que « pop » ça fait mieux. Même si, que voulez-vous, à voir les artistes de ce festival (Kent, Bonbon Vodou, même Grand Corps malade), on y trouve beaucoup d’artistes de chanson. Où est la pop ?

Même le tremplin de ce festival, 24e du nom, s’est débarrassé du terme « chanson ». Désormais, il faut dire « Tremplin francophone » (en lieu et place de Tremplin de la chanson francophone), ce qui ne veut plus rien dire. Là encore, les concurrents ne font pourtant pas autre chose que de la chanson : Lucarne, Jules Nectar, Marengaux, Bel Air, Ju, Tiou, Melba, Margot Cavalier, K !, Intérieur nuit.

« Pop », comme d’ailleurs « folk », est un terme devenu fourre-tout, qui ne peut rien traduire, ni du contenu ni de la culture dont il s’inspire. Mais c’est qu’on a trouvé pour faire disparaître le mot « chanson ».

La Coopérative de mai, à Clermond-Ferrand (DR)

La Coopérative de mai, à Clermont-Ferrand (DR)

Car il est entendu que la chanson française est morte. Puisque tout le monde le dit. Même si tout prouve le contraire (et ce n’est pas nous, à NosEnchanteurs, dont la boite aux lettres est chaque jour pleine de disques non de pop mais de chanson, qui dirons le contraire). Tenez, voici comment La Coopérative de mai, grosse salle très « musiques actuelles » de Clermont-Ferrand, présente Gauvain Sers, qu’elle accueille bientôt : « Le genre avait disparu. Cette chanson française si particulière que l’on aimait tant, à la fois tendre et engagée, semblait s’être éteinte. L’héritier de Georges Brassens, Jean Ferrat et Renaud, pourtant lui toujours vivant, était introuvable. Quand soudain (roulement de tambours ou “tatatinnn” comme dirait ce même Renaud) déboule Gauvain Sers. » Les cons ! Comme si la chanson n’existait plus… Dites, on leur parle à ceux-là de Manu Galure, Frédéric Bobin, Yoanna, Oldelaf, Alysce, Léopoldine HH, Rémo Gary, Flow, Lise Martin, Chouf, Lucas Rocher, Sandrine Cabadi, Marion Rouxin, Tony Melvil, Pierrick Vivarès, Nico*, Agnès Bihl, Thomas Pitiot, Garance, Clio, Eskelina, Jeanne et Liz Cherhal, Delphine Coutant, Stéphane Zelten, Karimouche, Mèche, Camel Arioui, Buridane, Laurent Berger, Balmino, Carmen Maria Vega, Coline Malice et des centaines d’autres ? Quand on vit terré dans ses certitudes, quand on ne daigne même pas écouter ce qui se fait, ce qui se chante (ce qui est un comble pour un programmateur, fut-il de SMAC), alors on change de métier. A minima on s’abstient d’écrire de telles pitoyables âneries. La preuve que la chanson intéresse encore et toujours le public : il a suffit qu’on propose Gauvain Sers au public par le truchement des grands médias pour qu’immédiatement ce chanteur soit largement adopté. On le fait quand avec d’autres chanteurs ? Ceux que la Coopérative de mai dédaigne actuellement mais qu’elle signera dès qu’ils auront du succès.

Frédéric Bobin un jour ? Nous apprenons que Bobin fera, le jeudi 22 mars 2018, la première partie de Gauvain Sers à l’Olympia. Sers, désormais entré dans le showbiz, qui, à la manière d’un cheval de Troie, tente d’y faire entrer cette chanson (chanson, non pas pop) qui est sa famille.

 

En vidéo, Marengeaux et Margot Cavalier, deux des candidats du tremplin francophone Le Mans Pop Festival : Image de prévisualisation YouTube

Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Ne dites pas à ma mère que je fais de la chanson, elle me croit dans la pop !

  1. Pierre Pauzin Piotki 19 mars 2018 à 19 h 59 min

    (commentaire publié sur facebook)

    Je ne peux qu’être d’accord avec vous sur toute la ligne. Derrière Gauvain, découvert sur internet il y a 4 5 ans peut-être si ce n’est plus, et c’est très bien qu’il soit ainsi mis en lumière et adopté si rapidement par le public, se cache tellement mais tellement d’artistes « chanson » dont je fais partie, écrivant en français avec tendresse, et humour des situations plutôt réalistes et autres portraits. Rien qu’à Lyon où j’ai commencé depuis 4 ans, nous sommes nombreux et talentueux, variés aussi ! J’ose espérer que l’engouement des médias pour Gauvain fera boule de neige pour d’autres artistes de la même famille, que c’est une lueur d’espoir. Ça, je n’en sais rien. Ravi de voir que l’ami Fred Bobin par exemple dont je me sens proche, ainsi fasse l’Olympia, certes seulement en 1e partie. Merci Nos Enchanteurs, vous avez encore vu juste.

    Répondre

Répondre à Pierre Pauzin Piotki Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives