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Stavelot 2018. Mathias Bressan : allons enfants de la batterie !

Mathias Bressan à Stavelot (photos Jonathan Margrève)

Mathias Bressan à Stavelot (photos Jonathan Margrève)

Stavelot, « Une chanson peut en cacher une autre », 20 octobre 2018,

 

Pour un peu, il ferait peur, Mathias Bressan. C’est que ses avant-bras tatoués, ses bagouzes et son tee-shirt donnent au Bruxellois une tout autre image que celle qui orne son CD, où son pantalon de velours et son petit gilet le feraient presque passer pour un employé-comptable modèle. Certes, à y regarder de plus près, son physique de nounours rondouillard et le sourire éclatant qu’il affiche nous rassurent. Momentanément du moins. Car l’homme a beau être avenant, son univers musical se révèle des plus anxiogènes.

LE DISQUE Sorti en Belgique depuis février 2018, le 2ème album de Mathias Bressan débarque en France fin novembre. Assez justement nommé L’Imprévu, le CD est aventureux à souhait, n’hésitant pas à mêler chansons à la ligne claire et dépouillée et titres d’électro-rock. On pourra toutefois lui reprocher d’être surproduit, la surcharge d’instruments – en particulier des chœurs féminins à tendance lyriques, qui parasitent l’écoute plus qu’ils ne la favorisent – et les effets vocaux ne permettant pas toujours à la mélodie de se dégager efficacement. Trop is te veel, comme on dit par chez nous. Mathias Bressan, L’imprévu, Igloorecords, 2018

LE DISQUE
Sorti en Belgique depuis février 2018, le 2ème album de Mathias Bressan débarque en France fin novembre. Assez justement nommé L’Imprévu, le CD est aventureux à souhait, n’hésitant pas à mêler chansons à la ligne claire et dépouillée et titres d’électro-rock. On pourra toutefois lui reprocher d’être surproduit, la surcharge d’instruments – en particulier des chœurs féminins à tendance lyriques, qui parasitent l’écoute plus qu’ils ne la favorisent – et les effets vocaux ne permettant pas toujours à la mélodie de se dégager efficacement. Trop is te veel, comme on dit par chez nous.
Mathias Bressan, L’imprévu, Igloorecords, 2018

Entouré de deux guitaristes (Ivan Tirtiaux et Gil Mortio, qui accompagnaient déjà Claude Semal la veille), campé derrière sa batterie mise à l’avant-scène, il débute sur les chapeaux de roue avec une chanson d’amour triste (Seras-tu là encore / Avant que je me couche / Avant que je me touche / En pensant à ton corps). Le rythme est enlevé, le chanteur martèle ses mots autant que ses peaux, les deux comparses assurent la rythmique. C’est rock et c’est bon.

Le concert se poursuivra sur cette belle lancée. Quittant parfois sa batterie pour s’armer d’une guitare, se renforçant à l’occasion des deux synthés-boîtes à rythme, Mathias Bressan maîtrise son affaire et s’y entend pour faire monter la pression. Cela désarçonne bien quelques personnes du public, plutôt férues de chanson française « à l’ancienne », mais pour peu que l’on accepte de s’abandonner, le voyage est envoûtant. La majorité des titres de son nouvel album y passe. On savoure une Bière allumeuse, on fait face à L’imprévu… La tension monte d’un cran avec Ce qui m’émeut, mélopée allant crescendo jusqu’à la transe, suivi d’un Assassin du 8 (extrait de son 1er disque) sec comme une trique, auquel succède un angoissant Rue du Silence. A ce degré d’adrénaline, il est bon de redescendre quelque peu avec deux morceaux plus calmes (Des oiseaux sur la ville et La fille venue du Nord), pour mieux éclater dans un oppressant final tout en batterie martiale et guitares discordantes, Bleu et mon cœur. Le spectateur est K.O., la partie est gagnée.

MAIS ENCORE En deuxième partie de la soirée, les frères Volo sont venus donner dans nos Ardennes le 2ème concert belge de leur carrière. A NosEnchanteurs, nous n’aimons guère dégommer les artistes (sauf le rédac-chef quand ses hémorroïdes le font souffrir !) et préférons nous étendre sur ce qui nous a plu plutôt que de tartiner sur ce qui n’a pas eu l’heur de faire frissonner nos oreilles. Nous revendiquons le droit à la subjectivité, pour peu qu’elle s’exprime avec cœur et honnêteté. Il a déjà été question de Volo à plusieurs reprises dans notre journal. Je vous renvoie donc à ce qui a été dit de leurs prestations à Venelles en 2016 et à Barjac en 2017. Bien que les frangins entament une nouvelle tournée (Stavelot était le 3ème concert de celle-ci), la formule reste la même (Alexis Campet a cependant remplacé Hugo Barbet à l’accompagnement), ainsi que le répertoire dans les grandes lignes. Mes honorés collègues ont souligné l’écriture fine, la sincérité et l’engagement du groupe. Je dirai pour ma part, tout en reconnaissant un savoir-faire indéniable, avoir surtout ressenti un ennui certain à l’écoute de ces tranches de vie où chacun peut se reconnaître (la vente de la maison d’enfance, la femme, le mari et l’amant, la crise de la quarantaine, les chansons du père à sa fille qui grandit…). Musicalement, nous sommes à mi-chemin entre Cabrel et Boulevard des Airs. Scéniquement, il ne se passe pas grand-chose, chacun restant derrière son pied de micro, avec quelques échanges d’instruments entre les chansons. Tout cela manque cruellement de nerf et d’humour incisif (mis à part la très drôle C’est pas tout ça). Difficile équilibre à trouver entre tendresse et guimauve, révolte et bonne conscience, amour et mièvrerie. Pourtant, j’aurais adoré aimer…

MAIS ENCORE
En deuxième partie de la soirée, les frères Volo sont venus donner dans nos Ardennes le 2ème concert belge de leur carrière.
A NosEnchanteurs, nous n’aimons guère dégommer les artistes (sauf le rédac’chef quand ses hémorroïdes le font souffrir !) et préférons nous étendre sur ce qui nous a plu plutôt que de tartiner sur ce qui n’a pas eu l’heur de faire frissonner nos oreilles. Nous revendiquons le droit à la subjectivité, pour peu qu’elle s’exprime avec cœur et honnêteté. Il a déjà été question de Volo à plusieurs reprises dans notre journal. Je vous renvoie donc à ce qui a été dit de leurs prestations à Venelles en 2016 et à Barjac en 2017. Bien que les frangins entament une nouvelle tournée (Stavelot était le 3ème concert de celle-ci), la formule reste la même (Alexis Campet a cependant remplacé Hugo Barbet à l’accompagnement), ainsi que le répertoire dans les grandes lignes.
Mes honorés collègues ont souligné l’écriture fine, la sincérité et l’engagement du groupe. Je dirai pour ma part, tout en reconnaissant un savoir-faire indéniable, avoir surtout ressenti un ennui certain à l’écoute de ces tranches de vie où chacun peut se reconnaître (la vente de la maison d’enfance, la femme, le mari et l’amant, la crise de la quarantaine, les chansons du père à sa fille qui grandit…). Musicalement, nous sommes à mi-chemin entre Cabrel et Boulevard des Airs. Scéniquement, il ne se passe pas grand-chose, chacun restant derrière son pied de micro, avec quelques échanges d’instruments entre les chansons. Tout cela manque cruellement de nerf et d’humour incisif (mis à part la très drôle C’est pas tout ça). Difficile équilibre à trouver entre tendresse et guimauve, révolte et bonne conscience, amour et mièvrerie.
Pourtant, j’aurais adoré aimer…

Mathias Bressan reviendra calmer le jeu, seul à la guitare, avec une reprise de Julos Beaucarne (poème de Baudelaire), suivie de sa version traduite en français du célèbre Everybody knows (« Tout le monde le sait ») de Léonard Cohen. Sur un son vintage de synthé pourrave viendra encore Un peu d’amour et à tout de suite, avant qu’il ne nous quitte sur sa chanson nostalgique évoquant la station balnéaire de son enfance, Blankenberge.

Avouons-le, nous avions quelques appréhensions à l’entame du concert. Craintes nées de l’écoute du CD (voir encadré ci-dessus). Le tir est rectifié en concert et c’est une belle pépite que la scène belge nous offre là. Du rock ambitieux et sans fioritures inutiles, mêlé de chanson française, qui ne cherche pas la facilité et ne craint pas de susciter le malaise par ses rythmiques lancinantes. Une très belle découverte. Faites passer le message.

 

 

Le site de Mathias Bressan, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. En concert le 22 novembre 2018 au Studio de l’Ermitage, à Paris, en co-plateau avec Sacha Toorop, dans le cadre des 40 ans d’Igloo Records.

Le site de Volo, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.

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