CMS

Léopoldine HH : étreignez la lumière

Léopoldine HH (photo Vincent Capraro)

Léopoldine HH (photo Vincent Capraro)


C’est en 2017 que nous avons découvert l’Alsacienne Léopoldine HH, avec son premier CD Blumen Im Topf et à l’occasion de sa brillante victoire au Prix Moustaki, où elle avait cumulé le Prix du Jury et celui du Public. Nous avions alors pu apprécier la personnalité hors normes qui se dégageait de l’opus un peu foutraque.

Voici à présent que nous arrive son nouveau disque, lui aussi accompagné d’un spectacle, déjà chroniqué par NosEnchanteurs dès sa deuxième représentation (plus rapide sur la balle, y’a pas !). Son titre ? Là, lumière particulière. Signe distinctif ? Entièrement écrit et composé, non par l’artiste, comme on aurait pu s’y attendre, mais par le dramaturge-metteur en scène Gildas Milin. Un disque de pure interprète, donc. Denrée rare à notre époque, mais pas forcément étonnant de la part de la comédienne qu’est aussi Léopoldine Hummel.

Rassurons les fans de la première heure : Léopoldine ne n’est pas assagie. Son disque, comme le précédent, court de multiples lièvres, au risque de déconcerter l’auditeur. La musique psychédélico-planante y domine, sans s’interdire des incursions vers le rock à l’ancienne (Non), les percussions (Ma capacité), le texte déclamé sur fond musical (Je t’ai vu)… Le tout s’achevant sur un gloubi-boulga sonore (Bonsoir le photon), que seuls les plus courageux écouteront jusqu’au bout. Nul doute toutefois que le liant de la scène permettra de mieux appréhender cette suite de chansons manquant d’un autre fil conducteur que la singularité de la chanteuse. Dont le chant, qu’elle maîtrise à merveille, s’est considérablement adouci, ne laissant plus guère de place aux envolées puissantes et réjouissantes, a priori incompatibles avec les accents dominants d’électro-pop façon 80’s.

la lumiere particuliere HHLa nature explosive de l’artiste ne transparaît guère des textes. Léopoldine HH a davantage choisi ici de nous montrer sa part de fragilité et sa soif d’absolu. Comme une lumière particulière dans le noir. Des paroles éthérées pour nous dire la vulnérabilité (Rien ne t’appartient), le désir d’ailleurs (Psychotropique), la recherche de soi (Respire, Ce que tu cherches), la disparition et le deuil (Où vont les sons)… Une quête personnelle, qui vise tant à se définir qu’à s’offrir à l’autre, en toute liberté, en toute générosité. De la poésie pour rejeter le pessimisme (Je dis non à la négation / Mais je dis oui à la fantaisie) et exprimer sa foi dans l’amour absolu (Tout ce qu’il nous reste / Un cosmic kiss), dans le partage par l’entremise de l’art (Et je chante et je ne m’appartiens plus / Je te fais le don de moi).

Là, lumière particulière est inégal, mais entier. Sa concession à l’électro-pop à la mode, en rupture du style cabaret adopté précédemment, n’en a pourtant pas fait un objet interchangeable. C’est l’œuvre d’une artiste déterminée à tracer sa route, qui recherche l’amour des autres sans pour autant céder aux sirènes du succès facile. Pas forcément facile à suivre, mais à coup sûr passionnant.
Pol de GROEVE

 

Léopoldine HH, Là, lumière particulière, Hé ouais Mec productions/Modulor, 2021. Le site de Léopoldine HH, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

« Psychotropique » : Image de prévisualisation YouTube

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives