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Des Fourmis dans les mains : feux de tout bois

Des fourmis dans les mains

Des fourmis dans les mains

De bien plus doctes et docteurs que moi, pour évoquer des fourmis dans les mains, parleront de paresthésie. Bien moins savant je parlerais paradoxalement d’agréables picotements au creux de l’oreille, petits bonheurs à plus d’un titre (là, il y en a douze), renouvelés à chaque écoute, magnifiés même. Entendons-nous bien, je vous parle du groupe Des fourmis dans les mains : en bons amateurs de (bonne) chanson, vous aviez compris. Nouvel album donc, Un grand feu, pour le groupe formé autour de Laurent Fellot, son cinquième pour être précis (le premier remonte à 2006). Un groupe majoritairement féminin lorsqu’il se produit en sextet, uniquement masculin quand il est en trio.

On a souvent parlé d’artisans à propos d’artistes non formatés par et pour le commerce. Mais comment trouver mot plus juste pour parler de Laurent Fellot, paysan de racine et musicien autodidacte, qui a même mis vingt ans pour fabriquer sa contrebasse à tête d’oiseau : il faut bien plus de temps pour faire sécher le bois de lutherie que de pondre un prétendu tube chez les majors. C’est dire si le chant de Des fourmis dans les mains ne vient pas d’une manufacture, qu’il emprunte d’autres chemins, qu’il est chargé de sens et de fraternité. Il est un joli véhicule d’émotions, de rencontres et de discussions. Et aime à faire tomber les frontières musicales, un peu comme de son côté Lo’Jo : comparaison là vaut raison. Tant qu’on ne peut fixer ces Fourmis dans une culture particulière si ce n’était l’importance accordée aux textes, à la qualité et à l’exigence de l’écriture… ça fait d’ailleurs de copieuses paroles. UN GRAND FEU_cover_frontSi pour vous la chanson n’est que du son, fuyez ! Si par contre vous la voyez comme un facteur d’idées, de vécus, de propositions, de restitutions, alors écoutez ces vers que dansent et scandent ces musiques plurielles qui suggèrent l’universalité. Pas de fumeux discours, mais des tranches de vies associées à des lieux, des peuples : « Tu m’emmèneras chanter les feuilles mortes à Bakou ? / Tu m’emmèneras crier sur le pont Charles de Prague ? / Tu m’emmèneras me coucher dans l’eau de Bratislava ? Et me couvrir de soleil à Canberra… » C’est une chanson voyageuse, porté par un artiste dont parfois le timbre de voix frôle Ferré. Une voix chaude, assurée, celle d’un conteur qui vous narre ses voyages, vous associe à ses innombrables, ses incroyables récits. C’est jadis les conteurs autour d’un grand feu : on retrouve à l’écoute de ce disque ce rituel d’autrefois et ce n’est pas rien, subjugués que nous sommes par le parlé chanté de Laurent Fellot, par violons et violoncelle, basse et contrebasse, guitarcelle et percussions, parfois trompette. Et par ces chœurs qui plus loin encore prolongent ce chant étonnant, qui ajoutent à ce grand feu de multiples étincelles.

 

Des fourmis dans les mains, Un grand feu, Label Folie/Inouïe distribution 2019. Le site de Des fourmis dans les mains, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.

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Une réponse à Des Fourmis dans les mains : feux de tout bois

  1. Catherine Laugier 25 mars 2019 à 20 h 03 min

    Il y a ce drôle de bonhomme aux yeux clairs magnétiques, Laurent Fellot. Un troubadour venu du fond des temps. Les fourmis dans les mains font la jonction entre cette musique immémorielle et des sons plus contemporains.

    Leurs thèmes aussi sont éternels, quand on écoute Les étoiles, on pense immédiatement à Jean Giono, à Regain. C’est l’histoire universelle, une terre, un homme, une femme, un feu. Et un ventre qui s’arrondit à la fin, et tout repart.
    D’aucuns pourrait trouver ça bien traditionnel, entre les fleurs, les indiens, et le grand chaman dont la voix vibre et incante. Pourtant peut-être notre seule chance d’avenir, dans ce monde qui se délite, que de se reconnecter à la nature oubliée…

    La première vidéo dévoilée est produite par Les arts buissonniers, tout un programme. Installez-vous devant, écoutez « Comme il vous plaît » ! C’est sa vie, son projet de vie, dont il nous parle, là encore, le seul avenir qui nous reste, peut-être. Une de ses chansons écrites chez soi à Rivolet.

    Il faut se laisser prendre au souffle de vie, au tourbillon de la terre qui tourne malgré toutes nos incohérences. Être l’indien de son fils. Allumer le feu, boire l’eau des rivières et de tes larmes, retourner à la mer, retourner à la Terre-Mère.

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