CMS

Govrache : des murmures et des cris

Govrache au Printival (photo Thierry Margot)

Govrache au Printival (photo Thierry Margot)

Il se murmure dans le milieu de la chanson que Govrache est le chanteur qu’il faut aller voir.

Il se murmure que son cri est comme un oriflamme, l’étendard d’une chanson dont le verbe est l’origine et dont l’engagement est la raison.

Il se murmure que cette chanson qui est une mélopée, un slam, un flot vous emporte par son florilège de mots.

Il se murmure tout cela et je vous le dis, je vous le crie, cela est vrai.

D’ailleurs l’Académie Charles-Cros ne s’y est pas trompé en décernant à Govrache un de ses coups de cœur, de même nous le verrons cet été au festival off d’Avignon au Théâtre de l’Arrache-cœur dans le dispositif Talents Adami du 5 au 28 juillet à 19 heures.

J’ai parfois pensé avec d’autres que la poésie est un art qui a connu son heure de gloire au 19ème et au début du 20ème siècle, qu’Aragon et Prévert en étaient peut-être les derniers représentants. Et bien, je vous le dis, je me suis bien planté : que tout ceux qui pensent encore cela aillent voir Govrache dans son spectacle Des murmures et des cris. C’est une évidence, en laissant la chanson proprement dite de côté pour se consacrer au slam, Govrache est sorti de sa chrysalide. Et tout comme « son abeille qui résiste à Monsanto », ce papillon de la rue n’a pas fini de nous remplir le cœur et les oreilles de sa plume. L’homme sait tout autant se faire tendre par ses murmures (Mon Dieu à moi, Ma femme, Après l’hiver…) que coups de poings avec ses cris (L’homme trottoir, Trader, Compagnie Républicaine… de Sécurité ?). Il n’aime pas le monde comme il est. Il vilipende les « politiques qui ont toujours la crise à la bouche et le scandale au cul ». S’il peut se montrer acerbe, ce poète de la rue nous surprend à chaque moment. A chaque coin de vers, c’est une nouvelle image que Govrache nous fait vivre, et cela s’enchaîne sur un rythme effréné et jouissif. S’il a « des trous au fond des proches » son paletot de mots est comme un idéal et, quand il cite Rimbaud dans Le dormeur du râle, on se marre franchement avec une petite pensée de souvenirs acides pour certains : « C’est un trou de verdure… C’est un trou de mémoire dont je me souviens encore… C’est la poésie qui me violera et pas l’inverse / Et si tu sais toucher mon âme, c’est parce que ce sera le bon moment ».

C’est en effet le bon moment pour cet artiste dont la poésie est organique et qui nous prouve que la beauté existe encore. Mais à force de parler de ses mots, on en oublie que Govrache est magnifiquement accompagné par Antoine Delprat aux claviers, Adrien Daoud à la contrebasse et Guillaume Sené aux machines. La musique est sobre et efficace, de l’ambiance planante aux rythmes rap, elle soutient toujours le texte. Le répertoire se finit par Le bout de la table allégorie superbe du temps qui passe dont le clip présente Govrache sur le net.

Avant de vous laisser, chers lecteurs, un extrait de Ma femme à apprendre et à susurrer chaque matin à la dame de ses pensées dans la chaleur de l’oreiller : « C’est difficile d’écrire sur elle / Elle mérite mieux qu’un simple slam / Mes mots décrivent une étincelle / Quand mon cœur veut parler d’une flamme / Même mon stylo, il est en stress / Chaque mot lui semble disgracieux / Parce que ma femme, c’est pas une princesse / C’est comme une fée, mais en mieux… »

 

Le site de Govrache, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

7 Réponses à Govrache : des murmures et des cris

  1. Anny-Claude Durbet 26 avril 2019 à 13 h 56 min

    Comme tout cela est bien dit
    Govrache c’est une belle personne
    A voir ou à découvrir d’urgence

    Répondre
  2. Laurence Saulnier 26 avril 2019 à 13 h 59 min

    Quel bel article ! Il le mérite… Superbe poète, slameur, écrivain… et de plus il est rempli humilité… à découvrir absolument et à écouter sans modération !

    Répondre
  3. Odile Fasy 26 avril 2019 à 19 h 02 min

    Oui, des textes magnifiques qui vous touchent.
    Vous avez raison Bruno, nous avons encore des poètes à découvrir.
    Merci pour votre bel article.

    Répondre
  4. Jacqueline Kucklick 27 avril 2019 à 13 h 45 min

    Quel magnifique article. La chrysalide est bel et bien en train de devenir papillon, pour notre plus grand bonheur ❤️

    Répondre
  5. Roselyne Riviere 27 avril 2019 à 13 h 47 min

    Ah la la… Je sens bien la reconnaissance ultime arriver à grands pas… Quel talent, quel poète.. Et quelle belle personne, mais bon souvent ça fait un tout !…. Normal on ne peut s’exprimer aussi sincèrement qu’avec ce qu’on ressent au fond de soi… Merci David

    Répondre
  6. Francine Aymard 29 avril 2019 à 10 h 28 min

    David, c’est tout cela, des murmures et des cris, toujours justes, la poésie à l’état pur. Il sait nous toucher, nous faire vibrer. Une bien belle personne…

    Répondre
  7. Marie Rose Rigout 2 mai 2019 à 22 h 18 min

    bel article pour un BEL ARTISTE ,j’aime,à bientôt en Creuse pour l l’ASCENSION ….

    Répondre

Répondre à Odile Fasy Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives