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Jean Sébastien Bressy, à la claire fontaine nous reviendrons l’entendre

Jean-Sébastien Bressy capture d'écran

Jean-Sébastien Bressy capture d’écran

La cave aux artistes, Le Hublot Aix en Provence , 22 mars 2019

Quand le jeune quarantenaire originaire de Pernes–les-Fontaines se présente à nous, avec un Bienvenue chez moi, c’est ce joli et léger accent provençal, avec ce sourire et une allure naturelle, qui vous le rendent immédiatement sympathique. Son pays lui a inspiré des chansons mélodiques, dans la lignée de la chanson éternelle. On y parle de fontaines, de rengaines, de bons enfants et de grands chênes, de paysages aimés, d’oliviers centenaires « ma sève était pour la lampe, mon corps sera pour le feu » et de grands parents toujours présents au souvenir. La fontaine, récompensée en 2005 du prix « Chanson de ma ville » à Gien, l’encouragea à rajouter ses talents de plume à ceux de musicien et de compositeur, avec d’autres récompenses comme le Prix du public du Festival Bernard Dimey. Baignant depuis l’enfance dans un environnement musical, guitariste, organiste, c’est d’abord un pianiste virtuose qui accompagne de nombreux artistes, et notamment Allain Leprest. Bien connu des Festivals méditerranéens comme franciliens, il a autoproduit quelque cinq albums dont un enregistré en concert à Avignon. Très vite il nous l’expliquera : « J’écris pour ceux qui vagabondent / Le cerveau plein de cerfs-volants /  (…) Ceux qui se trouvent en se perdant. Sans doute pour ce personnage si attachant: « Il avance d’un  pas étrange / Avec un sourire très doux / Qui lui confère un regard d’ange / Le fou ». Celui qui a gardé son âme d’enfant.
Jean Sé ne chante ni pour passer le temps, ni pour suivre les modes. Les poètes, Nerval, Rimbaud, ou Dimey, et les musiciens, Mozart, Chopin ou Beethoven – auquel il dédie Ludwig, occasion de superbes Apassionata et Clair de lune : « Viens nous servir des caramels / Gorgés de tendresse et de fiel / Comme des chants en mal d’aurore » – sont ses pères ; et les jazzmen sont ses cousins. Brel, Ferrat, Ferré, Brassens, Leprest, ses références, qu’il chante lors de conférences chantées sans les imiter.

Les amours sous tous leurs aspects sont évidemment sujet de prédilection : Au bord de la Nesque le fil de soie de La pêcheuse à la mouche est prétexte à des liens amoureux. La langue peut faire penser à celle de Brassens, avec ses mots d’antan, la flèche de Cupidon et l’idylle aquatique « Et je trempe ma plume à l’encre du ruisseau ». D’ailleurs ses mots coulent avec autant de facilité que ses notes, qui nous font une petite citation de la truite de Schubert.
Sachant délivrer le plus beau des messages dans un monde calculateur et froid : « Danse, danse mon amour / Prend ce monde à rebours / Envahis l’espace / De rêve et de grâce ».
Quand il ne fait pas une époustouflante improvisation jazz pour déclarer son amour à [s]on vieux piano : « Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre / Que serais-je sans toi qu’un corps aux doigts dormants ». Cet instrument qui, nous avoue-t-il, lui sert, pareil à Cyrano, d’interprète auprès des femmes pour les séduire.

Même s’il ne croit pas en Dieu, il aimerait bien qu’il existe, on le voit à l’évocation de ses souvenirs d’enfance, à cette chanson ancienne Ce serait bien que tu existes, à ce pamphlet révolté et impertinent Si Dieu existe « Il en a honte (…) Il vous emmerde » très Leprestien, époque Galliano.
Sa plume se fait acérée pour critiquer notre monde usé : « Ici c’est l’homme qui abdique, le règne de l’ordinateur / Paysans, bergers ou comanches, les indiens prendront leur revanche », nostalgique pour évoquer l’enfance Derrière moi.
Ce qui n’empêche pas des chansons plus légères, comme celle de La remplaçante du médecin dont éperdument amoureux, il « lisai[t] [l]es ordonnances les longues soirées d’hiver », celle des machos impénitents, niais et violents: « Quittez les donc mesdemoiselles (…) Et sachez que je vous attends ! », ou la satire de personnes moins dangereuses mais tout aussi…Silly Conne Woman.

Une salle enchantée reprendra le refrain si attendu « Tout ce qu’il nous reste à faire / C’est  partager des chansons ». Jean Sé pourrait être défini comme un chanteur de charme, si le terme n’était pas devenu péjoratif. Surtout un artiste complet qui part sous les applaudissements enthousiastes non sans avoir lancé une dernière Bouteille à la mer. Gageons qu’elle lui reviendra…

Le site de Jean Sébastien Bressy c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.

 

Avant le concert de JeanSé nous avons eu la chance d’une scène ouverte de qualité supérieure, avec notamment de belles reprises audacieuses telle La petite fille qui vend de la lingerie féminine, de Tachan, par Corinne, ou Les mots, de Renaud, par Evelyne. Puis le plus jeune de nos artistes, Jean Jacques Boitard, quatre-vingts ans aux fraises et son Cartable roi de la rentrée, et deux belles chansons mélancoliques de Martine Scozzesi, marraine de la cave (C’est elle qui en avait fait l’ouverture).

J’écris
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Si Dieu existe
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Tout ce qu’il nous reste à faire
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Martine Scozzesi L’escampette
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2 Réponses à Jean Sébastien Bressy, à la claire fontaine nous reviendrons l’entendre

  1. daumas richard 5 mai 2019 à 17 h 49 min

    C’est vrai, jean Sébastien Bressy est certainement un des chefs de file de la nouvelle chanson française avec Manu Galure. Deux êtres d’exception dans la musique et la chanson française. C’est toujours un régal de le recevoir à la cave aux artistes.
    Merci catherine pour ce bel article.

    Répondre
  2. Cerbelaud 12 mai 2019 à 14 h 10 min

    Je l’ai découvert le 1er mars dernier accompagnant brillamment Jean-Marc Dermesropian dans son révital  » Aragon » et tout récemment à Vaison la Romaine au festival Brassens dans sa palette auteur-compositeur-interprète qui m’a tout autant séduit!
    Un bel artiste en devenir!

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