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Denez Prigent, chants de gwerz et musiques en fusion

Denez (photo  © Emmanuel Pain)

Denez (photo © Emmanuel Pain)

« En avel a-benn ni ‘ziwano / Ni a gresko, ni a zesko / En avel a-benn ni a c’hlazo / Ni a vrousto, ni a vleunio [Dans le vent contraire / Nous germerons / Nous grandirons / Nous apprendrons / Dans le vent contraire / Nous verdirons / Nous bourgeonnerons / Nous fleurirons] ». Bien sûr, c’est chanté en breton ; pardi, Denez l’est. Grand bien fasse à nos oreilles, ça nous changera des indigestes yaourts made-in-à-la-manière-des-grands-bretons et de certaines (de beaucoup) vedettes françaises sans voix, sans rien si ce n’est une curieuse complaisance médiatique.

Denez Prigent (notez qu’il ne signe désormais que « Denez »), vous le savez, n’en est pas à son coup d’essai. Il est même devenu un maître, une absolue référence en son art, ses gwerz, récits d’apparence et de facture traditionnelles, par lui traversés de préoccupations et d’angoisses actuelles. Pas confiné dans un statut folklorisant, un trad pur et dur, non. Lui même maille son art et sa pratique avec autrui, au gré des vents, des sons, des airs qui lui parviennent (étonnant, ce jazz techno dans Pennoù kelc’hiet), ces machines dans ce qu’il nous semble être une marche trad’ sur le titre suivant)… Et fait duos qui avec Oxmo Puccino (dans une séduisante métamorphose : « Je vous pose cette vaste colle / Cette vie est une valse folle / Tournoyer jusqu’à l’ivresse ! »), Yann Tiersen et la merveilleuse chanteuse de country Aziliz Manrow.

OK denez-cover21Les machines, claviers et scratch, les ondes Martenot croisent la bombarde, le dubuk, le uilleann pipe, le bugle, les violons et violoncelle, l’accordéon, le piano, les voix… Union, fusion, les genres s’additionnent, se fécondent, jamais ne se rejettent, même l’électro et le fest-noz. Même le tango C’hwernoni (Amertume). Même et surtout ce En avel a-benn (Dans le vent contraire), chanson superbe en hommage aux peuples opprimés, où Denez est accompagné d’un bagad. Quatorze séquences de ce qui peut nous apparaître pour presque symphonie. Nous sommes ici dans le grand, dans l’infiniment beau, quand bien même à l’écoute le propos nous échappe, nous les non-bretonnant. « Ha me difiňv war ma zreujoù / Treujoù maner kozh ma zouelloù [Et me voici immobile sur le seuil / Du vieux manoir et de mes regrets]… »

De la pochette aux arrangements, tout est réussi dans cet album, tout y est captivant en ce huitième album studio. Chaque texte est pure poésie en v.o., il ne l’est pas moins dans sa traduction. Tout ici est Denez, des paroles et musiques aux arrangements, au mixage. Même les dessins. On dira que cet album est mieux encore que le précédent, mais on le dit à chaque fois. L’homme est au sommet de son art, et le sommet est plus haut chaque fois.

 

Denez, Stur an avel [Le gouvernail du vent], Coop Breizh/Rannvro Breiz 2021. Le site de Denez Prigent, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

Entretien avec Denez Prigent France 3 Bretagne Image de prévisualisation YouTube
Waltz of life avec Oxmo Puccino et Aziliz Manrow Image de prévisualisation YouTube

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