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Bertrand Belin, le dandy du vendredi

 

Bertrand Belin (photos Christophe Dehousse )

Bertrand Belin à Liège (photos Christophe Dehousse)

Liège, Le Réflekor, 19 mai 2023,

 

Bertrand Belin est un artiste audacieux. Dans un paysage musical français davantage porté sur la consensualité que sur le risque, il a réussi à imposer son univers étrange, unique en son style, même si l’empreinte de Bashung et de Manset restent indéniables. Des chansons donnant dans le minimalisme, tant textuel que musical, où l’allusif et le non-dit règnent en maître. Sa poésie n’est faite que de mots simples, sans fioritures inutiles, mais exige pourtant une écoute attentive pour que s’en dévoile le sens caché. Chez cet autre BB, le nationalisme est ainsi brocardé avec ironie (National), de même qu’il n’est pas nécessaire de brandir un drapeau rouge ou noir pour réclamer un monde meilleur (Marguerite). Et choisir son camp (Tambour) n’exclut pas l’hésitation (Lavé de tes doutes)… On appellera cela de la chanson intelligente.

Belin 2Belin 3

Belin 4Belin 5Sur scène, nul besoin cependant d’être addict à ses métaphores littéraires pour passer un excellent moment. Laissez-vous porter par sa musique, tombez sous le charme de sa voix grave et de son chant de crooner, appréciez le personnage qu’il prend plaisir à jouer… Les 500 personnes présentes à Liège en ce vendredi vous confirmeront que cela suffit largement pour rendre une soirée mémorable.

 Osons même affirmer que Bertrand Belin gagne à être vu sur les planches. Sur disque, le minimalisme musical dont il est friand peut en effet en rebuter plus d’un. Entouré de cinq musiciens, son propos se muscle incontestablement et les musiques prennent une ampleur insoupçonnée. Si on y ajoute son jeu de scène irrésistible (sa gestuelle n’a pas de pareille !), son attitude distanciée de dandy second degré et ses drôles d’interventions entre les morceaux, sa prestation s’avère bien davantage ancrée dans le réel et à même de plaire au plus grand public.

La tournée précédente, qui avait suivi son bel album Persona, avait une couleur country prédominante, qu’un Johnny Cash n’aurait certes pas reniée. Pour jouer son récent Tambour, les claviers sont principalement de mise et entraînent le show vers les cieux planants et l’électro doux (remarquable batteur, qui réussit l’exploit de jouer parfois comme une boîte à rythmes !). Qu’il est appréciable de voir ainsi un artiste se renouveler et ne pas chercher à reproduire ses succès d’avant. Sur la route depuis une petite année, il faut dire que l’équipe débordante de talent est rodée et sait emmener sans coup férir le public dans cet univers classieux.

Conclusion : un premier passage liégeois pleinement réussi. Comme il nous l’a dit, il reviendra désormais tous les 52 ans, ce sera son rythme. Puisse l’accueil fervent qu’il a reçu le faire changer d’avis et accélérer son retour. Bertrand Belin est déjà un chanteur culte doté d’un public fidèle, il lui reste à devenir réellement populaire. Cela viendra.

 

Le site de Bertrand Belin, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« Surfaces » : Image de prévisualisation YouTube

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