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Cherhal : et Liz est là

visuel-survivante1Allez, s’il faut trouver le lien d’avec le disque précédent, de 2011, Il est arrivé quelque chose, où sur nombre de plages, des propos sanguinolents faisaient rare hécatombe : celui-ci se nomme Les survivantes, comme quoi il en est finalement resté (notons qu’elle commet cependant encore un homicide dans J’ai le cœur gros…)

L’ex chanteuse d’Uztaglote poursuit avec raison son itinéraire et même si elle partage son blaze avec plus connue qu’elle (sa frangine), si tant dans la voix que dans la voie on trouvera pas mal de similitudes entre les deux, Liz est Liz (« Et Liz est moi » pourrait-elle chanter au moment du choix), simplement « L’hérédité […] M’a poursuivie quand j’ai choisi ce long chemin. »

Liz a le don de suggérer des choses, de ne pas franchement les dire, de ne pas tout à fait les expliciter, de brouiller les cartes : mais son écriture au stylo habile sait en tracer les contours, les habiller, les habiter d’ambiance, d’angoisse ou d’étrangeté parfois. C’est dire si, à ce titre, on sera interloqué, surpris, à l’écoute de Pour jouer avec maman (une des Chansons pour du premier volume des Fabulettes) une des plus belles reprises qui soient d’Anne Sylvestre, en une dramaturgie et une mise en musique (cordes et sentencieuse percussion) qui peut suggérer autre et intéressante lecture : « Dis maman, on joue ? / On joue, mais on joue à quoi ? / On joue à n’importe quoi. »

Autobiographiques ou non, parfois un peu des deux, les chansons de Cherhal ne se livrent pas à la première écoute, parfois ne se livrent pas du tout, gardant à elles leurs codes secrets, leur propre combinaison. A chaque écoute on cherchera à en percer le mystère. On se hasardera pour soi à des explications, décrouvrant plus encore et à chaque fois la qualité d’une écriture où la pudeur fait écorce à chaque mot. Il y a dans ses vers le large spectre de l’amour dans toutes ses déclinaisons, y compris l’amour filial qui souvent s’invite mais nous n’en saurons plus : « Elle est l’aînée, moi l’ingénue / J’ai juré le silence, une promesse démente. »

Réalisé par Morvan Prat, ce disque est tenté à la commissure de ses mots par une douce pop, d’une rare élégance. Même si on sait que les mêmes chansons sont portées avec plus de fougue encore en scène, cette proposition discographique est un régal, une douceur. On peut facilement bloquer la touche replay sur ce superbe disque.

 

Liz Cherhal, Les survivantes, Kalmia/L’Autre distribution 2015. Le site de Liz Cherhal, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Cherhal : et Liz est là

  1. Patrick Engel 7 février 2015 à 13 h 25 min

    Aaaargh, le « stylo habile », j’adooore !!!

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  2. Danièle Sala 7 février 2015 à 18 h 12 min

    « Le stylo habile » à l’encre sympathique, qui se dévoile, ou pas, au fil de l’écoute… La chasse aux trésors est ouverte.

    Répondre

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