Vaslo, le pêcheur de perles

Vaslo à Namur Photos ©Annick Delperdange
Namur, La Templerie des hiboux, 19 avril 2025
La salle est bien remplie, d’un public ayant succombé au délicieux péché de curiosité. Bien peu de gens connaissent en effet l’artiste de ce soir, qui nous apprendra d’ailleurs que ce n’est que sa deuxième venue en Belgique. En cette veille de Pâques, grâce soit rendue à la fine équipe de la Templerie de nous gâter ainsi.
Sur scène, les instruments attendent patiemment que l’on s’en empare. Une batterie, un violoncelle, une guitare. Une clarinette – dénommée Ginette – viendra par moments renforcer l’équipe. Au centre, le micro sur sa perche fait le pied de grue. Vu la hauteur à laquelle on l’a hissé, on se dit que le chanteur a dû être basketteur dans une vie antérieure…
Mais voilà que le noir se fait. Le trio entre en scène : Vaslo à la gratte et au chant, Pierre Mahier derrière ses caisses, Martina Rodriguez à l’archet et ce qui va avec. Chacun se saisit de son instrument et dans cette ambiance nocturne, une mélopée jazzy nous prend immédiatement sous son charme. Un projecteur dévoile soudain, ô surprise, le visage maquillé du chanteur. C’est sûr, la soirée sortira des sentiers battus.
C’est Le temps des oubliés qui ouvre le jeu. On prête attention au texte, on devine qu’il est questions d’exilés ou de réfugiés, perdus dans un monde cruel. On ne comprend pas forcément chaque nuance de ce qui nous est chanté, mais on ressent la beauté des mots, la gravité du propos, l’empathie de Vaslo envers ses personnages. On est surtout happé par l’ambiance sonore, la voix claire et la diction précise du chanteur, le crescendo musical qui nous emporte jusqu’à l’émotion.
Ce petit miracle se reproduira toute la soirée, de chanson en chanson. Nous sommes résolument dans le registre de la poésie et du poil qui se dresse. Ici, on ne se lève pas pour danser, on ne tape pas dans ses mains pour accompagner, on ne reprend pas de refrain en chœur. C’est une autre chanson qui nous est proposée, plus confidentielle, qui nous souffle à l’oreille l’importance du beau, qui nous plonge dans le plaisir sensuel de la musique. La modernité du slam s’y mêle à la tradition de l’opéra, le lyrisme fait corps avec le chuchotis, les rythmes orientaux voisinent avec le chant slave. Un melting-pot de sons et de saveurs, brillamment interprété par un ensemble de musiciens rodés, d’une souriante complicité communicative.
Histoire de se quitter en douceur, la chanson finale sera exceptionnellement reprise par la salle. C’était si gentiment demandé par le chanteur, comment aurions-nous pu refuser ? D’autant que le morceau s’appelle Cette chanson vous appartient, fallait pas se gêner ! Le refrain disait « Chante encore une fois / Pour que s’accordent toutes nos voix ». Une belle illustration de notre état d’esprit à l’issue de ce concert magique…
Le site de Vaslo, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là. En tournée de concerts
« Le temps des oubliés », studio
Extraits live au Pan Piper, 2024
« La romance de Nadir », Les pêcheurs de perles
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