Baptiste W. Hamon, l’Honkytonk man français

Baptiste W Hamon Photo ©Manon Ricupero
En 2022, à l’occasion de la sortie de son album Jusqu’à la lumière, j’écrivais à propos de Baptiste W. Hamon : « Son inspiration, l’artiste tricolore va la chercher au pays profond de l’oncle Sam, dans cette musique country des Kris Kristofferson et Merle Haggard. Pas étonnant dès lors que, par moments, cet album puisse rappeler aux anciens les disques d’Eddy Mitchell concoctés sous la houlette de Charlie Mc Coy, ou le méconnu Blue country de Joe Dassin ».

Baptiste W Hamon Photo ©Pauline Saint-Esteben
Paru en novembre 2024, son nouvel opus enfonce vaillamment le clou, puisqu’il s’intitule sobrement Country. Et ô surprise, on peut y entendre une reprise de Je ne deviendrai jamais une Super Star, chanson signée Eddy Mitchell, extraite de son Rocking in Nashville de 1974. Une manière pour l’artiste de marquer sa filiation, tout en nous révélant la clé de sa démarche : « Je ne deviendrai jamais une super star / Je resterai moi-même et ça m’est égal ».
Car oui, Baptiste W. Hamon aime la country, sa richesse musicale, sa diversité, sa manière directe de parler au cœur des gens, et il souffre de la voir méconnue et incomprise, réduite trop souvent au cliché de musique réactionnaire pour cow-boys ringards. Alors il ose nous clamer sa passion, envers et contre tout, confessant « On s’est toujours foutu de ma gueule / Quand je disais que j’aimais la musique country », mais se moquant bien de ces réactions primaires : « Mais moi je suis fier de ma gueule / Je sais tout ce qu’elle me donne, la musique country ». On a rarement entendu chanson aussi franche du collier…
Il ne suffit pas toutefois de défendre sa passion, encore faut-il donner l’envie de partager celle-ci. L’album remplit cette mission haut la main, incitant à la découverte des Waylon Jennings, Willie Nelson, Loretta Lynn et autre Dolly Parton, tous cités comme référence par le chanteur.
Bien qu’enregistré en France, les dix morceaux fleurent bon le sud des Etats-Unis et ses sonorités si typiques. Quel avion nous emmènerait là-bas aussi vite que ces guitares et cette pedal steel omniprésentes ? On embarque donc avec l’artiste pour vivre la Fièvre honky tonk (du nom donné aux bars où se donnent des concerts de country) et vivre un moment de plaisir simple (Donne-moi la main / Et danse ce two-step avec moi / Le bonheur, il est là), goûter au repos glandeur nature (Ma paresse m’inspire / C’est une bonne amie qui m’indique le cap), assumer qui l’on est, sans craindre le regard des autres (Le truc le plus punk que j’ai jamais fait / C’est d’arrêter de faire semblant). Plus qu’une musique, la country serait-elle une philosophie ? D’autant que, comme le chante l’artiste : « J’connais des gens / C’est pas les mêmes au dehors, au-dedans ».
A côté de ces chansons directes et entraînantes, l’amateur de poésie se sustentera des Pour exprimer ce qu’est l’amour, au doux parfum de mélancolie, et du superbe Rabbit pâté, promenade parisienne tout en langueur. Une autre facette de la country.
Avant de clore l’album sur une reprise du grand classique mélo qu’est Stewball, Baptiste W. Hamon tient une dernière fois, avec humour et détachement, à se présenter : « Je ne suis pas Georges Moustaki / Je ne suis pas Clara Luciani / Quand on me demande « Toi tu vas où ? » / J’dis : « Je trace ma route et puis c’est tout ». Un artiste singulier, pratiquant un style musical rare de ce côté de l’Atlantique, mais qui sait où il va et comment nous y emmener. On ne demande qu’à le suivre.
Baptiste W. Hamon, Country, Soleil bleu/Modulor, 2024 La page facebook de Baptiste W. Hamon, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Baptiste W. Hamon jouera à Paris, à la Maroquinerie, ce mardi 10 juin 2025.
« Oh que j’aime la musique country »
« J’connais des gens », clip
Et en concert :
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