CMS

Barjac 2017. A dieu, à Jamait

Yves Jamait à Barjac (photo Anne-Marie Panigada)

Yves Jamait à Barjac (photo Anne-Marie Panigada)

30 juillet 2017, cour du Château de Barjac,

 

Soirée très particulière pour clôturer la deuxième journée de Barjac m’en chante en ce dimanche 30 juillet 2017.

En effet, Barbara Weldens aurait dû, en première partie, faire découvrir sa singularité insolente et poignante à ce public si exigeant de la cour du château. Et puis, le drame que l’on sait a laissé tout un chacun totalement désemparé. Jean-Claude Barens et les organisateurs de Chant Libre ont alors eu la délicatesse de ne pas remplacer Barbara, mais de nous la faire entendre, grâce à un poème d’Henri Michaux et à trois des magnifiques chansons de son album. Vingt minutes intenses en ressentis personnels et en communion collective. C’est alors que, levant la tête vers le ciel comme pour aller y chercher je ne sais quel signe réconfortant, j’ai constaté que de magnifiques compresses cotonneuses surplombaient les murailles du château, semblant ainsi soigner l’azur saignant du couchant. Le signe que j’étais allé chercher m’avait touché, car je ne suis pas sans cible. Et l’émotion ressentie alors n’en fut que plus forte et trouva sa manifestation par les longs applaudissements d’un public debout, indubitablement touché par la force de l’instant partagé.

Et puis, ce fut au tour de Jamait et de ses acolytes. Et ce, fait rare et remarquable, pour la deuxième fois en trois ans. En effet, on se rappelle comme si c’était hier de cette fameuse soirée du 30 juillet 2015, où l’homme à la casquette était venu rendre un hommage à sa façon (toujours très singulière) à Henri Tachan, dans cette même cour du château. Mais, cette fois-ci, nulle polémique à l’horizon, puisque c’est avec son répertoire qu’il est venu enchanter un public à l’écoute, touché au cœur par l’émouvant hommage de la première partie.

Et d’emblée, le dijonnais et son orchestre mettent tout le monde d’accord. En effet, que ce soit du point de vue des textes, des musiques, des arrangements ou de la présence scénique (on connaît l’abattage du mec), chacun se fait immédiatement embarquer dans leur voyage au long cours, sans avoir eu le temps de faire ouf, ni de se poser la moindre question. Là, nous avons manifestement à faire à une véritable machine de guerre. L’expérience de plus de quinze ans de ce désormais vieux routier de la scène hexagonale qu’est Yves Jamait l’autorise à devenir « lui-m’aime ». Ayant appris qui il était au plus profond de son être, grâce à la thérapie que peuvent constituer l’écriture de chansons et leur expression sur scène (en ajoutant à ce joli cocktail une dose de reconnaissance de ses pairs, un soupçon de critique raisonnée des médias connaisseurs et plusieurs onces d’amour des publics qui l’apprécient), l’ancien employé d’Urgo a pu se soigner et se panser en contant, à qui voulait bien l’entendre, des pensées sans compter. Et ce, du Bar de l’Univers de Jean-Louis, devant trois ou quatre soiffards hagards, jusqu’à remplir des Zénith de plusieurs milliers d’aficionados connaissant le moindre point virgule de ses dernières chansons.

jamait 2Et c’est ce long parcours du cœur battant, avec la foi chevillée au corps, qui a permis au burgond de s’élever au rang des auteurs-compositeurs-interprètes importants de son époque. Et c’est grâce à cette expérience, puisée dans les quelques 750 concerts qu’il a désormais au compteur, que Jamait peut dorénavant presque tout se permettre sur une scène. Au gré de son humeur (et pour peu qu’il soit enjoué et bien inspiré, comme en cette belle soirée), il peut partir sur un monologue délirant, qui va le voir arpenter le plateau de long en large, haranguant et chambrant,  l’un après l’autre, ses musiciens hilares pour le plus grand plaisir de tous, pour finir par une pirouette dont il a le secret et qui ravit tout le monde. Et ça, c’est l’apanage des plus grands ! D’autant que, au milieu de son riche répertoire, Yves (que l’on sait fidèle en amitié) a souhaité faire un clin d’oeil à celui qui, avant lui, avait marqué de son empreinte indélébile le festival barjacois, le grand Allain Leprest, avec une touchante interprétation de On leur dira, superbement arrangée.

En fait, je n’ai aucune envie de vous décrire ce spectacle où, pendant près de trois heures d’une grande générosité, Samuel Garcia (orgue, accordéon, choeurs, direction artistique et impeccable veste noire), Jérôme « Kendji » Broyer (guitares immatures) & Mario « bel organe et gros sax » Cimenti (batterie, percussions, saxophones et planche à laver) font sonner les chansons de leur patron Jamait, satisfait, comme pourrait le faire un philharmonique grunge ou un band métallo-lyrique. Tout ça pour dire que les musiciens font en sorte que leur leader charismatique puisse se raconter comme il l’entend, en oeuvrant dans un confort de chaque instant. À ce propos, il faut ici féliciter l’ingénieux du son Arnaud Cassina, car il a su jouer de l’acoustique de la cour du château pour signer un son d’enfer, d’une rare qualité.

Bref, vous aurez compris que cette soirée fut exceptionnelle à plus d’un titre. Ayant commencé sous le signe de l’émotion, avec le juste et fort hommage rendu à Barbara Weldens, elle s’est terminée à point d’heure, avec un public en fusion -et debout comme un seul humain- pour reprendre à gorge déployée le fameux pamphlet politico-social « Y en a qui s’ront jamais dans la merde, y en a qu’auront jamais de problème. Et ce sont souvent ceux-là mêmes qui nous dirigent et qui nous gouvernent ». Et à voir le plaisir avec lequel l’ensemble du public entonnait ces paroles rebelles, ainsi que la joie profonde qui irradiait sur le visage de ce bosse-coeur d’Yves Jamait au sortir de ce combat magnifique, on se dit que la chanson reste bel et bien l’un derniers bastions où la justesse et la justice sociale peuvent « en corps » s’exprimer. Avec, qui sait, des chances de se faire entendre. Et rien que ça, c’est pas rien…

 

Le site d’Yves Jamait, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Barjac 2017. A dieu, à Jamait

  1. André ROBERT 2 août 2017 à 19 h 22 min

    Merci Barjac et merci à Franck Halimi d’avoir rendu un bel hommage à deux chanteurs exceptionnels

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives