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Viviane Cayol (Alcaz), 1959-2025

(photo Jean-Louis Cadoré)

(photo Jean-Louis Cadoré)

Elle fut actrice, peintre, et chanteuse depuis toujours. Élève de Marcel Maréchal, Viviane n’a jamais fait que du théâtre musical. Elle a toujours chanté, en guitare-voix dans sa chambre, en trio ou quartet teintés jazz en public. Avec Laetitia Planté, elle forme un temps Les Pétroleuses, du théâtre burlesque et musical qui se taille un grand succès en PACA, une chanson coquine qui rend hommage à la tradition du music-hall marseillais. Critique d’art et parolière, elle écrit des chansons depuis toujours. Pour elle, sans savoir qu’elles feraient un jour partie de la dot, de ce duo d’amour qu’elle créera avec un rockeur de passage sur le vieux port, un dénommé Jean-Yves Liévaux, qui a déjà un lourd passé professionnel dans la musique, depuis ses dix-sept ans où il sortit son premier 45 tours. De leur union naît Alcaz, nom qui vient tant du prestigieux que du local : de l’Alcazar de Marseille, célèbre salle de spectacle près de la Canebière dont la mythique entrée est désormais celle de la bibliothèque.

Alcaz est un des rares duos de la chanson (là je ne parle pas de cette insipide variété qui vous fabrique des duos le temps de quelques tubes). Viviane (qui se fera un temps prénommer Vyviann) et Jean-Yves l’ont créé pour l’éternité, à l’exacte réplique de leur indestructible amour. Le destin et le crabe l’ont voulu autrement : il nous restera le souvenir de vingt-trois ans de scène (il fêtèrent leurs vingt ans sur la scène de Barjac en 2022) et de chansons. De sept albums (dont un enregistré en public à Saarbrück et un autre de reprises de Brassens). Et de deux personnages charismatiques, passionnés, partageurs et beaux. De cette voix ensoleillée de Viviane qui contrastait tant et si bien avec celle, râpeuse, de son amoureux. Leurs chants d’amour, vous le savez, étaient bien plus universels, plus grands encore que leur amour à eux : c’est toute l’Humanité qui se love dans leurs vers et l’espoir, même malmené, d’un monde meilleur. Ils avaient pour eux la politesse et l’élégance du partage, offrant chaque fois à leur public de rencontre un peu de leur surplus de bonheur.

Ce que plus encore je retiens de d’eux, de Viviane, de Jean-Yves, c’est leur fidélité. Pour eux l’amitié n’est pas un négoce, c’est une valeur, ardente, profonde. Qu’elle ne fut pas, non ma surprise mais ma joie de les voir arriver en avril dernier, courte rémission on le sait désormais dans la maladie de Viviane, au festival de Bédoin, à 125 bornes de chez eux, où je tenais conférence. La dernière fois…

S’il fut un titre (je n’ose dire tube) d’Alcaz qui constamment nous revenait, qu’ils chantaient du reste tout le temps, c’est cette chanson écrite par Viviane, dont désormais le refrain résonne en nous d’une triste manière. Il est le résumé le plus court de nos existences de météores : « La vie va vite et l’on s’en va / La vie va vite ». Juré que, pour Viviane, elle est allée bien trop vite. Nos pensées vont toutes vers l’ami Jean-Yves.

 

« La Vie va » : Image de prévisualisation YouTube

« Ivres » : Image de prévisualisation YouTube

14 Réponses à Viviane Cayol (Alcaz), 1959-2025

  1. Pierre Schuller 15 novembre 2025 à 16 h 08 min

    Merci pour tes mots si vrais, si justes, Michel. Depuis hier soir je suis sous le choc… Amitiés

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  2. Christian Dufrechou 15 novembre 2025 à 19 h 47 min

    Merci pour ces mots. Avant de lire ce texte j’ai cherché sur internet mais j’ai été surpris de ne voir quasiment rien du passé de comédienne de Viviane . Et oui la vie va vite et on est beaucoup ici à être plus près de la fin que du début

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  3. Christina Rosmini 15 novembre 2025 à 22 h 55 min

    Incrédule. Atterrée. Assommée.
    Depuis hier soir je pleure et relis tes mots de la semaine dernière.
    Je devais passer chez vous celle-ci. T’apporter ces petits trésors dont seuls Jean-Yves et toi pouviez mesurer la valeur. Ils sont là, au creux de mes mains, sachant que tu ne les tiendras jamais dans les tiennes. Quelle cruauté. Quelle injustice.
    Quelques jours… Juste quelques jours, Et voilà que tu t’envoles comme on claque des doigts.
    Vite ?? Beaucoup, beaucoup trop vite.
    Nos échanges à propos de l’âme me rassurent. Je suis sûre que tu as juste changé d’état, conservant le même éclat de l’autre côté du miroir.
    On a trop peu partagé ici-bas.
    Peut-être ferons nous mieux après, comme dit notre amie Nathalie. Alors à bientôt là-bas, hermosa hermana.
    Merci, cher Michel, pour cet hommage plus que mérité. Comme toi, on renouvelle notre amitié et notre total soutien à Jean-Yves.

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  4. Natasha BEZRICHE GASTINEL 16 novembre 2025 à 2 h 41 min

    Merci Michel pour ces mots.
    Ma peine est incommensurable
    …Je pense à Jean Yves et mon cœur pleure.
    Oui la vie va…va trop vite… Elle est injuste et méchante trop souvent.
    Alors aimons nous vivants, tant que nous respirons, dansons et chantons encore !
    Courage et force à toi, Jean Yves. On se revoit bientôt.
    Bon vent a toi, mon amie, ma frangine de chants… Tu en as terminé avec la souffrance. Sois en paix dans les étoiles à présent, chère belle âme.
    Je garde ta lumière en moi, car seul le coeur de ceux que l’on aime reste à jamais notre vraie demeure.
    A plus loin, de l’autre côté du monde !
    Nat

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  5. MICHEL BELLEBOUCHE 16 novembre 2025 à 6 h 22 min

    Il n’y a pas de mots pour exprimer le chagrin, la très grande tristesse de toutes celles et tous ceux, nombreux.euses, qui aiment à la fois la chanson d’Alcaz et la grande humanité de Viviane et de Jean-Yves.

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  6. Hélène Andreotto 16 novembre 2025 à 7 h 21 min

    Viviane, tu étais une invitée permanente de notre petit théâtre de La Quincaillerie. Jean-Yves et toi nous avez offert de magnifiques soirées de rêves et de chansons. Tu resteras dans nos cœurs. Nous gardons le souvenir de ton regard pétillant et de ton magnifique sourire.

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  7. Le Petit Duc 17 novembre 2025 à 11 h 33 min

    Nous sommes bouleversés par la terrible nouvelle de la disparition de Viviane Cayol. Toutes nos pensées vont à Jean-Yves Liévaux et à leurs proches.

    Myriam & Gérard, et l’équipe du Petit Duc.

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  8. Claude Juliette FÈVRE 17 novembre 2025 à 11 h 56 min

    Les talents de Viviane étaient multiples… les fées penchées sur son berceau ont rivalisé. Elle était aussi plasticienne… Il nous restera, pour en témoigner, les quatre volumes de HAÏKU D’PEINTURE, un pour chaque saison nés du confinement du printemps 2020, toiles de Viviane, poésies de Jean-Yves.

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  9. Plessis Carole 17 novembre 2025 à 11 h 57 min

    Jean-Yves je te salue

    Non, ne cherches pas.
    Tu ne me connais pas où si peu.
    Je t’ai entendu chanter avec Viviane à une soirée (formidable) chez Bernadette et Michel.
    Depuis deux CD de vous m’accompagnent dans la voiture.
    Merci.
    Je ne sais pas pourquoi mais le départ de Viviane me touche.
    Je lui envoie une prière du coeur

    Juste envie de t’envoyer un sourire.
    Aller je vais « Reprendre la route »

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  10. Reynaud Corinne 17 novembre 2025 à 12 h 42 min

    ❤️

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  11. Sylvie FALSETTI 17 novembre 2025 à 14 h 13 min

    Comme elle l’aurait dit :
    « Viviane est allée rejoindre les anges… »
    Elle chante dans mon Cœur… mais « Marseille la nuit » sans elle…
    Jean-Yves, je pense très fort à toi

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  12. valmoy christian 19 novembre 2025 à 13 h 55 min

    merci pour ce bel hommage . j’ai connu jean yves qui avait 17ans c’était mon « p’tit frère ». Et je l’ai retrouvé au festival Dimey à nogent sur scène avec ALCAZ et j’ai tout de suite aimé Viviane et sa luminosité.
    duo d’anges heureux . Comme çelà leur allait bien. Dieu s’il existe il exagère (Georges Brassens)

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  13. Philemon'Rauch 24 novembre 2025 à 18 h 55 min

    Quelle immense tristesse, il n’y a pas de mot. Viviane si lumineuse, si pleine de vie, on l’a tellement aimée dans son duo avec Jean Yves. Une pensée affectueuse pour Jean Yves.
    Philémon ‘

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  14. Coince Francis 26 novembre 2025 à 19 h 11 min

    J’ai découvert ALCAZ au festival Bernard-Dimey à Nogent (52700) et retrouvé ce duo à SORGES en Dordogne où je réside maintenant. Je garde le souvenir d’un couple talentueux et sympathique. En si peu de temps, après Jean Guidoni, cela fait trop de monde envolé vers le paradis des musiciens si bien chanté par Danielle Messia et Marc Robine. ALCAZ, Viviane et Jean-Yves, on vous aime.

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