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Tombés au chant d’honneur

 

Jean-Max Rivière aux Journées Georges-Brassens à Paris en 2008. A droite de la photo, Pierre Onteniente dit "Gibraltar" (photo Pierre Schuller)

Jean-Max Rivière aux Journées Georges-Brassens à Paris en 2008. A droite de la photo, Pierre Onteniente dit « Gibraltar » (photo Pierre Schuller)

La camarde fauche à tout va, sans beaucoup de distinction il me semble. Elle fait des heures sup’, des morts en trop, elle est surmenée. Pour un peu je la plaindrais. Nous même ne pouvons pas suivre, au risque de ne plus publier sur NosEnchanteurs que des nécros que, contrairement à la presse nous n’avons pas en stock (dans les rédactions ils appellent ça la « conserve »), rédigeant nos émotions sur l’instant, évitant juste que nos larmes tombent sur le clavier. Or, il nous faut célébrer le vivant, informer de l’activité de cette chanson que nous défendons, par tous ses acteurs. Mais jamais en oubliant les copains tombés au chant d’honneur, les Viviane Cayol, Jean-Pierre Laurant, Jean Blanchard, Hervé Boulais, Pascal Mathieu, Pascal Valy… disparus en quelques semaines. Et tous les autres.

Désolés de ne pas avoir commis quelques lignes sur le sociolinguiste Louis-Jean Calvet (1942-2025) dont il nous faudrait faire la place sur nos étagères pour y recueillir tout ses doctes et passionnants ouvrages sur la chanson (notamment ses biographies sur Georges Brassens, Joan-Pau Verdier, Pauline Julien, Georges Moustaki, Léo Ferré, les livres Chansons, la bande son de notre histoire, en 2013 chez l’Archipel, l’essentiel Cent ans de chanson française dont il co-signa avec Jean-Claude Klein et Chantal Brunschwig la première édition en 1981 aux éditions du Seuil puis en publia seul une réédition augmentée à L’Archipel, etc. Ou sur le chanteur et clarinettiste breton Erik Marchand (1955-2025), un des grands de la musique trad’ : quinze albums sous son nom, une vingtaine d’autres au sein de diverses formations, un exemplaire soucis d’ouverture tant au niveau des genres musicaux que des cultures.

Là, c’est Jean-Max Rivière (1937-2025) qui nous fauche compagnie. Son blaze peut ne rien vous évoquer ; il suffira d’égrener quelques chansons d’il y a plusieurs décennies pour vous le rendre familier : A présent tu peux t’en aller (Richard Anthony, 1964), La Madrague (les fameux « coquillages et crustacés » de Brigitte Bardot, 1962), Manuel Benitez El Cordobés (Dalida, 1966), Un petit poisson un petit oiseau (qui « s’aimaient d’amour tendre », Juliette Gréco, 1966), Le Kid (Sylvie Vartan, 1967) L’Amitié (« Ils ont fait la saison des amitiés sincères / La plus belle saison des quatre de la Terre… » Françoise Hardy, 1965), Tu n’as pas le droit (France Gall, 1966), Il suffirait de presque rien (« peut-être dix années de moins… », Serge Reggiani, 1968), l’opéra-rock La Révolution française de Claude-Michel Schönberg et Alain Boublil en 1973 : un fourbisseur et fournisseur de la variété au temps où celle-ci, qu’on le veuille ou non, avait du texte, de la consistance.

Je le disais, la camarde est bien gourmande en cette fin d’année : entre nous, je crois qu’elle en fait trop.

 

Serge Reggiani « Il suffirait de presque rien » : Image de prévisualisation YouTube

Brigitte Bardot « La Madrague » : Image de prévisualisation YouTube

3 Réponses à Tombés au chant d’honneur

  1. DECHELLE Marie-Patrice 16 novembre 2025 à 18 h 51 min

    C’est toujours avec Emotion que je Vous lis !

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  2. Claire cholier 16 novembre 2025 à 22 h 04 min

    Ton article est très émouvant, Michel. J’espère que la Camarde va prendre des vacances et nous laisser tranquilles.

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  3. Catherine Laugier 20 novembre 2025 à 20 h 14 min

    Et toujours cette longue maladie qui emporte Jean-Luc Pacaud, percussionniste, musicien, compositeur, illustrateur sonore, accompagnateur en numeridanse…, que l’on a vu aussi auprès de Georges Moustaki, Romain Didier, Xavier Lacouture, Jack Haurogné, Laurent Viel…
    Son dernier album de percu danse, le volume 11, vient de sortir fin octobre 2025. Tout un bel univers.
    https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_kC7bYKzkJrQWdRkBJBD9Rma7U1HIPKltQ

    Salut aussi au talentueux peintre qui fit la couverture de l’album de Marie d’Epizon « En souvenir de vous » (Chante Brassens), Roger Bonafé

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