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Trompettes (suisses) de la renommée

Parmi les courriels d’hier, celui-ci de Michel Bühler, chanteur helvète loin d’être inconnu sur ce blog :

« Le Sommet de la Francophonie s’est tenu dans mon pays, à Montreux (du 24 au 26 octobre 2010 – NDLR). Le gala d’ouverture a été organisé par la TV suisse romande, thème : « 40 ans de chansons, 40 tubes. » On a pu y voir les stars habituelles, Sylvie Vartan, Maxime Le Forestier, Alain Souchon, Diane Dufresne, Maurane, etc. Un seul chanteur romand, Jérémie Kisling, à qui on a imposé de chanter une chanson de Claude François : Le Lundi au soleil (paroles, tout de même, du Suisse Patrick Juvet…). Point. Pas une chanson romande : Pascal Auberson, Sarclo, ma pomme, les dizaines de chanteurs et chanteuses d’ici n’existent pas pour notre TV ! J’ai bien entendu réagi, protesté…
Si tu as le temps, si tu veux sourire un peu (ou t’énerver), va donc voir sur mon site : www.michelbuhler.com. À la première page, on trouve le lien vers ma correspondance avec la productrice de ce désastre.
Et si tu veux signaler le lien vers mon site dans ta prochaine lettre, ce serait bien ! (aux dernières nouvelles, le grand directeur de la TV veut me rencontrer…)
Voilà ! Continuons ! »

Allez-y, effectivement, sur le site de Bühler, y lire cette correspondance qui vaut le coup d’en rire comme d’en pleurer. Quand seul l’argent-roi dicte les « choix artistiques », on en arrive à ça. Ça fait songer à cette chanson de Michel Bühler justement, de 1997 : Tribulations d’un chanteur en Suisse. Extrait :

Je v’nais d’faire un disque très beau
Avec des chansons à pleurer
Je vais m’pointer dans un’ radio
Des fois qu’ça leur plairait
J’m’adresse à c’lui qui fait la liste
De c’que l’auditeur doit aimer
Tu r’pères tout d’suite le spécialiste
Catogan pas rasé
Il m’dit : Quel talent quelles idées
T’as d’la chance de faire ce métier
C’est sûr que ma femme va craquer
Quand elle va t’écouter
Mais pour mes émissions pas d’bol
Tu r’tardes mon vieux y a trop d’paroles
Tout l’monde chante en ricain maint’nant
Tiens, même les Suisse-all’mands !

2 Réponses à Trompettes (suisses) de la renommée

  1. MONFORT Enora 26 octobre 2010 à 5 h 41 min

    L’échange est succulent ! Il en faut bien de la passion pour continuer aujourd’hui à écrire et chanter dignement la langue de Molière… Chapeau à Michel Bülher pour avoir mené la correspondance à son terme !

    Enora

    Répondre
  2. Cat 26 octobre 2010 à 7 h 27 min

    Cette correspondance, elle est savoureuse, mais aussi désespérante : elle permet de constater les œillères et le formatage intellectuel de la « responsable » et nous fait toucher du doigt le monde de différence qui existe entre les chanteurs et les médias !
    Mais c’est normal : ils n’ont pas la même logique

    Je pense que ça n’a jamais été facile, pour un chanteur qui a des idées et les exprime, d’avoir accès à la télévision ou à la radio.
    J’en parlais le 10 octobre avec Anne Sylvestre, à l’occasion d’un « Salon du livre » à Randan. Malgré sa notoriété, elle n’a été programmée qu’UNE fois dans une des émissions de Maritie et Gilbert Carpentier !… alors que d’autres, plus « policés » y avaient table ouverte…

    Mais « la crise » ne fait qu’empirer les choses en restreignant les programmes consacrés à la chanson, en général. Les producteurs ne sont pas des philantropes : ils produisent s’ils espèrent faire des bénéfices !

    Et quand on constate que les rares émissions consacrées à la variété considèrent qu’il est meilleur pour elles, en terme d’audience et de « rentabilité », de ressasser des « tubes » des années 60, pour pouvoir vendre une ènième compil’ qui ne leur coûte rien à produire, plutôt que d’offrir une occasion aux chanteurs « encore vivants » de s’exprimer et de toucher un large public… ça me désole !

    Oui, il faut avoir un sacré moral, une bonne dose d’optimisme et même d’idéalisme pour s’obstiner à chanter quand même, de nos jours (je pense aussi, dans un autre genre, mais sur le même thème de la difficulté à rencontrer le public, au courrier de Philippe Forcioli que vous avez relayé sur ce blog…)
    Surtout quand les idées qu’on exprime ne sont pas au goût de tous

    Alors, bon courage à ceux qui s’y obstinent.
    Ils ont tout mon soutien… et pas que moral !
    Et merci à vous, Michel, de leur donner un espace qui leur soit consacré et qui nous permette à nous, public, de se tenir informés de leur actualité et de leurs difficultés ou de leurs coups de gueule :-)

    Cat

    Répondre

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