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Gul de Boa, le densité alliée au fantasque

Gul-de-Boa-Le-Chant-des-peaux-si-bleuesLui est de Rouen. Si ce n’est quelques notables percées hors de la Haute-Normandie, il n’est que peu connu, comme beaucoup. Dommage. Ça fait quinze ans qu’il sévit et se vit. Cinquième album déjà. Avec l’esquisse d’un tube sur le précédent mais, vu le sujet, ça ne risquait pas d’alors passer sur les ondes : ça s’appelait Le mari de Carla B. (sur l’album Tut) et ce fut un des petits joyaux de l’anthologie de la chanson sous Sarkozy (style c’est qui le gugusse qui s’incruste sur toutes les photos de Carla B. ?).

Comment vous le présenter au plus juste ? Il tient tant de Gainsbourg que de Romain Dudek (autre haut-normand, un peu d’Arno, « entre Higelin pour le fantasque et Thiéfaine pour la densité de l’écriture » osait même Chorus. Sa chanson-rock aux notes minimalistes et justes (guitare, parfois piano, contrebasse et batterie) s’inscrit dans un spectre qui va de l’amour à l’humour, de la tendresse à la violence, tout avec un filtre décalé, satirique, singulière focale qui envisage tout de manière insolite, en lâcher-prise de notre quotidien : « Dans le dos de l’irréversible / Montera le chant des probables / Labourant le champs des possibles /  Moissonnant l’imaginable. »

Pas de mode chez Gul, ce n’est pas son enjeu, rien que d’la sincérité et un peu beaucoup de folie dans ses mots disséqués, susurrés ou martelés, jurés-crachés. Une belle écriture, ample et aisée, tant qu’on pourrait presque se contenter de lire le livret, s’il n’y a avait ces notes qui font corps, les délivrent définitivement de toute pesanteur : « A quoi pensent les microbes quand ils regardent les étoiles ? / A quoi pense l’instant quand il nous voit passer ? » Gul de Boa se met dans tous ses états, dans toutes les situations : ici il est voleur de cocotte-minute, là en pur masochiste il se tape sur le système. Il s’informe, il communique, vit la crise, explore le chant des peaux si bleues et ose les sentiments : « Si tu me montres ton âme / Je ne regarderais pas ton cul / Mais si tu me montres ton cul / Je n’en ferais pas un drame / A bon entendeur convaincu. » A ceux qui cherchent d’autres horizons pour la chanson et veulent s’affranchir de codes trop en usage dans cet art, tentez ce Boa-là, dont l’art serpente délicieusement dans nos têtes.

Gul de Boa, Le chant des peaux si bleues, Royale zone/Accès digital/Cd1d/Absilone/Socadisc (2012). Le site de Gul de Boa, c’est là. Pas d’extrait de cet album en vidéo sur la toile : on se rattrape avec ce clip extrait du précédent, une « parabole sur la peopolisation de la vie politique ». Regardez.Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Gul de Boa, le densité alliée au fantasque

  1. Danièle Sala 12 juillet 2013 à 16 h 44 min

    Et oui, c’est bien dommage qu’il ne soit pas plus connu , rien qu’à lire les textes de ses chansons sur le site, on pense aux fleurs du mal de Beaudelaire ,  » L’horreur sympathique »,  » Le tonneau de la haine » ,  » L’alchimie de la douleur » , ils en ont la volupté , l’impertinence et la couleur de tous les peau si bleues .

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  2. rocamora dominique 22 août 2016 à 15 h 16 min

    Je ne connais pas Gul de Boa mais j’irai au Jardin des plantes mercredi prochain pour le découvrir.

    Dominique

    Répondre

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