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Barjac 2013. Céline Faucher nous met l’âme à la tendresse

Céline Faucher et Anne Sylvestre (photos Catherine Cour)

Céline Faucher et Anne Sylvestre (photos Catherine Cour)

Quand on est québécoise et qu’on reprend les chansons de Pauline Julien, le choix des titres interprétés ne peut être neutre. C’est tant la vie de Pauline Julien que l’histoire du féminisme chez nos lointains cousins qui nous est ici présentée ; l’une étant pratiquement indissociable de l’autre. Le tour de chant navigue donc entre les époques (Comme je crie… comme je chante, 1969 ; Litanie des gens gentils, 1974 ; Bozo les culottes, 1967, Jack Monoloy, 1962…), présente les auteurs chantés par Pauline : de Bertolt Brecht à Louis Aragon, de Raymond Lévesque à Gilles Vigneault, Michel Tremblay et d’autres encore. La liste est longue en une carrière de quatre décennies ! Les chansons retenues m’ont semblé composer un ensemble cohérent et l’interprétation est arrivée, sans nul doute, à la hauteur du modèle choisi. Céline Faucher a vraiment la voix, la gnaque, l’humour, l’allant pour servir au mieux ces textes. Qui plus est (quel bonheur !) secondée au piano et à l’accordéon par Steve Normandin, ce géant fait de bonté, d’humanité, d’humour, qu’on sait être un amoureux de la chanson française et canadienne, véritable encyclopédie qu’il est de plus d’un siècle de chanson.

Bien sûr, l’émotion était présente dans la salle, palpable. Comment ne pas craquer en écoutant Peine d’amour minable (de Denise Boucher), ne pas rire en partant pour l’inénarrable Voyage à Miami (de Luc Plamondon) ? Mais ce qui faisait bruisser d’expectative tout le public, c’était la présence d’Anne Sylvestre sous le chapiteau. Chacun connaît la longue amitié qui a uni Anne et Pauline, aux parcours politiques et artistiques si voisins ; tout le monde a entendu parler de leur spectacle commun « Gémeaux croisées », qui a ouvert à Anne Sylvestre de nouvelles perspectives vers le théâtre, l’a décidée à abandonner définitivement son accompagnement à la guitare sur scène…

faucherLa marraine du festival assiste régulièrement aux spectacles du chapiteau. Là, délaissant sa place habituelle, tout en haut des gradins, on l’a vue vers l’entrée des coulisses, pressentant l’incontournable, le logique duo. Qui arrive sur une chanson « historique » d’Anne : Une sorcière comme les autres, toute chargée d’émotion. « Ce n’est que moi / C’est elle ou moi / Celle qui parle / Ou qui se tait / Celle qui pleure / Ou qui est gaie… » J’ai dû voir Anne interpréter cette chanson sur scène plus d’une dizaine de fois : elle me bouleverse toujours autant ! Une de ses plus émouvantes interprétations a été, pour moi, celle qu’elle a proposée à l’Européen, dans son spectacle « Bêtes à Bon Dieu ». Eh bien, là, sous le chapiteau étouffant de Barjac, c’est une autre encore, différente mais aussi forte, qu’il nous a été donné de vivre. Tonnerre d’applaudissements, accolades sur scène, pleurs dans le public…

À peine remise, elle aussi, Céline enchaîne avec une chanson de Pauline Julien (L’étranger : est-il possible d’inventer un monde où les hommes soient heureux ?), Les gens de mon pays (Gilles Vigneault) et retour d’Anne sur scène pour la chanson de rappel : L’âme à la tendresse, reprise en chœur par toute l’assistance. Qu’il est parfois difficile de laisser un spectacle se terminer ! Je pense qu’une grande partie des spectateurs du chapiteau -dont je suis- aurait volontiers abandonné la cour du château, Dimoné et Les Ogres de Barback, pour rester entendre ces deux femmes continuer d’évoquer en chansons Pauline Julien et tout le patrimoine québécois…

Merci, Steve ! Merci, Mesdames !

 

 

PS : Je n’ai pas osé mettre en titre de cet article « Barjac 2013 – Céline Faucher nous met l’Anne à la tendresse »… Mais j’y ai pensé fortement !

2 Réponses à Barjac 2013. Céline Faucher nous met l’âme à la tendresse

  1. Norbert Gabriel 5 août 2013 à 10 h 48 min

    Voilà bien un des spectacles qui me fait regretter ne pas avoir été présent à Barjac … La force et la tendresse de Pauline Julien, c’est quelque chose qui traverse le temps, sans se faner ni se dévaluer.
    C’est la vie, malgré tout.
    Céline Faucher à Paris, on peut rêver ?

    Et Pauline Julien, pour toujours, null

    Répondre
  2. Céline Faucher 10 août 2013 à 17 h 11 min

    Votre article me donne des ailes. C’est une des plus belles critiques de ma vie ! Merci beaucoup.

    Monsieur Norbert Gabriel, je serai à Paris au Petit Théâtre du Bonheur les 11 et 12 octobre pour présenter mon deuxième spectacle « Gens du Québec d’hier et d’aujourd’hui ».
    Au plaisir !

    Répondre

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