Le douaisien Jean-Claude Darnal chanté dans sa ville

Jean-Claude Darnal (photo DR prélevée à la toile)

Les hommages sont toujours émouvants. Ils nous remettent en mémoire des chansons anciennes, ils cultivent une certaine nostalgie et – quand ils ne sont pas trahisons – nous rappellent l’artiste commémoré pour lequel on avait souvent plus que de l’admiration. Cependant, il est des lieux où les hommages sont encore plus poignants… Ce fut le cas à Douai, ville natale de Jean-Claude Darnal, où était donné lundi 7 octobre le spectacle musical « Tant mieux si la route est longue… » proposé par ses enfants Julie et Thomas Darnal entourés d’une belle troupe de musiciens et de chanteurs.

Jean-Claude Darnal ne s’était pas contenté de naître dans le nord et d’y vivre son adolescence en pleine guerre. Il y était ensuite revenu à plusieurs reprises rendre visite à des anciennes relations. Et surtout, il s’y était lié d’amitié avec Raoul de Godewarsvelde pour lequel il a écrit les chansons les plus emblématiques. La salle du théâtre était pleine d’habitants qui avaient connu ou entendu parler de Jean-Claude Darnal, ou simplement qui avaient été émus par ses chansons simples, directes et touchantes mettant en valeur leur région… et il n’y en a pas beaucoup de cette qualité-là. Le challenge était de retrouver la patte de l’auteur tout en donnant à ses titres une couleur plus moderne pour mettre en évidence leur longévité, même après son adieu à ce monde. Et le pari est réussi. Avec ce qu’il fallait de petites séquences INA, on retrouvait le contexte de la création des chansons et, avec une belle mise en scène non dépourvue de fantaisie, les comédiens et chanteurs donnaient une nouvelle jeunesse, voire une nouvelle émotion à ces chansons que l’on reconnaissait (ou non, car il en a tellement écrites…). Le piano, joué tour à tour par Pascal Simoni, Didier Bailly ou Julie Darnal, la basse de Christophe Garreau heureusement omniprésente pour soutenir le tempo, la guitare de Thomas Darnal et d’Antonin Fresson, l’accordéon de Roland Romanelli et la batterie d’Amaury Blanchard, remarquable sur certains titres, pas indispensable sur d’autres, ont joué leur rôle dans cet habillage, et ont permis aux chanteuses et aux chanteurs (Julia Pelaez, Isabelle Thomas et Jean-Michel Bonnarme en plus de ceux déjà cités comme musiciens) de donner des reliefs scéniques et vocaux que l’auteur n’aurait sans doute pas imaginés.

Les douaisiens présents ont passé une bien belle soirée. Ils ont fait un succès aux artistes et une ovation à Uta Darnal qui était bien sûr dans le public. C’est le type de spectacle-hommage bien construit et bien mis en scène (par Fred Fresson) où alternent la pétillance, l’humour et la gravité, autre chose qu’un défilé d’amis poussant chacun leur petite chanson. Il a été initié au « Sentier des Halles » et devrait pouvoir être programmé dans d’autres villes de Flandres ou d’Artois, ou du reste de la France même si l’ampleur de la troupe doit le rendre un peu prohibitif… A cet égard, la Municipalité de Douai, en l’honneur de l’enfant du pays, aurait pu mieux subventionner cette soirée, ce qui aurait rendu le prix des places plus abordables et permis à d’autres couches de population d’en profiter. Et pourquoi pas à Douai, un petit festival chanson dans l’esprit des deux artistes originaires de cette ville, Jean-Claude Darnal et… Jacques Douai ?