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Huma 2014 : heureux qui communiste a fait un beau voyage (1)

IAM (photo d'archives tirée du blog non officiel IAM)

IAM (photo d’archives non créditée tirée du blog non officiel IAM)

Allez, on attaque avec une bien belle frustration, celle d’être arrivé dans cet immense capharnaüm fraternel qu’est le Parc de la Courneuve juste à temps pour les deux derniers titres de l’ami Bacchus, en concert, allez savoir pourquoi, sur le stand de la Colombie. Prestation par ailleurs oh combien méritoire, au vu de l’ambiance sonore environnante, que l’on jurerait assurée par le Cartel de Medellin en personne. Il est des fois où la chanson est plus qu’un sacerdoce… Occasion cependant de rappeler que le bougre présentera les 29 & 30 octobre au Forum Léo-Ferré son fameux meeting « Virage à droite » en compagnie de Stef et Manu Galure, un grand moment en perspective…


A peine installée la tente au sein de l’intimiste camping de 6000 places, premier très grand moment sur la Grande Scène, avec les Ogres de Barback en très grande forme pour fêter leur 20 ans, eh oui, déjà..! Accompagnés pour l’occasion par les cuivres d’Eyo’wle Brass, extraordinaire fanfare béninoise, les quatre frangins/frangines sont résolument aux couleurs africaines, tout de wax vêtus (cadeau pour vos futures soirées Scrabble, ça, wax…). 

Les Ogres de Barback (photo d'archives Athos99)

Les Ogres de Barback (photo d’archives Athos99)

L’immense prairie est noire de monde, à perte de vue.  Combien sont-ils ?  Combien sommes-nous ? 40.000 ? 50.000 ? 60.000 ?  Estimation à la louche, mais c’est finalement ce dernier chiffre qui sera annoncé un peu plus tard par les organisateurs. Un bien beau gâteau d’anniversaire pour les Ogres et Ogresses, quelques jours avant celui qu’ils ne manqueront pas de souffler fin octobre à l’Olympia.  Putain, 20 ans ! 20 ans de liberté artistique totale !  Et d’entendre cette foule déchaînée, ces milliers de poumons entonner un « Joyeux anniversaiiiiiiiiiire » spontané et fervent, de voir ces milliers de poings levés comme autant d’épis de blé fertiles… Allons bon, à peine pris par l’ambiance politique de la Courneuve, voilà que j’aragonnise sous moi ! Les titres mythiques s’enchaînent, Jojo, Dans une rue de Paname, une très belle version de Saturne à la scie musicale, et les Ogres prouvent à l’envi qu’ils sont plus que jamais les porte-étendards de toute une génération (« J’peux pas encaisser les drapeaux, quoique le noir soit le plus beau…« , dirait le Renard). Puuuuuutain, 20 ans !

Vous savez toutes et tous ce que cela fait, que de suivre depuis fort longtemps des artistes qui du coup deviennent un peu de la famille, vous accompagnent dans les bons et les moins bons moments, vous épaulent et deviennent un peu la bande-son de votre vie… Et bien voilà, c’est comme ça qu’au milieu de cette foule énorme et chaleureuse, étant pourtant en fort charmante compagnie, je me suis tapé en douce mon petit sachet entier de délicieuses madeleines de Proust…

autographe OgresHistoire de finir (provisoirement) en beauté, voilà nos Ogres qui terminent leur concert en jouant dans la foule et en disparaissant petit à petit au loin… Non sans vous transmettre un petit cadeau rien que pour vous, chers Enlecteurs (voir ci-contre).

A bientôt, les z’amis !

Changement d’ambiance un peu plus tard sur cette même Grande Scène avec la mutine Ayo et ses ambiances ensoleillées-zé-chaloupées.  La belle a plus d’une corde vocale à son arc-en-ciel musical, bariolé agréablement de soul-folk-reggae-rap, cochez la mention inutile, mais en fait il n’y en a pas tant son univers est d’un grand éclectisme.   

Gde ScèneAu grand soleil, sur la colline en pente douce surplombant la scène, l’ambiance devient vaporeuse et détendue, enfin, je veux dire que l’herbe, on n’est pas seulement allongés dessus… Entre les titres, elle s’adresse au public en français et l’on sent derrière le bouillonnement montant un véritable échange avec cette foule sentimentale occupant le moindre centimètre carré de future ex-pelouse…  Les jeux de lumière sont de fait quelque peu superflus en plein jour, gageons que la régie lumière se faisait la main en prévision des concerts à venir, mais chuuuut, ne racontons pas tout maintenant.  Une trompette quasi aquatique s’élève nonchalamment et vous ne savez pas quoi ?  ça groove grave..!

Ayo (photo DR)

Ayo (photo DR)

Nouvelle pause, il en faut. 

Le temps de rater sur un petit stand la (pourtant prometteuse) Marie Baraton, mais ce n’est que partie remise, me dit mon petit doigt… Passons ensuite pudiquement sous silence les innombrables plaisirs éhontés réservés aux accréditations back stage, dont le bar et les toilettes privatives ne sont pas les moindres avantages, quiconque a déjà subi les affres sanitaires d’un tel festival me comprendra aisément..!

La nuit tombe sur la Grande Scène, la ferveur monte…..

Wesh, wesh, faites du bruit, IAM est dans la place..! L’introduction chavire la foule, quand s’élèvent les premières notes de l’Ecole du micro d’argent. C’est parti pour une gigantesque grand’messe hip-hop aux cadences hop-hypnotiques et aux textes léchés. Troubadours des temps modernes, Akhenaton et Shurik’n, impériaux et hiératiques, libèrent leurs flows dévastateurs sur des beats sourds qui prennent aux tripes et, lentement, insensiblement, monte la pulsation d’une vague profonde et puissante emportant tout sur son passage. La scène se diapre d’un ciel d’étoiles psychédéliques (ah, les délices de la psyché…) et dans une débauche de lumières et de pulsations rythmiques, les compères, armés de sabres lasers, entreprennent de nous emporter dans l’Empire du côté obscur… La foule en liesse s’abandonne aux déflagrations sonores et aux lumières mouvantes telles une DCA émouvante ciblant les cœurs de son faisceau fédérateur. Et, je vous jure, alors que ça commence à slammer à gauche et à droite, on n’est pas loin de la communion païenne. Oui, décidément, ce soir, nous sommes tous des Bad Boys de Marseille, nous sommes tous des Petits Frères! Dans un coin du ciel sombre, la lune énorme et pleine est retenue captive par un filin, sa face visible bizarrement taguée d’un marteau et d’une faucille rouges. A moins, bien sûr, que ce ne soit qu’un gigantesque ballon, captif lui aussi… Les titres s’enquillent comme dans un jeu de chien, les mots-pilons martelés comme autant de marteaux-speakers quand soudain… Soudain… Soudain retentit l’éternel riff de guitare, sample de Give me the night… Ca y est, ça y est, Je danse le mia ! Whaaaaaaaaaahhhhh !

[Nous remercions nos aimables lecteurs de ne pas tenir rigueur pour cet excès d’enthousiasme à notre collaborateur, visiblement pris par l’ambiance et les abus en tous genres. -Note de la Direction-]

Scorpions (DR)

Scorpions (DR)

Moult péripéties plus tard (il fallait y être.. !), après avoir reconstitué quelque peu nos forces et soufflé un peu, nous nous retrouvons à nouveau devant cette Grande Scène décidemment féconde pour sacrifier à un immanquable rite : accueillir comme il se doit les vétérans de Scorpions, pionniers incontestables du hard-rock et du heavy-metal (promis, on vous expliquera la différence un jour si vous êtes très sages…). Ils sont de retour, malgré la dissolution du groupe annoncée en 2010, et loin, très loin d’être les arthropodes arthritiques que d’aucuns annonçaient, les teutons flingueurs délivrent sur scène un show apokaliptik et libèrent les chevaux nazgûls de la gross kavalerie rock d’outre-Rhin. Rudolf Schenker et sa voix de fausset fait toujours miracle dans ce registre, épaulés par les quatre guitares stridentes de ses acolytes, guitar-heroes atmosphériques… Les riffs se font acérés et puissants et envoient du lourd, du très lourd. « Normal pour du heavy-métal… », me direz-vous… « Gros malin, va !», vous rétorquerai-je avec ce sens de l’à-propos et de la répartie qui fait tout mon charme, je sais. Guitares crachant le feu au propre comme au figuré, époustouflants effets pyrotechniques (ah bah oui, ça rigole pas !), tout est fait pour nous en mettre plein la vue et les oreilles. Jusqu’au morceau de bravoure que chacun attend secrètement sans oser l’avouer, la power ballad ultime, le Graal du slow imparable, l’immortel et célébrissime Still Loving You. LE rappel qui tue. Scorpion, in cauda venenum…

Et demain est un autre jour.

Lire la seconde partie de ce reportage de Patrick Engel ici.

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18 Réponses à Huma 2014 : heureux qui communiste a fait un beau voyage (1)

  1. Franck Halimi 18 septembre 2014 à 5 h 15 min

    Bon… ben, c’était juste pour dire que les papiers de Patrick Engels me ravissent (en car, comme en demi et même au final).
    J’apprécie l’enthousiasme et la vivacité de son écriture, sans parler de ses jeux langagiers (ça, c’est pour la forme, loin d’être alitée !) et son ouverture sur les esthétiques (ça, c’est pour le fond et c’est pas rien !).
    Bref, même s’il m’a déjà 100 coups fait rire (pour le moins), j’espère que Char lie Engels et qu’il continuera longtemps à faire ses drôles de gammes, comme celle si bien sentie sur la Fête de l’huma (touche-t-il des droits d’odeurs ?)…

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  2. Danièle Sala 18 septembre 2014 à 8 h 37 min

    ite missa est ! Quelle folle ambiance !

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  3. Danièle Sala 18 septembre 2014 à 10 h 07 min

    C’est vrai Franck , mais faut pas trop lui dire, il va nous chopper la grosse tête !

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  4. Norbert Gabriel 18 septembre 2014 à 12 h 18 min

    Damned, dans quel état ils nous l’ont mis, le brave moujik Патрик (c’est du russe!) hard rock and heavy metal, vodka est critique, camarade, converti au rock teuton qui cause anglais, et tout ça à La Courneuve, pourquoi pas Patrick Font au Vatican tant qu’on y est ?
    Mais pour la belle envolée sur les Ogres de Barback, il vous sera beaucoup pardonné. Allez, pour votre pénitence, et votre rédemption, vous écouterez 3 fois « les Prêtres » in extenso !!!
    (une pause est autorisée avec Soeur Sourire, on n’est pas des sauvages…)

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  5. Claude Fèvre/ Festiv'Art 18 septembre 2014 à 13 h 00 min

    Hé bien, je crois que toute la fine équipe des chroniqueurs, les réguliers, les passagers, aime la plume de Patrick.
    C’est vraiment un régal pour cette fête là, précisément… Et puis, dans le creux de ton oreille Patrick, il vaut mieux que ce soit toi qui relates les concerts de certains « troubadours des temps modernes » …question de génération, tout d’même…! Pour une autre raison aussi : je fuis les grands messes …La foule, je n’ai jamais aimé…!
    Peut-être un regret pourtant, qu’il ne soit pas fait allusion au contexte : l’Huma, le communisme… quand même … ! Aujourd’hui, plus qu’hier que vient y faire la Chanson ?
    Pour finir, une info : Bacchus et ses acolytes seront au Bijou pour une deuxième fournée de leur « Virage à droite » (la salle n’avait pu accueillir tout le monde la première fois !) les 23 et 24 octobre !

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  6. Patrick Engel 18 septembre 2014 à 13 h 51 min

    N’en jetez plus… N’en jetez plus…
    Cela dit, je suis fort sensible à l’honneur qui m’est fait de rajouter un « S » à mon patronyme, c’est tout à fait raccord avec la tonalité de la Fête de l’Huma qui met la barre à babord. Un Marx, et ça repart..!

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  7. fofingue 18 septembre 2014 à 20 h 28 min

    De bons moments de partage aussi vendredi sur la scène ZEBROCK c’est sur plus petite que la scène centrale mais avec une super ambiance au concert de Mr Yves Jamait et des reprise en chœurs telles qu’on ne peut les avoirs que dans ce genre d’endroit

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  8. Patrick Engel 19 septembre 2014 à 9 h 50 min

    Oui, bien sûr, grosse frustration de n’avoir pû être là dès le vendredi, entre autres pour Jamait et Florent Marchet, sans parler de Massive Attack… Next time !

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  9. Franck Halimi 19 septembre 2014 à 12 h 39 min

    Mon cher Patrick (que je ne connais encore point encore de visu, mais j’ose ici formuler le fol espoir que ce manque sera bientôt comblé), si je me suis autorisé à ajouter un « s » à ton pas trop Nîmes, c’est parce que je ne peux penser une seule seconde (même si mon imagination repousse parfois les limites du support-table -le pied, quoi-) qu’un seul et unique « ange » soit capable d’écrire avec autant d’esprit et de fougue => je suis prêt à prendre le pari que vous devez bien être 5 ou 6 à vous réunir pour servir dans le même corps d’art-mets…

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  10. olivier 20 septembre 2014 à 10 h 08 min

    Le chanteur des Scorpions c’est Klaus MEINE. Rudolph Schenker est le guitariste.

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  11. Patrick Engel 20 septembre 2014 à 15 h 43 min

    L’auteur de ces lignes, emporté par l’ambiance débridée de ce concert, vient d’être condamné à écouter en boucle les oeuvres complètes de Michel Sardou en bulgare, ça lui apprendra à mélanger les noms…
    Heureusement que nos Enlecteurs veillent !

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    • Norbert Gabriel 20 septembre 2014 à 16 h 57 min

      Elle a bon dos l’ambiance… Y avait pas que de l’ambiance, dirait un des tontons d’Audiard…

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  12. Patrick Engel 20 septembre 2014 à 17 h 34 min

    Ouais, mais quand même…. En bulgare, vous êtes durs !

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    • Norbert Gabriel 20 septembre 2014 à 18 h 23 min

      Pas tant que ça, moi j’aurais préconisé Mireille Mathieu en serbo-croate, c’est plus … viril, au niveau de l’expression vocale en terme de vocalises..

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  13. Ugo Berardi 25 septembre 2014 à 18 h 11 min

    C’est de vous « Heureux qui communiste a fait un beau voyage ? » Si oui c’est du génie. Bravo pour l’article. J’aime.

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  14. Patrick Engel 26 septembre 2014 à 9 h 34 min

    Tssss, tssss, n’éxagérons rien, cher Ugo…
    Quoi qu’il en soit, nous sommes (quasiment) incorruptibles à NosEnchanteurs, et la flatterie ne vous mènera à rien ! Mais c’est fort gentil. Cela dit, un jour, nous vous gratifierons peut-être d’un florilège des titres auxquels vous aurez échappés, chers Enlecteurs, tout du long de ces cohortes d’articles…

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    • Norbert Gabriel 26 septembre 2014 à 11 h 57 min

      Hum, où commence le « quasi » ?? et de quelle nature ??

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  15. Patrick Engel 26 septembre 2014 à 12 h 47 min

    Pas d’inquiétudes, Norbert, je garderai mes dossiers bien enfouis…

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