CMS

Laurent Viel : chansons en chair, aux enchères

Laurent Viel et Thierry Garcia (photo Cathy Lohe)

Laurent Viel et Thierry Garcia (photo Cathy Lohe)

Laurent Viel, Chansons aux enchères, 5 février 2016,Théâtre des Mathurins à Paris,

 

Des lots exceptionnels, du rêve pour pas cher, « voulez-vous les achetez comme ça / à la vente aux enchères ? » Drôle de commerce, des chansons, des rengaines, des tubes, du pas neuf mais pas de la brocante. Ici tout est restauré, pas forcément avec les matériaux d’origine. Ici on vend du bonheur, des p’tits airs. De tout et pour tout le monde. Ne vous attendez pas ici à des contrefaçons, de l’imitation, du toc. Tout est revisité, tout est de nouveau habité. On s’est parfois défait de vieilles empreintes pour d’autres pattes, d’autres patines, d’insolites et surprenants points de vue.

Deux bonimenteurs, nos enchanteurs. L’un à la voix, l’autre à la guitare. Ils ont, disent-ils, des lots exceptionnels, de ceux qui charrient des souvenirs, les leurs autant que les nôtres, des biens communs. Viel et Garcia ont bonne réputation, bonne presse. Des qui honorent le patrimoine, comme ils le font régulièrement de Barbara ou de Brel. Là, d’aucuns s’étrangleront à l’évocation de certaines chansons. Mais, que voulez-vous, notre bien commun est fait tant de Brassens que de Sylvie Vartan, de Johnny que Ferré, de Bashung que de Desireless. De toutes façons, la vente se fait par lots indivisibles : avec Piaf, t’as Dave, Sheila, les Rita Mitsouko et Mylène Farmer. T’as de tout à la vente aux enchères.

Ce n’est pas forcément Drouot mais Barbara est là qui voit se perdre un passé qui n’est plus. Et Gilbert fait des bécots… Parfois, la restauration a eu de ces coups de folie ou de géniale inspiration, mêlant, maillant deux titres en une seule thématique : la fille de joie qu’est triste de L’accordéoniste rejoint celles dont Brassens fait complainte. Parfois sans thématique si ce n’est le fun, l’énergie et la veste à paillettes. Du Vertige de l’amour au Voyage, voyage, Du côté de chez Swann à l’Etienne

D’un rôle à un autre, Laurent Viel excelle, sans plagier, en se réappropriant, en en faisant souvent autre chose. D’un tube parfois creux il fait un chef d’œuvre, comme ce Michèle de Gérard Lenorman qui accouple au Michelle des Beatles.

D’un genre l’autre, comme dans ce Comme ils disent qui est possible clef de compréhension de cette désirable compilation, qui charrie le futile et l’Utile, Alors on danse comme Foule sentimentale, Le tango des bouchers de la Villette comme Bang bang. Et Gabrielle : « Oh, finis, finis pour moi… »

Il y a de tout de cette vente aux enchères mise en scène par Xavier Lacouture. De la grande histoire amour comme des coups de pied au cul, des parts de nous, des petits riens qui comptent beaucoup et nous sont comme repères. Avec pour l’heure et comme commissaires priseurs de brillants artistes qui ont l’art et la manière de prendre la chanson, petite ou grande, pour ce qu’elle est : un repère, un coffret de perles, un trésor, une transmission, les cailloux du petit Poucet, quelque chose d’insignifiant et de très important à la fois. Que parfois on retrouve, parmi quelques brocantes, dans les paniers d’osier de la salle des ventes.

 

Le site de Laurent Viel, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Tous les vendredis à 19 heures et les samedis à 17 h et à 19 h (relâche exceptionnelle le 12 février) au Théâtre des Mathurins à Paris 8e, a priori jusqu’en fin avril et plus si affinités Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Laurent Viel : chansons en chair, aux enchères

  1. Franck Halimi 10 février 2016 à 15 h 55 min

    Bravo, Michel.
    Cette façon de s’approprier la proposition artistique pour qu’elle constitue la matrice de ton papier est remarquable.
    Et la forme est à l’avenant => joli coup et merci !
    En tout cas, ça donne envie…

    Répondre
  2. Pol de Groeve 15 mai 2016 à 23 h 40 min

    Très belle soirée que j’ai passée là ce samedi 14 mai. La complicité entre les deux artistes fonctionne à plein, le choix des chansons et leur mixage sont des plus malins, Laurent Viel se révèle aussi bon comédien que chanteur… Que du bon, quoi ! Et puis, un spectacle qui nous rappelle combien la chanson est importante dans notre vie et combien elle a un rôle dans la formation de notre personnalité, qu’il s’agisse d’un simple tube de variétés ou d’une œuvre immortelle, comment ne pas y adhérer ?
    Bref, un spectacle que tout qui se prétend amoureux de la chanson française (sans barrière ni chapelle) se doit d’aller applaudir.

    Répondre

Répondre à Franck Halimi Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives