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Blanzat 2016. Melissmell, l’Ankou, un 14 juillet

Melissmell, ce 14 juillet... (photos Serge Féchet)

Melissmell, ce 14 juillet… (photos Serge Féchet)

« J’ai claqué la porte aujourd’hui / Au nez de la belle innocence / La muerte / Je vous la rend mon âme / Je sens déjà les flammes ». Blanzat, salle de la Muscade. La scène est sombre à plus d’un titre. Ça sent le souffre et la souffrance. En avant-première, Melissmell y présente de larges plages de son nouvel album, de son Ankou, génie de la mort qui tient le haut du pavé, d’une actualité qu’il nourrit plus encore qu’à l’accoutumée.

FEC_0410Comment peut-on peupler la scène à si peu, à deux, presque la vampiriser ? Elle à son piano-jouet tout petit, à ses bidules électroniques, à ses samples. Et Matu à d’autres trucs électroniques et au clavier. Du gros son, ample, généreux, qui fait le douillet lit de sa colère, son ici un peu tenu en laisse, bridé. Car la salle n’est pas grande et ce public chansonnier aime particulièrement entendre ce qui se chante. Et ce qu’elle nous dit est d’importance. Il y a en elle un peu beaucoup du chant des hommes, pile au centre de ce monde entrechoqué de plaques tectoniques, de guerres, de haines et de doctrines, de fous de dieu, de cette drôle de planète qui file un mauvais coton, où on ne se comprend plus, où on ne s’aime plus, d’où ne fleurit plus l’espoir. Où l’Ankou est de la fête. Il est 23 heures et quelques ce 14 juillet 2016. Sur la Promenade des Anglais, un camion ivre armé de noirs desseins fauche son comptant de vies, au nom d’un supposé dieu, en raison de la folie, d’une folle pulsion meurtrière. Il est 23 heures et quelques ce 14 juillet 2016. Sur la scène de la Muscade de Blanzat, où Melissmell tutoie et rudoie Dieu, Boudha, Allah. Elle ne sait pas, nous ne savons pas, ce qui se passe au même moment à six cent kilomètres de là. Mais c’est cette même horreur qu’elle chante, nourrie de la colère intacte de Charlie-Hebdo et du Bataclan, de leurs répliques comme on le dit d’un tremblement de terre… « Pendez, pendez votre dieu / Comme vous pendez les femmes / Et pendez le diable par la queue / Comme vous pendez les femmes par les yeux… » Blasphème, sainte colère. Dans un déluge maitrisé de son, en pleine lumière comme, l’instant d’après, dans la quasi obscurité de presque tableaux de De la Tour, Melissmell tonne de sa voix, de son cri.

FEC_0488On l’a sans doute souvent dit : il y a en Melissmell, en sa voix, en sa démarche, en sa quête, en sa vérité, un peu de ses illustres prédécesseures que sont Ribeiro, Mama Béa, Magny même. Il y a en cette scène un peu des noires messes de Catherine Ribeiro où, signe des temps, les bougies sont remplacées par une simple douille, une ampoule. « J’entends monter les voix / Le monde est à refaire ». Proches incantations, à la vie, à l’amour, à l’amour de la vie face à la mort certaine, à la récolte de l’Ankou qui nonchalamment continue sa promenade, sa sinistre moisson. Compagnonnage d’une artiste en souffrance qui le côtoie, qui presque s’en fait un ami…

Dès après le concert, ce formidable concert d’une Melissmell habitée, nous apprendrons ce qui vient de se passer à Nice. « Ce moment où tu sors de scène, rempli de joie, d’amour et que tu prends la vérité en pleine face. Ce moment où tu passes de la lumière à l’ombre. Ce moment absurde. Il faut rester dans la lumière, il faut lutter contre l’obscurantisme » a depuis écrit Melissmell sur sa page facebook. Étrange impression pour elle, pour nous, colère aussi. Il nous faut tordre le cou à l’Ankou.

 

La page facebook de Melissmell, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

4 Réponses à Blanzat 2016. Melissmell, l’Ankou, un 14 juillet

  1. Gallet 18 juillet 2016 à 14 h 00 min

    Ces magnifiques Rencontres de Blanzat m’ont permis de revoir Melissmell déjà vue en spectacle et de n’y comprendre rien ou si peu . Me reste « Pendez votre dieu » guère plus. Je ne comprends toujours pas à qui s’adresse cette puissance sonore, cette agressivité…(je la prends pour moi, je ne lui avais rien fait… sinon l’effort de revenir la voir !)
    Tout le contraire de Batlik ou de Sages comme des sauvages chez qui je ne comprends pas tous les mots bien sûr, mais j’ai envie d’en découvrir davantage, de réécouter, de lire les textes. Ce que j’ai vu sur la scène m’y invite. De Mélissmell je me rappelle quand elle s’occupe de ses affaires, de son tabouret, de sa loupiote… ce sont ses affaires, pas les miennes. Je ne vois pas ce qu’on peut partager .
    Jean Paul Gallet

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  2. Stéphane 19 juillet 2016 à 0 h 54 min

    « XXXXX » est en fait François Matuzenski, dit « Matu » : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Matuszenski ;-)

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    • Michel Kemper 19 juillet 2016 à 8 h 21 min

      Oups ! une correction -plutôt une info à aller chercher- que je n’avais pas faite avant de publier. Mes excuses !

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  3. Catherine Laugier 2 septembre 2016 à 18 h 05 min

    Oui, Matu était déjà au clavier etc… en avril 2015
    http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2015/04/18/melissmell-lenergie-du-desespoir/
    Nouvelle vidéo de l’album : https://www.youtube.com/watch?v=Jw3F9TI-Fr4 (Le chant des éclairés)

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