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Avignon Off 2016. Danny Buckton trio, à cœur fendu à corps perdu

ALBUM "DES FEMMES ET DU NÉANT", AUTO-PRODUIT 2014 Tout en carton pour l’écologie, illustré avec talent avec un paysage dépliant en 3 D comme dans les contes pour enfant, 9 titres dont Valse pour rien parodie loufoque de Leprest, la douce Une cigarette à la fenêtre inspirée de la prière de Francis Jammes, l’évocatrice Rue Montorgueil, le duo pathétique avec Raphaëlle Sahler Femme de Bourgeois qui évoque le triste sort d’une putain, ou le terrible J’irai crever. Coup de projecteur du Centre de la Chanson en janvier 2015.

« DES FEMMES ET DU NÉANT », AUTO-PRODUIT 2014
Tout en carton pour l’écologie, illustré avec talent avec un paysage dépliant en 3 D comme dans les contes pour enfant, neuf titres dont Valse pour rien parodie loufoque de Leprest, la douce Une cigarette à la fenêtre inspirée de La prière de Francis Jammes, l’évocatrice Rue Montorgueil, le duo pathétique avec Raphaëlle Sahler Femme de bourgeois qui évoque le triste sort d’une putain, ou le terrible J’irai crever.
Coup de projecteur du Centre de la Chanson en janvier 2015.

Off Avignon, Théâtre l’Arrache-Cœur, salle Moustaki, Des femmes et du néant, 15 juillet 2016, 13 heures 30,

 

Nous les avions laissés à Vive la reprise en 2014, débordants d’énergie, ce trio composé de Danny Buckton, auteur compositeur guitariste interprète (tant de talents dans un seul homme, ça tient du miracle), bouille juvénile entre Pierre Perret au même âge et Patrick Dewaere, de Côme Huveline aux percussions et à la guitare, visage et cheveux d’ange, et de Renan Richard mince et brun joueur de flûte saxophone baryton, magicien du mélodica, glockenspiel et toy piano. Ils ont depuis bien fait leur chemin, raflant tous les prix aux Reprises 2015 et en Suisse en 2016. Et sortant un superbe CD en 2014.

Le temps de se mettre en scène avec une pirouette musicale, « 1 et 2 et 3 et 4 et lalala » (parce que les gens n’écoutent jamais les paroles de la première chanson) nous entrons de plein pied dans les références musicales de ce jeune groupe, biberonné aux plus grands, Brassens ou Leprest, digérés, réincarnés plutôt dans une écriture riche et précise au long de chansons poétiques, où la qualité des paroles n’a d’égale que le talent de comédien du chanteur et l’inventivité de la musique. Titres fleuves non par leur longueur qui reste classique, mais par la densité de leur écriture, où les mots s’écrivent à l’ancienne : « J’aurais voulu dire ma belle / Montez donc dans la carriole / Pour m’y offrir le septième ciel / qui se cache entre vos guiboles » ou pas « Au lieu de ça je dis blondasse / fourre-toi dans la caisse illico / Et enlève ce truc de pétasse / Je veux voir ce qu’il y a sous le capot ». L’auteur sait trouver la formule  choc « Et Dieu sait que le tact en amour / C’est le cornichon sur la rillette », manier l’anaphore et suggérer des images « Par le lit dévasté / Par ton corps en travers »

La voix bien placée, expressive, émouvante du chanteur a cette qualité de plus en plus rare, une diction parfaite : même au plus fort des improvisations du superbe saxo de Renan, même dans les grooves de batterie les plus éclatants, même lorsque le rythme monte et que le son enfle, nous emportant dans l’émotion pure, on ne perd jamais rien de ses mots si évocateurs.

Si Danny a le visage souriant, manie férocement mais – c’est  paradoxal – tendrement l’humour, et que la musique n’engendre pas la mélancolie, même si ça ne saute pas tout de suite aux oreilles, on s’aperçoit très vite que le message du groupe est très, très noir, dans un constat lucide sur notre monde. Ce n’est pas par hasard que le spectacle s’intitule Des femmes et du néant. Des femmes… celles qu’on souhaite oublier, celle qu’on aura sans doute (mais c’est désespéré), les minettes « plus averties qu’ingénues », celle avec qui l’on finira sa vie « Quand à deux on fera deux cents ans / Je m’rassurerai en te regardant / un sac d’os ça peut-être vivant ». Celle qui vous consolera si le monde s’écroule « Je veux mourir demain/ Sous la caresse lente d’une chair enivrante. » Et le rêve du facteur, où l’on pleure de rire, « juste une petite signature et je vous prends dans mes bras » mini scénario pour ce vieux succès du groupe où les instruments montent en puissance  dans un orgasme très réussi et qui n’est pas que musical !

Quant au néant…c’est le désespoir de cette dernière chanson dans la Seine « Paris a eu ma peau », la créativité de ces mots sur la mort « Avant que les racines ne me chatouillent le fond de la gorge », la solitude Brélienne du pilier de bar de Q.G. et la foudroyante Une bonne guerre au message très virulent, si actuel « Ce qu’il leur faudra c’est un prophète et la meilleure des paraboles / Pour pas qu’on les noie dans l’pétrole et qu’on y craque l’allumette. »

Si vous cherchez l’équilibre parfait entre beauté, sonorité et  puissance du texte, musique valsant entre rock, jazz et java, talent des interprètes, courez au Théâtre de l’Arrache-Cœur, salle Moustaki  13, rue du 58e RI Porte Limbert (i7 sur le plan d’Avignon), à 13h30 jusqu’au 30 juillet, ou retrouvez-les à Barjac sous le Chapiteau à 18h30 le 3 août.

 

Le site de Danny Buckton trio c’est ici ; pour écouter leur disque c’est là.

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