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Fête de l’Humanité 2016 [4/4] : Quand je n’ai pas de bleu, je mets du rouge…

Voulzy et Souchon (photos Vincent Capraro, sauf mention contraire)

Voulzy et Souchon (photos Vincent Capraro, sauf mention contraire)

Dimanche 11 septembre,

 

Ça pète, hein, de citer Picasso d’entrée de jeu ! Rassurez-vous, ça sera l’unique et dernière fois dans cet article, et je vous épargnerais la litanie des références culturelles au sein de la production automobile française, même si il y aurait de quoi faire, rien qu’entre Polo, Clio et Zoé, tiens, au hasard (oui, ça sent le petit jeu de l’automne, ça…). Bref, vous le savez, puisque vous nous lisez : à NosEnchanteurs, nous sommes des guedins, des fous furieux, des esthètes, des esprits libres, fiers et forts. C’est pourquoi en ce petit matin froissé, et à l’unanimité de notre petite troupe, il est décidé de façon (presque) collégiale que le petit déjeuner se fera résolument aujourd’hui sous le signe d’une solide fondue savoyarde arrosée de gouleyants breuvages idoines. Voilà. Non mais oh. Le temps d’une agréable matinée à tituber errer dans les allées du Village du livre et des associations, le temps de faire quelques belles rencontres humaines et d’échanger un peu le plus agréablement du monde, nous reprenons notre course folle d’une scène à l’autre, infatigables chantres utopistes en quête d’une monde meilleur et d’une petite bière bien fraîche.         

Scène Zebrock, 15h : Nous ne sommes que de passage vers un autre concert, mais nous nous posons un cours instant afin de profiter un peu des balances de Pagan Poetry, groupe féminin tout de blanc vêtu, modernes vestales estivales ensorcelant déjà la scène de leurs ambiances planantes et éthérées. Un moment bien trop court, porté par une belle formule  voix/claviers/violon/violoncelle et autoharpe, de quoi donner envie de découvrir plus avant l’univers singulier de Nathalie Réaux, entre invocations et plaisantes psalmodies…

Sages comme des sauvages (photo DR)

Sages comme des sauvages (photo DR)

Mais déjà nous filons jusqu’à la Petite Scène pour profiter comme il se doit de la prestation attendue de Sages comme des sauvages, déjà croisés plusieurs fois sur scène, notamment lors de l’excellent festival  Taparole. Vêtus de tenues chamarrées, bottines bleu électrique aux pieds pour elle comme pour lui, Ava Carrère et Ismaël Colombani se présentent comme à leur habitude coiffés de charmants bibis, le visage peinturluré d’étranges peintures de guerres rouges, même si l’on n’aime guère que la paix. A ce duo de choc se rajoute deux sur trois de surcroit un percussionniste talentueux et une bassoniste qui ne l’est pas moins, fièrement sanglée dans un étonnant uniforme de soldat d’opérette, mais néanmoins excellente instrumentiste de derrière les fagots (cette facilité capillotractée vous est gracieusement offerte par le Syndicat de Joueurs et Joueuses de Basson, que nous en profitons pour saluer bien amicalement…). En deux coups de cul hier à Pau cuillère à pot, le duo fantasque et ses acolytes nous emmènent dans une amène sarabande sans frontières, quelque part entre maloya, chanson française et rebetiko, le tout sous les ombres tutélaires d’Alain Péters et de Danyel Waro.

Sages comme des sauvages-page-001Le conseil d’entrée « N’hésitez pas à faire n’importe quoi ! » sera suivi à la lettre par un public conquis et en délire ! Dans une très belle ambiance, nous méditons un instant sur ce beau voyage (presque) immobile. Ou de l’importance de la danse tribale en tant qu’exutoire social collectif… Sur la droite de la scène, nous apercevons une partie du musée de l’Espace et de l’Aviation tout proche : par-dessus les têtes du public, la fusée Ariane 5 semble n’attendre que le carburant de nos rêves pour les emmener dans les étoiles… Vous regrettez de ne pas avoir un aperçu des mignons couvre-chefs arborés par nos deux sauvages du jour ? Qu’à cela ne tienne, ils ont tenus ci-contre à vous adresser un petit mot, chers Enlecteurs, et à vous en donner une petite idée… C’est zouli, hein ?

Fredo

Fredo

Deux vieux gamins nous attendent sur la Grande Scène, que nous ne raterions pour rien, mais nous trainons tout de même un tout petit peu histoire de partager quelques beaux instants avec Fredo, des Ogres de Barback, qui nous offre son Renaud à lui. Coup de pot, c’est aussi celui que nous aimons !  Quel régal que ces interprétations au cordeau de Télé Foot, Je suis une bande de jeunes ou Étudiants poil aux dents… Si le magnifique Banlieue Rouge s’impose en ces contrées gauchistes, le non moins poignant Société tu ne m’auras pas laisse pour le moins songeur en pensant au Renaud d’aujourd’hui… Et plus que jamais la question se pose : C’est quand qu’on va ou ? Vous vous consolerez aisément en relisant l’interview de Fredo dont notre confrère Vincent Capraro vous avait réservé la primeur dans le premier papier de cette série…

IMG-3639b,medium_large.1473635727Allez, à table, 17h30 c’est l’heure des sushis ! Des sushis à l’heure du gouter me direz-vous ? Mais oui, les fameux Sushis & Voulzon, euh pardon, Souchon & Voulzy ! La foule, sentimentale, est au rendez-vous en masse devant la Grande Scène pour accueillir comme il se doit les deux éternels gamins déconneurs, très classes dans leurs costards façon Men in Black. Lesquels attaquent bille en tête avec Jamais content avant le beau titre Il roule (les fleurs du bal), tiré de leur récent album  commun.  Facétieux, ils donnent aujourd’hui le tout dernier concert d’une tournée de 100 dates  (!) et entendent visiblement bien en profiter jusqu’au bout… Les titres d’anthologies s’enchainent sans faiblir (Poulailler’s  Song, Le soleil donne, Allo maman bobo, La ballade de Jim, Le pouvoir des fleurs, Jeanne), en un équilibre parfait entre leurs répertoires mêlés  et emmêlés. Allez, soyons honnête (une fois n’est pas coutume !) et confessons une petite préférence pour le répertoire souchonien, et une petite tendresse particulière pour l’homme que je soupçonne, en toute impartialité, d’être tout simplement un mec bien… Ne me détrompez pas, s’il vous plait ! Vient le moment, dramatiquement d’actualité,  du titre Et si en plus y’a personne (et si le ciel était vide). Un instant de grâce suspendu pour une chanson parfaite qui est tout à fait notre tasse d’athée… Nos frenchy Simon & Garfunkel se lancent alors dans un Bagad de Lann Bihoué effréné durant lequel Laurent Voulzy, gilet bleu et tambour du même métal, campe, impassible un magnifique tambourinaire de bagad.  Rejoint sur quelques titres par Elsa Fourlon, céleste harpiste aux étoiles, les deux comparses envoient un Foule Sentimentale incontournable, juste avant un Rockcollection d’anthologie, écho faisant de drôle de façon à celui revisité la veille par les barjot de l’Opium du Peuple (voir ci-dessus, suivez un peu, merde !). Et puis, et puis, vient le moment des adieux sur Belle-Île en Mer. Juste devant nous, une gamine d’à peine dix ans ne quitte pas la scène des yeux et connait toutes les paroles par cœur… Qui a parlé de fossé des générations ? Peu à peu, derrière les micros, les voix s’estompent, la guitare seule accompagnant une foule énorme vibrante, à l’unisson, émue aux larmes…          

La Caravane passe (photo DR)

La Caravane passe (photo DR)

Alors que les cohortes de spectateurs toujours sous le charme se dirigent vers la sorties de ce dernier jour de fête, nous grapillons encore un peu de bons moments en rejoignant le camping déserté afin démonter le campement. Sur le chemin, petit bonus à la folle énergie avec l’ultime concert de ces trois jours, concert offert par les fous furieux de La caravane passe, comptant en leurs rangs quelques histrions du groupe Soviet Suprem. Dans le public, les derniers irréductibles trouvent encore la force de faire honneur au folklore mondial de ces farouches manouches, bain bouillonnant et énergique de rock gitan, de jazz électro et de fanfare d’Europe de l’Est. Tandis que les chiens aboient, le groupe termine son concert en descendant jouer en acoustique au milieu de la foule, et pour les applaudir encore et encore, en un ultime hommage à ces moments de folie partagée, je vous prie de croire qu’il y a encore du monde aux Balkans…

Des étoiles plein les yeux, plein les oreilles et le cœur, le retour se fera en rêvant comme il se doit, à des lendemains qui chantent, à espérer encore et toujours en l’Homme, à penser que malgré tout, le meilleur reste à venir. Et que demain est un autre jour…

 

Les albums photos de Vincent Capraro : Alain Souchon & Laurent Voulzy et Frédo des Ogres. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Frédo, c’est ici, de Souchon et Voulzy c’est là.

La première partie de ce périple à la Fête de l’Huma 2016 c’est ici ; la deuxième partie c’est là ; la troisième c’est ici.

2 Réponses à Fête de l’Humanité 2016 [4/4] : Quand je n’ai pas de bleu, je mets du rouge…

  1. Gallet 22 septembre 2016 à 17 h 20 min

    du rouge, comme sur le visage de Sages comme des sauvages…
    Si je n’ai jamais vu Souchon et Voulzy (craignant et refusant les Zénith), j’ai eu le grand plaisir d’applaudir Ava et Ismaël à Blanzat, avec « On connait la chanson ». Même que c’était sacrément bien et beau …
    JPaul Gallet

    Répondre
  2. Rétrolien 23 janvier 2017 | La vie en rose

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