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Fête de l’Huma 2016 : en avant, Marx ! [3/4]

Polnareff sur la Grande scène de l'Huma (photo Vincent Capraro)

Polnareff sur la Grande scène de l’Huma (photo Vincent Capraro)

Samedi 10 septembre (suite),

 

Rappelez-vous, chers petits amis : nous en étions au milieu d’après-midi de ce second jour de l’Huma lorsque nous convînmes de concert de faire une petite pause salutaire au milieu de ce roboratif récit.  Vous avez fait pipi ? Mangé un petit quelque chose ? Parfait, on y retourne !

19h30. Installés de nouveau sur la (petite) colline surplombant la Grande Scène, nous attendons de pied ferme le concert de Michel Polnareff, 72 ans aux prunes, tout de même… Avant même le début de l’évènement, car c’en est un c’est sûr, son instinct ne le trompe pas (amis renaldiens, bonjour !), l’ambiance est à la hauteur de l’attente (amis du camping, bonjour…). La foule est dense, les chansons fusent et quelques Polnareff d’opérette rivalisent à qui mieux mieux de ressemblance. C’est bien simple, on pourrait presque se croire dans une pub connue mettant en scène des sosies approximatifs (voir supra pour l’adresse du chèque). Un concert de Polnareff, quoi que l’on puisse penser de son répertoire, c’est tout de même un truc à voir ! Pensez, l’animal a su se faire rare, entre un exil fiscal séjour aux States et une réclusion de 800 jours dans une suite luxueuse du Formule 1 de Nœux-les-Mines Royal Monceau de l’avenue Hoche pour y peaufiner Kama Sutra, entre 1989 et 1992. Je vous glisse ça juste pour information, sachant que l’immense majorité de nos chers Enlecteurs étaient à peine nés à l’époque…

Repris en chœur par tout le public, un décompte sur les écrans géants donne à la grande scène des allures de Cap Canaveral, et voilà que résonne le riff d’intro de La poupée qui dit non. Embrasement général du public, et c’est peu dire de parler de ferveur populaire ! Je suis un homme, L’amour avec toi, Qui a tué grand-maman, Toi et moi, Lettre à France, Le bal des Laze, Holidays, Tam-tam, les titres s’enchainent avec cette impression étonnante d’être face à un jukebox géant égrenant les tubes, et de se dire à chaque instant « Ah oui, c’est vrai, celle là aussi elle est de lui… ». Même si le bonhomme s’affiche un peu plus replet que sur une certaine affiche de dos (souvenez-vous, celle-là aussi, elle est de lui), force est d’avouer que la voix est toujours là et bien là, certain chanteur énervant que nous avons tant aimé ne pourrait en dire autant… Choix esthétique étonnant, les deux écrans géants latéraux retransmettent le concert en noir & blanc, ce qui n’est pas vilain, d’ailleurs. Entrée en scène d’un grand piano de concert, puis d’un trio de choristes, lesquelles apportent leur touche à d’impressionnantes envolées lyriques.

Un petit coup d’œil circulaire me confirme ce que nous savons tous : c’est fou ce qu’une chanson peut apporter aux gens. Il n’est que de voir les visages extatiques et les sourires radieux. Le plus fou est que le public est relativement jeune, voire très jeune, et reprend tous les titres à pleins poumons, tous ! Sur Love me, please love me (je suis fou de vous), les lumières commencent à caresser la nuit tombante, telles de grandes orgues lumineuses célébrant amours et délices… Le temps pour notre Mimi d’aller se repoudrer un peu le nez (et hop, un procès !), nous avons droit à un chouette duel de guitar-heroes sur Smoke on the water, avant un Je t’aime (on ne reviendra pas) d’anthologie. Juste devant nous, dans l’herbe, une petite fille valse langoureusement avec son papa, c’est adorable ! Enfin, espérons que c’était son papa… Petit clin d’œil hommage en passant au Nabot Kid de Cincinnati avec un petit Purple Rain émouvant, puis clôture avec un Y’a qu’un cheveu (dispensable), suivi de Goodbye Marylou et On ira tous au Paradis, titre qui restera dans toutes les oreilles longtemps après le concert…

The Che (photo d'archives DR)

Des lasers et des projections en veux tu en voilà (photo d’archives DR)

Même endroit, 21h40. Après quelques rafraichissantes libations variées (croisé une fille au t-shirt siglé « Je m’appelle Modération, consommez avec moi »…), un petit tour de grande roue évoque, ma foi, de bien beaux souvenirs… De ce poste d’observation privilégié, le regard embrase un horizon citadin fantasmagorique, avec une énorme lune orangée semblant posée au loin telle une bulle géante, entre le Sacré Cœur et la Tour Eiffel. Revenus sur le plancher des vaches, nous nous posons à nouveau pour le concert (« show » serait plus exact…) des mancuniens de The Chemical Brothers. Un son énorme, des big beats à foison, des lasers et des projections en veux tu en voilà pour un live de musique électronique se voulant une expérience totale qui en met plein les yeux et les oreilles. Le duo de bidouilleurs sonores envoie du lourd, pour un résultat somme toute aussi mitigé que les avis seront finalement partagés dans le public, les aficionados se pâmant là ou d’autres trouveront que la magie n’opère pas vraiment, allant même jusqu’à évoquer certaines prestations de Jean-Michel Jarre ou David Guetta (si, si). La frontière est parfois ténue entre grandiloquence et esbroufe…

23h030. Nous dirigeons nos pauvres petits corps fourbus vers la (pas si) Petite Scène, sur laquelle nous nous régalons à l’avance de retrouver les légendaires keupons intègres que sont les Sales Majestés. Las, suite à une erreur sur le programme, nous nous apercevons, avec le désappointement que l’on imagine, que ce ne sont pas les fameux briscards qui se produisent, mais un obscur groupe dont nous captons à peine le nom. Curieux, nous squattons tout de même au pied de la scène et établissons un semblant de poste d’observation  susceptible d’être ravitailler aisément en rafraichissements houblonnés de toutes obédiences… Bien nous en pris, comme nous allons vous le compter.     

L'Opium du peuples (pgoro DR)

L’Opium du peuples (photo d’archives DR)

27h18. Il s’avère que le groupe en question se nomme l’Opium du Peuple, et que le moins que l’on puisse dire est qu’il nous a flanqué une putain de grosse claque musicale ! Imaginez une bande de zozos déchainés mais très pros, une grosse huitaine à vue de nez, reprenant à leur sauce punk très musclée une farandole de titres tirés parfois de la variété la plus éhontée, le tout avec des guitares électriques énormes et un batteur à la crinière homérique headbangant comme dans le Muppet Show (vous la voyez l’image, hein ?). Slobodan (sic), chanteur bedonnant à l’énergie débordante n’est pas sans évoquer le regretté John Belushi dans les Blues Brothers et la séquence culte de l’église, à cette différence près qu’il est capable de terminer en string en porte-jarretelles en beuglant les Corons de Pierre Bachelet (celle là aussi vous la voyez, l’image ?). La mise en scène est inventive et délirante, et ces bêtes de scène balancent d’irrésistibles brûlots metallo-punkoïdes et pas des moindres, jugez plutôt : Sans contrefaçons (M.Farmer), L’été indien (Joe Dassin) ou Prendre un enfant par la main (Duteil). Les Opiumettes, choristes déjantées ne sont pas en reste et sont bien tout sauf des potiches ! Ainsi, sur Le lion est mort ce soir, l’une d’elle, sexy en diable(sse) déboule en scène avec une cornemuse, transformant le titre en gigue irlandaise échevelée… Grand moment également sur la relecture étonnante des célèbres Nuits d’une demoiselle. Enfin, préfigurant un des grands rendez-vous du dimanche, hommage déjanté est rendu à Laurent Voulzy avec une adaptation très libre du fameux Rockcollection à la sauce heavy-métal, à base de refrains du genre « Et Motörhead chantait » ! Un grand moment absolument jubilatoire que cet Opium du peuple dont nous ferions bien notre religion, et encore, imaginez l’ambiance dans la foule !

28h52. L’ultime concert de la journée se termine à peine que voilà qu’au détour d’une allée, nous rencontrons [le passage suivant renfermant des anecdotes d’ordre diffamatoire mettant gravement en jeu la réputation et l’honneur d’une partie non négligeable de la fine fleur de la Chanson Française de Qualité, la rédaction de NosEnchanteurs se voit contrainte d’en expurger les éléments susceptibles d’entrainer de nouvelles poursuites judiciaires en vertu de l’article 65 du Code de Procédure Pénale et de la loi du 29 juillet 1881 relative à la liberté de la presse], ce qui fait que nous avons bien ri…

35h46. Heureusement que demain est un autre jour !

 

Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Michel Polnareff, c’est ici ; les photos de notre confrère Vincent Capraro, c’est là.

La première partie de ce périple, c’est ici ; la deuxième, c’est là ; la quatrième et dernière, c’est là.

Une réponse à Fête de l’Huma 2016 : en avant, Marx ! [3/4]

  1. Franck Halimi 18 septembre 2016 à 11 h 30 min

    Patrick Engel se lâche de plus en plus, pour notre plus grand plaisir, avec cette lecture dominicale des plus jubilatoires.
    Merci, ça fait vraiment du bien de lire une telle verve déconoclaste !

    Répondre

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