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Clémence Savelli, des chansons qui ruinent l’indifférence

imageÇa aurait pu n’être qu’un disque de chansons d’amour, comme l’est son entame sentimentale : « Promène-moi dans tes bras / Moi je ne suis rien sans toi… » De belles chansons de cette jeune femme qui sait manier sa plume non comme personne mais bien mieux que la plupart de ses collègues.

Mais c’est Clémence Savelli et ce serait mal la connaître. La chanson qu’elle pratique aime à se mêler des événements de ce monde, de l’actualité, de comment nous vivons, de comment c’est difficile.

Nulle surprise donc que nous trouvions sur cet album – son quatrième – un titre sur les réfugiés (« Les jours de guerre, le cœur brisé / Les nuits de peine à chavirer / Sont derrière toi / Ce soir, t’y vas »), un autre sur les attentats, en l’occurrence ceux du 13 novembre (« Novembre noir / Novembre cauchemar / Ce soir, les loups sont entrés / Paris tremble de peur / Paris court, Paris pleure / Paris crie sa rage d’exister »). A savoir les deux sujets les plus traités par la chanson actuellement, avec beaucoup de réussite d’ailleurs, si toutefois on peut s’exprimer ainsi. Il vous faut écouter Ciao et Novembre noir, exemplaires chansons. Et Mise au jean, sur l’ordre vestimentaire misogyne, sur la condition des femmes, sur cette violence insupportable vécue au quotidien : « Regarde, frangine, la vie t’attend ! / Exige, frangine, le même rang ! » Savelli est coutumière du fait, entre chanson de circonstance et chanson engagée. Les blondes ne comptent pas pour des mirabelles, celle-ci moins encore. Et ses chansons font du bien. On aimerait juste qu’elles gagnent en audience (mais comment ?), histoire de ne pas rester dans un entre-soi rassurant car acquis.

Cet album, Clémence Savelli l’a écrit, composé et produit. Rupture artistique, mais pas que, d’avec son précédent pianiste ; et c’est l’ami Jean-Louis Beydon qu’on retrouve sur la plupart des plages (Savelli joue du piano sur deux titres). Bandonéon, accordéon, claviers et programmations sont assurés par Patrick Brugalières, par ailleurs arrangeur de cet album. Difficile de bien classifier (le faut-il ?) cet album qui, bien qu’il soit de chanson, lorgne parfois par ses sons vers la variété, le rock, le slam même.

Dans la génération montante, Clémence Savelli est une des artistes les plus importantes, parmi celles qui ont le plus de choses à dire, héritière qu’elle est de dames comme Sylvestre et Solleville, Bernard et Pestel, Bihl et Clarika. De celles qui ne chantent pas que pour se distraire, que pour passer le temps…

Dommage que Clémence Savelli semble condamnée à exercer hors des réseaux (ces maudits réseaux qui quasiment décrètent qui a le droit de chanter ou non), souvent hors du public qu’elle mérite et qui, de fait, ne la connaît pas. Allez l’écouter sur Deezer puis achetez ses disques, offrez-les. Et exigez de votre programmateur de proximité de la faire venir. Nous méritons tous Clémence Savelli, pourquoi nous en priver ?

 

Clémence Savelli, Le cœur comme une bombe, BeDo-Wap 2016. Le site de Clémence Savelli, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

5 Réponses à Clémence Savelli, des chansons qui ruinent l’indifférence

  1. Marco Pommier Manzano 6 janvier 2017 à 13 h 29 min

    Ce disque est incontestablement un disque réussi !!! la première chanson semble dérisionner toutes cuculapralmineries que l’on nous balance nombrilement « c’était toujours l’hiver – dans cette grotte sans lumière – il jouait avec le feu- on se brûlait à deux – il ramassait des épines- qu’on s’enfonçait dans l’échine – je dévorais des narcisses – pour oublier l’abysse…
    Le disque de Clémence et celui de Pierre Paul Danzin sont des très gros coups de cœurs de l’année 2016, mais hélas, je n’ai que très très peu d’influence sur les programmateurs des centres culturels ou des festivals (où il y a toujours quelques ayatollahs incontournables qui prétendent détenir une espèce de vérité sur la chanson). Les débuts de la revue Hexagone sont très respectueux de la diversité, des différentes générations d’artistes !!! oui, il faut s’abonner pour soutenir !!!
    Positifs, oui, nous devons le rester, car il existe un nombre incalculables d’artistes talentueux où en phase de le devenir (à condition que…). L’ensemble des blogs ou des radios associatives ont toute cette attention envers les différentes générations. La chanson est un immense espace sans murs, sans toit… Si chacune, chacun de nous transmet, partage ses coups de cœur, nous pouvons toujours gagner des auditeurs ou des lecteurs supplémentaires !!!
    C’est terrible, mais nous apparaissons comme des audacieu(ses)x d’écouter ou d’aller voir des concerts d’artistes non médiatisés. Certes tout le monde sur terre n’a pas la même passion… Mais il y a une multitudes de gens qui aimeraient tout comme nous découvrir (à condition de ne pas chercher à prétendre auprès d’elles et d’eux, qu’untel unetelle est meilleure !).

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  2. L.M 6 janvier 2017 à 19 h 20 min

    Ô merci pour cet article. Je me sentais un peu seul lorsque j’ai chroniqué ce disque à sa sortie. Que de fois n’ai-je reçu de messages ‘indignés’, en privé, par mon enthousiasme pour cette grande artiste de la part de gens pour qui la chanson dite femme s’arrête à Anne Sylvestre, Barbara (tout au plus exception pour Agnès Bihl). Quant aux réseaux et autres programmateurs dont il est question, n’oublions pas également qu’ils se cassent la gueule. On soulignera l’implication du label TH qui avait produit justement le spectacle ‘Cendrillon deviendra grande’ de Clémence Savelli au Théâtre le Gouvernail en 2015 et 2016, avec de très bons échos (ainsi que les soirées Chanson j’écris ton nom et Vincent Ahn). Il y aussi le label Tacet qui est remarquable. Mais on se doute bien que ce sont des initiatives folles et isolées.

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  3. POMMIER Marc 6 janvier 2017 à 21 h 52 min

    Hélas, ce genre d’indignés en plus en coulisses portent tort aux artistes qui n’ont pas besoin de cela …

    Anne SYLVESTRE est une spectatrice assidue qui soutient plutôt que de casser ! Elle soutient un grand nombre d’artistes.

    Même à petite échelle, on retrouve ce système pyramidal où l’on adule les artistes comme des dieux et des déesses !

    Aimons-les tels qu’ils et elles sont … des hommes et des femmes !

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  4. Marcel Moratal 15 janvier 2017 à 17 h 20 min

    Malgré sa blondeur, un diamant noir qui illumine nos nuits.

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  5. Phil Laplanche 15 janvier 2017 à 17 h 21 min

    Excellent article que je ne découvre qu’aujourd’hui. Pour un excellent album que la Poste a déposé dans ma boite aux lettres il y a quelques jours (et même semaines) et dont je ne me lasse point… Concernant « Novembre noir » j’écrivais il y a quelques semaines un billet de « chansons croisées »: http://philogm.ouvaton.org/articles.php?lng=fr&pg=270

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