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Dalida, costume en posthume pailleté

51TVlzJZIUL._SS500Dans l’attente du vingtième de Barbara, en novembre (Depardieu joue dès maintenant les éclaireurs avec un disque de reprises à la pochette humble, sans sa tronche, ce qui nous change de l’égo Bruel…), voici le trentième anniversaire de la mort de Dalida, dont nous allons entendre Bambino et Gigi l’amoroso jusqu’à la lie, l’halali.

La pièce maîtresse de cette commémoration est sans conteste le dispensable biopic (Dalida, film de Lisa Azuelos, avec Sveva Alviti qui tient le rôle principal) actuellement en exploitation sur les écrans. Comme celle de Cloclo, la vie de Yolanda Gigliotti est un roman facilement transposable au cinéma, d’autant plus que, réels ou non, on lui prête moult rebondissements sentimentaux qui ont fait, en leur temps, les gros titres de la presse qu’on ne disait pas encore people, seulement « à scandales ». Comme celle de Cloclo, la fée électricité en moins, sa vie se termine en tragédie.

Ironie de l’histoire, c’est pour faire carrière dans le cinéma que l’Egyptienne Dalida arrive en France à l’âge de vingt-deux ans. Échec et c’est par défaut qu’on la retrouve chanteuse à la Villa d’Este. Deux fées de poids (Lucien Morisse, directeur artistique d’Europe1, et Eddy Barclay) se penchent sur son berceau, la découvrant lors d’une audition à l’Olympia. C’est de suite le triomphe de Bambino et d’un chapelet d’autres tubes : 80 millions de disques en trente ans (c’est pour elle qu’en septembre 1957 fut créé, en France, le fameux disque d’or : pour la récompenser des 300 000 exemplaires vendus du 45 tours de Bambino), six cents chansons en huit langues. Et cette incroyable faculté, partagée entre autres avec Hallyday et Claude François, de chuter puis de se relever, d’encaisser les coups du sort sans apparemment faillir (mais tout n’est qu’illusion), de se mouler dans toutes les modes, fut-ce le disco, fut-ce, Avec le temps, en reprenant Ferré, lequel clamera que cette interprétation est la meilleure qu’il ait entendue.

Dalida a beau ne pas être le pain quotidien de NosEnchanteurs, difficile pour nous de faire abstraction de cette chanteuse populaire aux tenues pailletées, à la plastique de pin-up et à la voix si caractéristique. Difficile de ne pas identifier aussi dans son pléthorique répertoire quelques pépites qui, sans mal, défient le temps, à plus forte raison s’ils sont réactivés à chaque date anniversaire.

Le biopic donc, mais aussi à venir des émissions télé (on sait comme la télé préfère, et de loin, les chanteurs morts…), Dalida de nouveau sur scène mais en hologrammes (avec ses collègues de promo que sont Mike Brant, Cloclo et Sacha Distel ; on sait aussi comme le public aime les chanteurs morts…), des livres, une intégrale discographique et des compiles (« et tout au long de l’année une multitude d’événements et d’hommages médiatiques sont déjà programmés pour célébrer l’icône Dalida ! » nous informe Universal), Dalida sera sur le front, le point culminant fixé au 3 mai, pile trente ans après son suicide.

Ça fait peut-être un peu beaucoup, diront certains. Le bizness en fait toujours trop, jusqu’au nauséeux. Son art ne mérite sans doute pas l’éternité qui la guette, ce statut de monument national qui pour l’heure est détenu par la Piaf (Dalida est, avec elle, la chanteuse qui, d’après un sondage IFOP, a le plus marqué le XXe siècle). Mais Dalida est une rente et les Majors et leurs actionnaires ont besoin de telles liquidités. Il est fort à parier que, dans vingt ans, on dresse à nouveau la même table, comme si la chanson devait être figée à ce point, comme si elle n’avait rien produit de nouveau depuis, comme si l’âge d’or de la variété était révolu depuis le jour où la Madone de Montmartre mit fin à son existence terrestre pour gagner le firmament des stars.

 

Le site de Dalida (!), c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Parmi les compilations entre elles ressemblantes car toutes rivées aux seuls «tubes», notons celle d’EPM, dans la collection économique Rouge & Noir, consacrée aux titres de la « première époque».

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9 Réponses à Dalida, costume en posthume pailleté

  1. Jean HUMENRY 15 janvier 2017 à 12 h 18 min

    je me souviens d’un concert dont je faisais la 1°partie avec Souchon qui démarrait et Dick Annegarn qui venait de s’acheter une camera video…dont il abusait avec excellence…et impertinence…c’était pour le bimillénaire de la ville de Rodez et Dalida en était la vedette.
    Le Dick qui était en forme filmait le récital de la chanteuse et lorsqu’elle a interpelé « C’est toi Gigi là bas dans le noir ? » Dick a répondu avec force « Oui c’est moi »…

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  2. Pol de Groeve 15 janvier 2017 à 15 h 08 min

    Personnellement, j’ai toujours l’impression qu’on me ment sur les chiffres de vente de l’oeuvre de Dalida…

    Elle aurait donc vendu des millions de disques et ce, même depuis sa mort. Pourtant, quand je regarde dans les discothèques de mes potes, jamais je n’y découvre un Dalida (et ne dites pas que je n’ai que des copains intellos car j’y trouve facilement – comme dans la mienne d’ailleurs – des standards de la grande variété : Sardou, Halliday, Dion…) ! Qu’elle passe encore à la radio (sur Nostalgie et consorts, n’exagérons pas !), admettons. Mais qui écoute Dalida chez lui, confortablement installé dans son canapé ?

    On sait à présent que les chiffres de vente de Sheila étaient bidon. J’ai vraiment le sentiment que c’est pareil avec notre vedette du jour…

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    • Michel Kemper 15 janvier 2017 à 16 h 14 min

      Selon les sources, les chiffres de vente concernant Dalida sont effectivement parfois fort différents. Je ne peux garantir ceux que je reprends dans cet article.

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  3. Pol de Groeve 15 janvier 2017 à 17 h 32 min

    Le problème, c’est que toute la communication autour de Dalida est cadenassée par Orlando, qui a une idée très claire de l’image de sa sœur et ne laisse dire que ce qui colle avec elle. Or, dans le genre « requin du show-bizz », il se pose un peu là ! Et comme c’était son éditeur-producteur, tous les prétendus chiffres de vente émanent de chez lui également… Bref, il y a un parfum de manip’ autour de Dalida qui me dérange fortement (sans nier son réel talent populaire).

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  4. LM 15 janvier 2017 à 19 h 09 min

    On ne peut pas faire deux poids deux mesures. Les ayants-droits de Barbara , Brassens ne sont pas des anges. Mais quand c est Orlando qui défend les intérêts de sa soeur, on parle de requin du show-biz . C’ est n’importe quoi. Personnellement j’écoute Dalida, j’ai un best-of. Et le peu de fois où je vais chez des gens, je ne vois jamais d’ album : d’ Anne Sylvestre, Serge Lama, Sylvie Vartan qui ont pourtant vendu des millions de disques. En allant plus loin je ne vois pas de Madonna, ni de Mickael Jackson. J’ ai souvent vu du André Rieu, du Pascal Obispo, du Mylène Farmer, du Amel Bent… Donc impossible d’en tirer la moindre conclusion. Beaucoup de gens qui allaient voir Allain Leprest en concert n’achetaient pas ses disques pour autant. Et vice versa d’ailleurs.

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  5. CM 16 janvier 2017 à 14 h 41 min

    J’écoute Brel, Barbara mais surtout Dalida, et oui, j’ai bien une centaine de 45 T, des 33T et beaucoup de CD rien que de cette artiste et je ne suis pas la seule en France mais aussi à l’étranger, je peux vous l’assurer, moi j’en connais beaucoup jeunes et moins jeunes! Et puis il faudrait bien un jour, arrêter de minimiser son répertoire, elle avait de magnifiques chansons avec de grands textes, ils sont peut-être beaucoup moins connus en dehors de ses fans car on mettait toujours en avant les chansons plus faciles à retenir pour plaire au plus grand nombre, ce qui était logique (elle était capable de tout chanter, c’était sa grande force)! Quant à Orlando, il faut arrêter de le descendre sans cesse, il adorait sa soeur, elle a toujours été sa priorité dans la vie, pour ne pas s’en apercevoir, il faut vraiment être aveugle!

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    • Claude Arthaud 16 janvier 2017 à 17 h 50 min

      N’en faisons pas trop, CM ! Dalida est une honorable chanteuse populaire. Et Orlando un homme d’affaires avisé. C’est tout. « Pour ne pas s’en apercevoir, il faut vraiment être aveugle ! »

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      • CM 16 janvier 2017 à 22 h 48 min

        Claude Arthaud, en quoi j’en fais de trop? Je dis sincèrement tout ce que je pense, vous n’êtes pas obligé d’être de mon avis ni d’avoir les mêmes goûts, ni moi d’ailleurs les vôtres. Moi je ne mets pas les artistes ni les gens dans des cases, j’aime ou je n’aime pas, mais je ne juge pas surtout sans connaître, j’ai trop de respect pour cela.
        La suffisance m’a toujours insupportée et l’injustice encore plus.
        En ce moment il fait bon critiquer tout et n’importe quoi; Qu’un frère puisse aimer sincèrement sa soeur et rêver de la voir toujours briller plus haut pour ses fans, qui sont demandeurs entre parenthèses, semble tellement impossible à admettre, c’est un homme d’affaires avisé, il est vrai, heureusement d’ailleurs pour un producteur, mais cela ne lui enlève en rien les qualités du coeur.

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  6. NosEnchanteurs 16 janvier 2017 à 18 h 03 min

    Suite à cet article sur Dalida, la chanteuse lyonnaise Claudine Lebègue (que nous estimons beaucoup à NosEnchanteurs) nous informe qu’elle a créé, l’automne dernier à Agend’Art, un spectacle sur l’interprète de Bambino, qui s’appelle « Dalida de dos ». Un travail en cours qu’elle espère poursuivre et pour lequel elle cherche une résidence afin de le finaliser.

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