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Le Moro de Montmorillon… suite

MoroNosEnchanteurs a déjà tenté de vous présenter Nicolas Moro. Mais est-il présentable ? On ne peut jamais d’une sculpture donner qu’une photo, il manquera toujours la troisième dimension. Il en est de même d’un CD. Voici donc une belle photo musicale, même si elle ne donne qu’un angle de vue du David qui défie les Goliath de la chanson. Le côté sexy qui attire le regard des dames vers le modèle de Michel-Ange est même perceptible à l’oreille, mais cela ne pourrait suffire à la réussite de l’album. Il y a beaucoup plus.

Plus que David pile ou face, on pourrait évoquer un Janus a deux visages. Nicolas Moro est aussi Stompin’ Joe lorsqu’il est tourné vers l’outre-Atlantique avec les pionniers du blues des années 30, jouant de trois instruments à la fois. Lorsqu’il a le visage de Nicolas Moro, c’en toujours un remarquable musicien, avec quinze ans d’expériences multiples qu’il a choisi de mettre désormais au service de la chanson. Il a donc rassemblé pour cet album, avec Richard Puaud aux manettes, une vingtaine parmi les meilleurs instrumentistes rencontrés dans son parcours, comme Éric Sansiquet à la contrebasse, Alban Mourgues à la batterie, Cajoune Girard… le mieux est encore d’écouter plutôt que disséquer. Chaque chanson a sa propre ambiance et pourtant l’unité de ton donne un certain caractère à l’album. Ce n’est pas la moindre contradiction apparente. Le Janus n’est pas contradictoire, il est plus complexe. Il a un champ du possible hors du commun.

Le disque commence avec un twist qui fait le grand écart sur un demi-siècle, juste pour nous dire qu’il ne faut pas prendre au sérieux les drames qui suivent. Les paroles sont d’une simplicité désarmante, on croirait de l’Aznavour. Je résume : il l’aime, elle va partir, il est triste. Bon ! Mieux vaut en rire ; mais justement c’est le but. L’autodérision est là, toujours plus ou moins dans l’ombre ou parfois au grand jour comme dans l’incontournable Montmorillon Swing, dans Winchester, ballade pathétique et désabusée ou encore Louise — on pense au héros pitoyable de Ne me quitte pas —  sur un blues bien enlevé comme il se doit. 

On ne peut appréhender le pseudo-loser d’aujourd’hui que par référence aux grands noms d’hier. Goliath a sa légende, mais David a de la ressource. Nicolas connaît la musique, et il a aussi une solide culture de la chanson. Il parle en privé aussi bien de Bernard Dimey que de Sansévérino, et sous le vernis de la dérision, on trouvera toute la profondeur humaine qui se cache timidement dans le second degré.

Pour le mouvement, Jazz New-Orleans, calypso, swing, il sait tout faire et même un tango mandoliné napolitain pour cerner Le Destin des Affreux, qui ne sont pas laids seulement pour l’apparence…

Et quand il sort de l’Ombre pour reprendre son sérieux, on sent du J-R. Caussimon dans son tableau :

Le long des rames déambule
Un cortège de somnambules
La même absurde transhumance
Qui chaque matin recommence

Nicolas Moro affirme volontiers faire des chansons variées, accessibles, avec des termes simples et des mélodies évidentes. On se surprendrait en effet à siffloter l’un de ses refrains, presque par mégarde, mais avec un réel plaisir. On sait aussi que réussir ainsi dans la simplicité suppose un grand talent et beaucoup de travail. Comment croyez-vous que David ait vaincu Goliath avec un simple caillou ?

 

Nicolas Moro, L’Amour est un oiseau volage, CD 12 titres, à commander sur le site de Nicolas ; le début de l’histoire sur NosEnchanteurs, c’est là.

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