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Barjac 2018. Alexis HK, anxiogène, oui ; essentiel surtout !

Alexis HK (photo Anne-Marie Panigada)

Alexis HK (photo Anne-Marie Panigada)

« Comme un ours », 29 juillet 2018, Esplanade Jean-Ferrat à Barjac,

 

Les soirées se suivent qui ne se ressemblent pas. D’ailleurs, qui peut ressembler à Alexis HK mis à part lui ? Et encore. Lui n’est même pas l’amorce d’une subdivision de la chanson. Il est un truc, comme ça, qui a fait son nid dans la chanson, lui fait coucou. Sans avant, sans trop d’apprêt, si ce n’est son costume de courtier sans assurance, son look de gendre presque idéal. D’ours bien léché, référence au titre de son spectacle.

Si ce n’est sa longue parenthèse Brassens (son « Georges et moi » de subtilité, de talent, forcément d’anthologie), nous ne l’avions pas vu en scène depuis… bien longtemps. Ça n’a certes pas empêché la chanson de chanter, mais moins bien. Le voici qui vient nous présenter ses nouvelles chansons, d’un disque pas encore sorti (ce sera fait en début octobre), en avant-première. A tel point qu’il est seul, sans musiciens, sans rien. Si ce n’est son costume bon marché d’agent immobilier, sa guitare et son ukulélé.

Ça et ses mots, son verbe, sa verve, sa tchatche. On le dira intello du fait de ses gros et grands mots, de sa faconde, de ses raisonnements, de sa philosophie : son nouveau spectacle questionne les tréfonds de l’âme dans ses nuits d’insomnie, si si ! De son débit qui le tiendra aux oreilles de certains pour un slameur. Certes, mais un slameur de fond. Là présentement il broie du noir, fine analyse du reste, pertinente conclusion aussi : il parle de maintenant, de notre société. Et ça l’énerve : que voulez-vous il est Ronchonchon, il l’a toujours été, « ours bipolaire, ermite en colère (en apesanteur entre deux hémisphères) ». HK est colère et le chante à sa façon, déplorant « le grand retour des fossoyeurs qui faschisent » : « cette fois-ci le diable porte des bas-résille et va danser à l’amicale des anciens nazis ». Aïe, Marine est là, elle et autres fâcheux et fachos, en marche ou pas, invités à entendre du peuple son courroux, coucou. Le propos est grave, les rimes parfois sinistres : « J’ai parfaitement conscience du caractère anxiogène de ce début de concert » avoue-t-il sans mal. Anxiogène et monotone, monocorde au premier abord. Mais Alexis HK ne s’apprécie pas en surface. Des « tubes » il en fera, en fin de récital, comme ces Affranchis si cinématographiques. Mais là, il tient discours en chansons, qui fourmille d’idées, de réflexions, d’audaces mises en perspective. Et fomente, on l’espère, des lendemains qui chantent, renversent la table, rebattent les cartes.

Pour peu qu’on entre en lui, en son spectacle, c’est univers certes bousculé mais confortable, riche et passionnant, captivant. Fait aussi d’insolite (sa superbe trilogie femmes-enfants-chiens : La fille à Pierrot, Salut Papounet, Je veux un chien), de jamais vu jamais chanté (Torture jésuite, une chanson sur la culpabilité judéo-chrétienne, jamais passée ni sur les ondes de Radio-Vatican, ni sur celles de Radio-Taliban) et de toutes ces choses qui n’appartiennent qu’à cet HK, brillant olibrius, unique en l’état, indispensable à qui sait apprécier l’essentiel et ce qui gravite autour.

Cadeau ultime, ce duo au sommet sur un titre de Brassens avec Pauline Dupuy, la Contrebassens qui le précédait. Une Ronde des jurons un rien réactualisé. Un petit bonheur ! Merci.

 

Le site d’Alexis HK, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

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