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O, en effeuillant le Marguerit

Olivier Margerit (photo non créditée)

Olivier Margerit (photo non créditée)

A NosEnchanteurs, il nous arrive parfois – souvent ! – de ne pas pouvoir vous entretenir d’un disque dès sa sortie. Très souvent pour cause de surabondance. Car, le savez-vous ? , les chanteurs et chanteuses sont plus nombreux que nous ! Mais aussi parfois parce qu’une œuvre ne parvient à votre connaissance que quelques mois plus tard. Avec le dilemme qui l’accompagne : est-ce que cela a encore du sens de dresser chronique pour un « vieil album » (en unité de temps médiatique, un disque devient obsolète en 2 mois environ) ?

Ainsi en est-il de À terre !, second disque d’Olivier Marguerit, qui officie sous le pseudonyme laconique de O (facile pour trouver dans les moteurs de recherche, ça…). Disque découvert au hasard d’une pérégrination numérique, quelques mois après le 1er février de sa sortie officielle. Qu’importe, après tout ! Surtout lorsque l’on a affaire à de la chanson légère comme celle qu’il nous propose, aux fragrances Beatles/Beach Boys et au goût d’éternité.

À terre ! redonne donc quelques lettres de noblesse à la pop française. Doté d’une production somptueuse, malgré des moyens limités, c’est un feu d’artifice musical qui crépite à nos oreilles. Tout à l’honneur de l’artiste, multi-instrumentiste et formé à l’école du jazz, qui a amené en studio les musiciens qui l’accompagnent sur scène et y a ajouté surtout un saxo et trois choristes féminines pour dynamiter l’ensemble. Le tout pour un résultat pétaradant, dont le sommet est probablement la chanson Les pédales, merveille d’immédiateté et d’efficacité. Le genre de morceau que l’on a l’impression, dès la première écoute, de connaître déjà depuis longtemps et qu’on se surprend à fredonner sans même en attendre la fin.

47431272_2323493364328668_5712885271997972480_nMême si les paroles, à force d’être métaphoriques, n’ont pas l’évidente accessibilité des mélodies qui les portent, une thématique commune s’en dégage : la chute, le naufrage, l’échec… Ici comme souvent, la musique gaie travestit la tristesse. Ainsi, la chute est-elle présente dans le refrain de la chanson-titre « À terre, tombé à terre / Je suis tombé, à côté de toi » et est le thème d’Oiseau de nuit « Si un jour je me réveille, hébété / A quelques mètres de l’endroit d’où j’aurai sauté / Est-ce que je pourrai compter sur toi pour me relever ? ». Le chagrin d’amour s’oublie dans les vapeurs éthyliques « Je perds facilement l’équilibre / C’est pour ça que je bois », remède salvateur aux tourments du cœur « Heureusement l’ivresse / La douce caresse / Qui sait me faire tenir / Quand il faudrait souffrir ». Le sexe sauvera-t-il l’affaire « Si je saute, je coule / Je me noie dans les eaux / Viens à moi, dans mes bras / Avale-moi » ? L’autre est en tout cas la solution possible « Oh je comprends mieux / Cette sensation de vertige / Tu avais lâché ma main », la seule issue à la solitude « Me voici jeté hors de tes murs / Adieu Eden, je découvre mes blessures »… Faut-il s’étonner que le CD s’achève sur un morceau intitulé En chute libre ???

On l’aura compris : sous les dehors primesautiers d’une musique entraînante, Olivier Marguerit nous chante, au fil de morceaux intimistes, son angoisse de l’abandon et sa peur de l’échec. A l’instar d’un Chamfort ou d’un Gainsbourg, et en digne disciple des Innocents, il se garde toutefois de nous en assommer. Du haut de sa voix haut perchée et de ses mélodies imparables, il préfère nous emmener en voyage dans ce pays pop où tout n’est que douceur et harmonie, nous laissant le choix d’aller au-delà de cette joie apparente ou de s’en tenir à cette première impression. Quelle que soit l’option, le plaisir est au bout du chemin.

 

O – Olivier Marguerit, À terre !, Vietnam/Because, 2019. La page facebook d’Olivier Marguerit, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là

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Une réponse à O, en effeuillant le Marguerit

  1. Del panic 14 juillet 2019 à 15 h 04 min

    Est-ce que tout doit nécessairement avoir du sens ? Merci, en tous cas, de m’avoir donné envie de découvrir cet artiste. J’aime beaucoup. On a envie de lui dire : je n’ai pas lâché ta main… et j’ai un parachute.

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