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Prix Charles-Cros 2019 : le deuxième sacre d’Alain Souchon

Alain Souchon (photo Vincent Capraro)

Alain Souchon (photo Vincent Capraro)

Alain Souchon, La Grande Sophie, Govrache, tel est le tiercé chanson gagnant pour ce 72e palmarès de l’Académie du disque Charles-Cros. À NosEnchanteurs, on opine du chef.

Deux événements président au sacre d’Alain Souchon. Son nouvel album, Âme fifties, sorti il y a quelques semaines (la chronique de cet album sur NosEnchanteurs, par Pol de Groeve, c’est ici). Et, si on compte bien, ses cinquante ans de chanson : même si on n’en garde pas une grande trace dans nos mémoires, c’est en 1971 qu’il sort son premier 45 tours avec pour titres Je suis un voyageur sur une face, Restons chez nous sur l’autre. On ne savait pas encore le géant de la chanson qui nous arrivait alors discrètement, timidement, « dépollueur de nos variétés [qui] semble né de l’air du temps, avec en lui cette nostalgie douce-amère, ce désenchantement feutré, cette douleur furtive qui est le vrai spleen d’aujourd’hui » comme l’a écrit avec acuité, il y a plus de quarante ans, Richard Cannavo.

5d0bb734da84cdes-cris-govracheCe prix in honorem, qui récompense donc l’ensemble d’une œuvre, arrive à point nommé pour nous rappeler l’immense contribution de Souchon à la chanson, au moment où quelques esprits chagrins lui chipotent des propos récents (sur l’actuel président de la République), oubliant d’un coup une œuvre rare, donc précieuse, qui témoigne plus sûrement de notre époque que mille doctes livres d’historiens.

Nous parlons ici, sur NosEnchanteurs, de chanson, il va de soi. Mais le palmarès de l'Académie du disque Charles-Cros ne saurait se résumer à la stricte chanson. Le prix du président de la République revient à Éliane Radigue (musique électronique) pour l'ensemble de sa carrière. Le prix In honorem, outre Alain Souchon, récompense la chanteuse Misià (musiques du monde) et Zev Feldman (jazz). Les grands prix du disque récompensent le ténor Reinoud van Mechelen (soliste lyrique) ; le pianiste Robert Levin (soliste instrumental) ; les DVD Ambroise Thomas, Hamlet (opéra) et Hector Berlioz, Symphonie fantastique (concert symphonique et lyrique) ; les disques Ramon Lazhano, Piano works (musique contemporaine) ; Simon Goubert, Nous verrons (jazz) ; Leyla McCalla, The capitalist blues (blues et soul) lire l'article de Catherine Laugier sur NosEnchanteurs ici ; Cyril Maguy, Les bedaines de coton ou la vie de Charley Patton, un bluesman du Delta (disques pour enfants) ; Patriela Gattaceca, Carmini (musique du monde) ; Annie Milon, Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe, et Nadine Walsh, Jean Sébastien Bernard et Franck Sylvestre, Sacré Chœur de Gilgamesh (parole enregistrée et création sonore).

Nous parlons ici, sur NosEnchanteurs, de chanson, il va de soi. Mais, qu’on se le dise, le palmarès de l’Académie du disque Charles-Cros ne saurait se résumer à la stricte chanson, loin s’en faut. Le prix du président de la République revient à Éliane Radigue (musique électronique) pour l’ensemble de sa carrière. Le prix In honorem, outre Souchon, récompense la chanteuse Misià (musiques du monde) et Zev Feldman (jazz). Les grands prix du disque récompensent le ténor Reinoud van Mechelen (soliste lyrique) ; le pianiste Robert Levin (soliste instrumental) ; les DVD Ambroise Thomas, Hamlet (opéra) et Hector Berlioz, Symphonie fantastique (concert symphonique et lyrique) ; les disques Ramon Lazhano, Piano works (musique contemporaine) ; Simon Goubert, Nous verrons (jazz) ; Leyla McCalla, The capitalist blues (blues et soul) : on lira l’article de Catherine Laugier sur NosEnchanteurs ; Cyril Maguy, Les bedaines de coton ou la vie de Charley Patton, un bluesman du Delta (disques pour enfants) couverture de ce livre-CD ci-dessus ; Patriela Gattaceca, Carmini (musique du monde) ; Annie Milon, Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe, et Nadine Walsh, Jean Sébastien Bernard et Franck Sylvestre, Sacré Chœur de Gilgamesh (parole enregistrée et création sonore).

Signalons cependant, cas pour le moins surprenant, qu’Alain Souchon a déjà reçu le même prix in honorem de l’Académie du disque Charles-Cros, « pour l’ensemble de sa carrière, à l’occasion de la publication de son album La vie Théodore » en 2005. Insolite, car une telle académie n’est a priori pas en peine pour sacrer d’autres chanteurs, même s’ils étaient moins connus (ce qui, en conséquence, retiendrait moins l’attention des médias, et c’est là où le bât blesse…).

Récompenses tout aussi méritées pour La Grande Sophie et pour Govrache (dire que nous sommes contents pour Govrache est peu dire de notre satisfaction). La Grande Sophie pour son huitième album, Cet instant, que Pol de Groeve avait chroniqué pour NosEnchanteurs. C’est à lire ici. Govrache pour les deux albums sortis en 2019, ses confessions intimes sur Des murmures, ses déclarations de guerre sur Des cris. Un Govrache qui, sur scène – ça se sait de plus en plus – est un pur ravissement. Lui obtient le Grand prix Charles-Cros découverte. Le dernier article sur NosEnchanteurs sur Govrache est encore par la plume de Pol de Groeve. C’est ici.

Prix, nous y reviendrons, qui récompensent le disque alors que le disque ne se vend plus, ou si peu, si mal. La diffusion de la musique se transforme radicalement et ça va être un défi pour cette estimable et nécessaire Académie que de se « mettre à la page », se « mettre au diapason » pour continuer son œuvre de défrichage et de suivi.

 

Govrache, Le bout de la table Image de prévisualisation YouTube

Alain Souchon, Presque Image de prévisualisation YouTube

La Grande Sophie, Une vie Image de prévisualisation YouTube

Misià, Garras dos Sentidos Image de prévisualisation YouTube

Leyla McCalla, Manman Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Prix Charles-Cros 2019 : le deuxième sacre d’Alain Souchon

  1. Gilbert Duroux 20 avril 2020 à 3 h 28 min

    « au moment où quelques esprits chagrins lui chipotent des propos récents (sur l’actuel président de la République ».
    Je suis un de ces esprits chagrins qui déplorent le virage à droite de Souchon, comme je le fais pour tous les renégats qui virent à droite dès qu’ils ont le cul dans la graisse. Et si ça ne plait pas qu’on touche à l’idole, tant pis.

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    • Michel Kemper 20 avril 2020 à 9 h 01 min

      Vous savez, Gilbert, il n’y a pas d’idoles ici. Et pas le moindre fan de qui que ce soit parmi nos rédacteurs. Permettez-moi de séparer l’oeuvre de son auteur. Qu’importe si les cellules vieillissantes de Souchon virent (ou non) à droite, ce qui m’importe c’est l’oeuvre, puissante, fondamentale, de cet artiste. Oeuvre qui ne me semble pas altérée. Heureusement.

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