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Erwan Pinard, à vif et sans anesthésie

Erwan Pinard (photo non créditée)

Erwan Pinard (photo non créditée)

Dieu que c’est beau un tel emballage en bristol recyclé (presque une pochette en bois, pour une gueule de bois), ce livret, avec ces coquillages et ces oreilles, ces statues et peintures presque toutes nues, grenouille disséquée, serpent et limace… Découpages, montages et écorchés. Je vous pose le cadre, sachant que le contenu égale le contenant : en découpes, en montages, en écorchures. Erwan Pinard est le chanteur de la dissection, de la vivisection. A vif et sans anesthésie. Étonnement, il vivifie.

Pinard pratique sur l’amour. Et dissèque les sentiments. Il s’ouvre, se remue les tripes, jauge son estomac, mesure ses organes, sonde l’état des connexions de son cerveau. Il est son propre sujet, son cobaye, « convoquant toutes les forces vives de [son] cerveau afin d’insuffler un élan nouveau ou tout au moins de proposer des pistes pour permettre de comprendre cette crise que nous subissons toi et moi de plein fouet depuis trop de temps déjà ». Il s’examine, nous écoutons.

Et fouille de partout pour y dénicher le grand amour. En lui. Et partout ailleurs. « Dans le supermarché j’ai cherché à combler le manque de toi / Le gros le petit le moyen le plein air l’incollable… » L’eusse-t cru ? On le croit.

Pinard concasse la chanson, la compresse, l’élargit, la pulvérise, la reconstitue. Il malaxe mots et maux qu’il dit indicibles et vous les recrache, comme ça. Brel donnait tout, crachait tout. Erwan en fait plus. Chez Pinard le flacon fait bien son litre, pas 75 cl. Et la chanson est organique, organoleptique. D’ailleurs, en l’état, est-ce encore de la chanson ? Ou des explorations style Le voyage fantastique de Richard Fleisher, des cris, des appels au secours, un coup de sang, un don d’organes ?

118247446_2730978630447840_5122497167773446287_nCeux qui pratiquent Pinard, s’en offrent des vers, payent vingt balles à chaque fois qu’il se produit, à Lyon où à Stavelot, à Château-Renard, à Moncton où que sais-je encore, savent le bonhomme. Et peu ou prou connaissent les chansons de cet album, étrennées depuis des lustres et des canons, en scène. Je dis canon, cause à son nom. Les voici fixées dans le laser, son quatrième, avec à ses côtés Jérôme et Lionel Aubernon (guitare, violon et claviers ; batterie et claviers), comme d’hab. Avec aussi deux dames : Lucie Lacour au violoncelle et Simone d’Opale aux voix. Tout bien posé, bien placé : c’est un placement.

Bien sûr, il faut avoir vu Pinard en scène. Au moins une fois dans sa vie (en général on repique au truc). Par défaut, avoir cet album ainsi que les précédents. L’écouter c’est déjà le consoler. C’est un disque de garde, comme on le dirait d’un vin. A nouveau une référence, un coup de foudre (comme chacun sait propice à la vinification), un délice. Ce même si, comme est sous-titré l’album, tout y est triste, ce qui d’ailleurs n’est pas vraiment vrai. Si vous ne pratiquez pas encore Pinard, faites-le dès à présent. Saoulez-vous-en, l’ivresse est belle, dieu que le vin est bon.

 

Erwan Pinard, L’indicible (treize titres tristes), autoproduit 2020. Le site d’Erwan Pinard, c’est ici ; sa page facebook pour commander l’album, là;  ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui.

En concert à Rompon (07) le 19 septembre 2020 avec Mélissmell. 

« Ô solitude » (qui doit pas mal sinon plus à Henry Purcell) : Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Erwan Pinard, à vif et sans anesthésie

  1. Emmanuel 22 août 2020 à 23 h 35 min

    À quand un duo avec Merlot ?

    Répondre

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