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Gainsbourg, 30 ans déjà…

(documents France3)

Serge Gainsbourg (documents France3)

 DOSSIER  30 ans après la mort de Serge Gainsbourg (1928-1991) le temps a fait son œuvre : l’heure est moins aux polémiques et au tumulte des provocations médiatiques qu’aux hommages et journées spéciales. Un musée devrait s’ouvrir dans l’ultime demeure parisienne de Gainsbourg, rue de Verneuil. Pour saluer un acteur considéré comme incontournable dans l’art soi-disant mineur de la chanson. Comme Gainsbourg le lançait à la télé à l’époque devant un Guy Béart et un public médusés. Un art que Lucien Ginsburg, fils d’immigrants juifs ukrainiens, tenté par les Beaux-arts, s’était promis de réinventer.

Le documentaire de Stéphane Benhamou et Sylvain Bergère (à revoir sur le site de France 3 en télé de rattrapage jusqu’au 27 avril) participe de cette tentative de mise en perspective et de plaidoyer. Au final une tentative de relecture, riche en archives rares et témoignages de ses proches (dont Jane Birkin, son frère Andrew et Charlotte Gainsbourg) d’un parcours résumé comme énigmatique.

GAINSBOURG, TOUTE UNE VIEGAINSBOURG, TOUTE UNE VIEC’est du côté de l’intime que les auteurs ont choisi de mettre à jour celui qui se présentait comme un grand romantique, caché derrière le masque d’un cynique. Craignant d’être guéri, heureux mais n’ayant alors plus rien à dire. L’approche est double : façon Gainsbourg en privé, hypersensible, et celle du légendaire Gainsbarre (si bizarre comme il le chante dans Ecce homo) à partir des années 80. De succès musicaux et quelques échecs en excès attestés la tonalité s’avère mélancolique. Le récit nous conduit des années de jeunesse à l’ascension et à la reconnaissance avec le titre « L’eau à la bouche » (la musique du film sorti en 1960) aux années d’autodestruction. A l’artisan de chansons françaises ciselées succède une sorte de crooner de la sensualité sinon plus. A l’écran nombre d’extraits d’entretien télévisés avec Gainsbourg touchent par leur sens de la formule. Dans un article prémonitoire publié en 1958 dans le Canard enchaîné et cité dans le documentaire, Boris Vian avait bien posé les termes de l’énigme : « Vous viendrez aussi me dire que ce garçon est un sceptique, qu’il a tort de voir les choses en noir, que ce n’est pas «constructif»… (si, si, vous dites des choses comme ça). À quoi je répondrais qu’un sceptique qui construit des paroles et des musiques comme ça, faudrait peut- être y regarder à deux fois avant de le classer parmi les désenchantés de la nouvelle vague. ».

Malgré son titre « Toute une vie » ne parvient pas à honorer tout le parcours de Serge Gainsbourg. Négligeant des séquences moins connues que les années Bardot ou Birkin. Ou encore renonçant à évoquer toute l’équipe artistique qui a œuvré à ses côtés comme l’orchestrateur Jean-Claude Vannier et d’autres. Sans parler des nombreux interprètes qui ont adopté les mots et les musiques de cet habile artisan. On retiendra toutefois l’émotion devant le destin d’un artiste qui a su ne pas s’enfermer dans une seule époque.

ROBERT MIGLIORINI

A voir ou revoir : Gainsbourg, toute une vie, France 3, jusqu’au 27 avril.

MAIS AUSSI…

A voir, La Comédie Française chante Gainsbourg, le spectacle « Les Serge « Gainsbourg point barre » (sur France 3, jusqu’au 5 mars). A voir ici ;

En replay, l’émission du samedi 27 février Rebecca Manzoni sur France Inter, Serge Gainsbourg, du poinçonneur des Lilas à Melody Nelson (1958-1971). A écouter là ;

A venir, une Journée spéciale sur France Inter le 2 mars. Avec notamment un concert à 21 heures : Alex Beaupain et l’orchestre Philharmonique de Radio France interprètent Love on the Beat, seizième album de Gainsbourg sorti en 1984 ;

A relire sur NosEnchanteurs le papier de Catherine Laugier : Gainsbourg confidentiel. Ou encore cet article-ci, de Nicolas Céléguègne.

 

Gainsbourg et les p’tits papiers

 

Tout-GainsbourgSerge Gainsbourg a toujours été un bon client pour les éditeurs, à tel point que l’on a renoncé à compter les ouvrages qui lui sont consacrés. Le plus définitif et le plus réputé reste probablement le Gainsbourg par Gilles Verlant (Livre de poche). Ce qui n’empêche pas d’autres candidats d’essayer de se faire une place sous le soleil exactement. Un petit tour parmi les rayonnages de la grande surface culturelle de ma ville m’a ainsi permis de découvrir un Gainsbook (en studio avec serge Gainsbourg) chez Seghers, un La dernière vie de Serge Gainsbourg de Bernard Pascuito au Cherche-Midi, une Intégrale et caetera (toutes ses paroles en un volume) aux Editions Bartillat, le Gainsbourg, French dandy d’Alain Wodrascka chez City Editions, et, probablement le plus intéressant, une brique de 1.000 pages signée Bertrand Dicale, Tout Gainsbourg, chez Gründ (réédition avec mise à jour d’un de ses ouvrages précédents). C’est dire si les gainsbourophiles sont soignés et rarement laissés sans good news from the stars.

Plus directement accessible, signalons le numéro hors-série des Inrockuptibles consacré à l’Homme à tête de chou : 1928-1991, Gainsbourg vu d’aujourd’hui. Un intéressant survol journalistique de l’homme et de l’œuvre, découpé en quatre parties. On y dissèque tout d’abord son influence, avec divers témoignages d’artistes internationaux reconnaissant ce qu’ils doivent au Maître, de Biolay à Beck en passant par Brian Molko. Tout en s’interrogeant sur l’image qu’il subsiste de lui 30 plus tard : ses frasques célèbres sont-elles toujours acceptables ? La deuxième partie, la plus touffue, aborde son œuvre musicale (dans l’ordre chronologique) et cinématographique. S’ensuit dans la troisième partie une série de portraits (« Gainsbourg vu par… »), dont on retiendra en particulier celui de Jean-Claude Vannier, co-auteur de ce chef-d’œuvre qu’est L’Histoire de Melody Nelson. L’ouvrage s’achève enfin par la reproduction d’une longue interview que l’artiste avait accordé à la revue en novembre 1989.

En tout, 98 pages bien tassées, à même de faire le bonheur des néophytes comme des spécialistes du génial chanteur. S’il fallait ne lire qu’une chose pour honorer le trentenaire de sa disparition, il se pourrait bien que ce soit celle-là.

POL de GROEVE

« L’eau à la bouche » : Image de prévisualisation YouTube

« L’Histoire de Melody Nelson » : Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Gainsbourg, 30 ans déjà…

  1. Michel Kemper 2 mars 2021 à 8 h 16 min

    J’ai vu en replay l’émission sur Gainsbourg. C’est dingue comme il ressemble à sa fille !

    Répondre

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