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Gainsbourg, pourtant les femmes lui disaient merci

Gainsbourg Confidentiel en répétitions. Photos Myriam Daups

Gainsbourg Confidentiel, en répétitions (photos Myriam Daups)

Gainsbourg confidentiel, Le Petit-Duc, Aix en Provence, 21 mars 2019,

Tout est parti d’un premier spectacle autour de l’album de Serge Gainsbourg, alias Lucien Ginsburg, de 1963, Confidentiel.
Ce disque est le cinquième de Gainsbourg, qui produit un disque annuel, bon an mal an ou presque, depuis 1958, sous la houlette de Jacques Canetti, et les encouragements de Michèle Arnaud. Confidentiel à plus d’un titre, le style rive gauche vit ses derniers feux, Boris vian est mort depuis 1959 et la vague qui émerge lui inspire la résistante Chez les Yéyés. L’ex réfugié, peintre puis pianiste, malgré sa belle voix grave, est traumatisé, traqueur, peu apprécié des femmes. Regardez les vidéos de l’époque, la silhouette raide, la bouche qui se tord, les commissures qui se crispent, les yeux qui fuient.

Ce premier spectacle, créé en 2013, va se roder au Festival d’Avignon en 2017 et 2018, pour s’étendre à toute la première période de Gainsbourg, de 1957 à 1963, celle où il écrit des chansons à texte décalées sur des musiques de jazz.
Bâti sur le texte du biographe et spécialiste de l’histoire des médias Jean-François Brieu, maître de conférence à Bordeaux, c’est une conférence chantée, virant au  théâtre musical, faisant découvrir sur chacun des quatre disques précédant Confidentiel une ou deux chansons, et la quasi intégralité de ce dernier.
 Stéphane Roux raconte et illustre son récit de chansons. Tout autant comédien que chanteur, il  porte chemise et cravate avec décontraction, et arbore une aisance sur scène que lui aurait envié son personnage. Son interprétation est simple, coule de source, avec cette pointe d’ironie, d’empathie aussi pour celui qu’il interprète. Une voix de crooner à la française plus proche de Guy Marchand que du beau Serge, ce qui donne une dimension moins cynique aux chansons.
Dans ce décor très années cinquante, fauteuil club et lampe d’ambiance, il déambule, conte et chante, accompagné par le guitariste et réalisateur du projet, David Fabre, venu du jazz, créateur des  « Musiciens associés » qui, comme le nom ne l’indique pas, réunit un panel d’artistes et de techniciens de la comédie à la chanson. Donc l’homme qu’il faut pour que ce spectacle soit une réussite.
Le troisième larron est le contrebassiste Aurélien Maurice formé tant au jazz qu’au classique et bien placé pour donner de la profondeur et du rythme au spectacle, en parachevant l’ambiance club de jazz.

 « COMME ÇA VOUS CHANTE! »  Dans ce cycle de conférences  se sont succédés : Claude Nougaro dans ses relations avec les femmes quelque peu machistes, ou pour le moins traditionnelles durant les années 60 par Perle Abruggiati , puis deux conférences de Joël July.  L’une sur la stylistique bien particulière de Léo Ferré,  mélange de langue populaire et de tournures savantes, telles Ça t’va ou La langue française, revue de faux anglicismes à la mode.  La deuxième mi mars sur la parodie chez Gainsbourg, de la Javanaise à L’anamour en passant par Poupée de cire. Des chansons qui n’ont l’air de rien mais cachent des clés, et comportent énormément de jeux verbaux. Parodie éthique du virilisme un peu pervers qui se retourne en martyre (Ecce homo), d’ Amour sans amour à  Je t’aime moi non plus puis Je suis venu te dire que je m’en vais. Où il emprunte à Verlaine. Musicalement Gainsbourg parodie le jazz, puis le rock et le reggae (le classique ne sera pas abordé). Toutes ces conférences sont illustrées par des reprises, souvent de chansons rares, par de tout jeunes étudiants du Conservatoire d’Aix, tous très expressifs et très concernés, qui nous donnent beaucoup d’espoir pour l’avenir de la chanson française.

« COMME ÇA VOUS CHANTE ! »
Dans ce cycle de conférences se sont succédés : Claude Nougaro dans ses relations avec les femmes quelque peu machistes, ou pour le moins traditionnelles durant les années 60 par Perle Abruggiati , puis deux conférences de Joël July. L’une sur la stylistique bien particulière de Léo Ferré, mélange de langue populaire et de tournures savantes, telles Ça t’va ou La langue française, revue de faux anglicismes à la mode.
La deuxième mi mars sur la parodie chez Gainsbourg, de la Javanaise à L’anamour en passant par Poupée de cire. Des chansons qui n’ont l’air de rien mais cachent des clés, et comportent énormément de jeux verbaux. Parodie éthique du virilisme un peu pervers qui se retourne en martyre (Ecce homo), d’ Amour sans amour à Je t’aime moi non plus puis Je suis venu te dire que je m’en vais. Où il emprunte à Verlaine. Musicalement Gainsbourg parodie le jazz, puis le rock et le reggae (le classique ne sera pas abordé).
Toutes ces conférences sont illustrées par des reprises, souvent de chansons rares, par de tout jeunes étudiants du Conservatoire d’Aix, tous très expressifs et très concernés, qui nous donnent beaucoup d’espoir pour l’avenir de la chanson française.

Dès le premier album, glorieusement intitulé Du chant à la une, on retrouve le génie particulier de Gainsbourg, « Bien sûr il n’est rien besoin de dire / À l’horizontale / Mais on ne trouve plus rien à se dire / À la verticale / Alors pour tuer le temps / Entre l’amour et l’amour /  J’prends l’journal et mon stylo / Et je remplis et les A et les O » (Mortel ennui), cette incisive façon de décrire les (absences de) sentiments en jouant avec le sens et le son des mots, comme dans un des titres les plus célèbres de Confidentiel, Elaeudanla Teïtéïa (lire Lætitia). Et le tube de l’album, (petite) gloire de cette période, Le poinçonneur des Lilas

C’est le début de la collaboration avec Alain Goraguer, arrangeur musical de Boris Vian. Le N° 2, et ses roses rouges posées sur une table à côté d’un revolver, n’a aucune indulgence pour les femmes : « Dans tes yeux je vois mes yeux t’en as de la chance / ça te donne des lueurs d’intelligence » (Indifférente), même sous la fausse légèreté de la mélodique L’amour à la papa.

Pourtant dès 1960 il trouve grâce auprès de ses interprètes féminines, et surtout Gréco pour laquelle il créera en 1962 La Javanaise. Malgré tout, l’incompréhension des femmes prédomine toujours dans l’Etonnant Serge Gainsbourg : Les femmes c’est du chinois ; et des êtres peu cultivés : En relisant ta lettre est prétexte à une leçon d’orthographe – pour des fautes peu plausibles – teintée d’une certaine indulgence  « Et tu verras / Tout r’tombe à l’eau / L’cafard, les pleurs / Les peines de cœur / O E dans l’O » (toujours cette affection pour…les lettres enlacées. )

Du N°4 Stéphane chante cette vision psychédélique, qui n’a d’anglais que le titre, Intoxicated man, et quelques mots, smoking ou Living-room, concessions à la nouvelle mode ; mais on y voit surtout des éléphants roses, des araignées sur le plastron et des chauves-souris au plafond. Annonce d’excès futurs ?

Confidentiel, dernier chant du cygne de la période jazz de Gainsbourg fut ignoré du grand public comme de la critique alors que c’est sans doute son album le plus original de cette période, pré-punk, mixant à ses sentiments mélangés pour les femmes, tous les gadgets de l’époque (appareil photo, rasoir électrique, talkie-walkie, machine à écrire ou Scénic-Railway) avec une écriture très moderne.  Son goût pour les jeux de mots y atteint le paroxysme, un peu comme Boris Vian et sa Complainte du Progrès.

Les rappels nous donneront, avec deux succès, des perles méconnues, La femme des uns sous le corps des autres (On s’en fout quand / C’est pas la nôtre), La fille au rasoir, ou l’encore plus rare Dieu que les hommes sont méchantes (sic) de 1963, enregistrée seulement en concert.
A notre insistance nous aurons encore droit à L’eau à la bouche, de la BO du film du même nom, un des tous premiers succès de Gainsbourg qui ne se démodera jamais, et qu’ils interprètent pour la première fois. Belle (re )découverte de Gainsbourg le précurseur.

 

Le site de Gainsbourg confidentiel, c’est ici. Leur page facebook, là.
En concert le 17 mai à La Garde au Théâtre du Rocher (83)

Du 5 au 28 juillet (sauf le 15) 16h50 au Collège de la salle au Off d’Avignon 2019

Également en concert au Théâtre des Vents au Off d’Avignon, du 7 au 29 juillet 2021 à 21h

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