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Mouhet 2022 : Emmanuelle Mei s’adjuge le prix du Festiv’en Marche

Emmanuelle Mei, la lauréate (photos Didier Kovacs)

Emmanuelle Mei, la lauréate (photos Didier Kovacs)

Festiv’en Marche, 2 juin 2022, salle de spectacle d’Eguzon (Indre),

 

Difficile d’exactement dénombrer les concours et tremplins de la chanson, il y en a tant et tant. Chaque ville, chaque festival a le sien. Le Festiv’ en Marche en cultive un en son sein, avec, ma foi, un joli référent en la présence du local de l’étape, qui le remporta en 2014 : un chanteur à la gapette répondant au nom de Gauvain Sers.

Plus de cent postulants pour au final trois candidats sur scène. Le lauréat ouvrira la soirée du lendemain, en première partie d’Yvan Dautin, ce si bel insoumis de la chanson.

Rémi

Rémi Roquet

D’abord un jeune breton, Rémi Roquet, dans un art hybride, une chanson-slam très – trop ? – introspective. « J’ai mille masques, mille vies / Des carapaces à l’infini ». Le débit de mots est important, mais mal articulé. Le slam répond à des règles dont Rémi s’affranchit trop sans doute, question versification notamment et des pieds en pagaille, tant que ça fait mille-pattes. A la guitare puis au piano, il se chante, avec souvent d’intéressantes pistes : « J’ai toute une vie à exister […] Je ne sais pas quel est le sens de la vie / Mais je le chercherai quand même ». Recherche intérieure jusqu’à Lorient, sa ville, jusqu’à LEnnui aussi : c’est l’intitulé d’une de ses chansons, mais…

Emmanuelle Mei entre en scène (accompagnée de Jonathan au piano et d’Aurélien aux percussions) avec un titre qui, dans la forme, ressemble à du Anne Sylvestre : forcément ça aiguise notre curiosité. Le début d’un set où cette artiste ne nous parlera que d’elle, de son corps, de son rapport à la sexualité : « Je l’ai faite avec une fille et pas avec un garçon / Le phallus ne fait pas tout ». Les seins libérés du soutif, les règles (« La lune elle comprend / Nos cycles et nos tourments »), le doute quant au désir d’enfanter (« J’ai peur pour toi / De ne pas pourvoir te donner la force / Pour réparer le monde »), nous sommes au-delà de l’intime, dans un répertoire fort et pertinent. Et prenant. On aimerait juste un peu plus de rigueur dans l’écriture, à plus forte raison quand, d’une manière ou d’une autre, on place son art dans les rivages de celui de la grande Sylvestre. A suivre évidemment…

Marina

Marina Tzem

Enfin Marina Tzem, en fait le groupe La Cavale (un trio voix, accordéon et violon), dont l’art s’ouvre largement au monde, parfois à de grandes figures, telle que Rosa Luxembourg ici, une journaliste russe plus courageuse et indépendante que d’autres là, dans une musique klezmer forcément entraînante, dansante, une ambiance très cabaret néo-expressionniste. A priori tout pour séduire. Même avec ce Pauvre Martin de Brassens revisité, réactualisé à la manière d’un reportage sur les paysans d’aujourd’hui, leurs conditions de travail. Très intéressant, mais avec cette impression d’un travail un peu inachevé, dont il manque sans doute la pratique (ces trois-là, hors confinements, ne font qu’une dizaine de dates par an, c’est peu). Mais une vraie découverte, qu’on aimerait revoir, souvent.

Semble-t-il d’un score qui ne souffre d’aucune contestation, c’est Emmanuelle Mei qui s’adjuge le prix. Vu qu’elle chante ne plus en porter, le public lui a apporter son soutien. Fasse qu’il ne soit pas qu’une ligne supplémentaire sur une bio, mais un puissant microprocesseur dans son devenir artistique. Par principe autant que par solidarité artistique, souhaitons-le également aux deux autres concurrents.

 

Le facebook d’Emmanuelle Mei, c’est ici., celui de La Cavale, c’est là ; le site de Rémi Roquet, c’est ici.

 

Rémi Roquet « Lorient » : Image de prévisualisation YouTube

La Cavale / Marina Tzem (avant-première de leur album) : Image de prévisualisation YouTube

Emmanuelle Mei « Manifeste du sans dessous » : Image de prévisualisation YouTube

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