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Jean-Paul Corbineau (Tri Yann), 1948-2022

 

Jean-Paul Corbineau (photo Serge Féchet)

Jean-Paul Corbineau (photo Serge Féchet)

Les trois Jean de Nantes ne sont plus que deux : Jean-Paul Corbineau est décédé, d’une « longue maladie ». Il était de ce trio fondateur du groupe breton Tri Yann, qui a l’an passé donné son ultime concert dans la ville qui les a vus naître, un demi-siècle après la sortie de leur premier album tiré alors à mille exemplaires : Jean-Paul Corbineau, Jean-Louis Jossic et Jean Chocun ne savaient pas ainsi qu’ils s’embarquaient pour une folle traversée et que leurs disques s’écouleraient, tous confondus, à quelques millions d’exemplaires.

Le trio, vite devenu quatuor avec l’apport de Bernard Baudriller, puis renforcé par d’autres musiciens encore, est en soi une légende du folk, de la chanson traditionnelle bretonne.

Jean-Paul n’est pas né dans la tradition bretonne. Ado il n’en écoutait pas, mais se régalait de ce folk-song incarné alors par Hugues Aufray, Graeme Allwright et Bob Dylan. Même si, petit, il montait sur la table pour chanter, ça n’en faisait pas le chanteur qu’il est devenu. C’est le hasard qui détermina la suite. Corbineau est alors « acheteur » pour un hypermarché, Chocun assistant administratif et Jossic prof d’histoire et de géo. Tous aiment la chanson, simple passe temps sans ambition aucune. Vient le jour de la Saint-Jean 1970 : les trois copains prennent guitares et flûtes pour interpréter La Pastourelle de Saint-Julien, près de Carnac. Et jouent la semaine suivante trois airs dans un bal breton… Un des danseurs alors présents les surnomme « Tri Yann an Naoned », les trois Jean de Nantes. C’est le début de l’histoire…

Du simple trio acoustique, Tri Yann deviendra au fil des années un groupe bien singulier, s’électrifiant un jour au grand dam de folkeux plus puristes que d’autres, faisant plus tard de ses concerts des tableaux vivants hauts en couleurs que la commedia dell’arte n’aurait pas reniés.

115122816Chez Tri Yann, Jean-Paul Corbineau est celui qui, de sa voix de velours, interprète plus volontiers les chansons douces, amoureuses et mélancoliques. Le Mariage insolite de Marie la Bretonne, c’est lui. La Ville que j’ai tant aimé, c’est lui encore.

Si les trois Jean sont indéboulonnables, Corbineau ne le fut pas tout à fait. Par deux fois, il se mit en congé, voire quitta le groupe. Six mois de l’année 2000, pour raison de santé : il fut alors remplacé par Bleunwenn. Mais plus encore vingt ans auparavant où il démissionna, persuadé d’un ras-le-bol. Une chanteuse lui succéda alors mais la greffe ne prit pas, l’esprit d’équipe n’y était plus. Et Jean-Paul revint à la grande joie des copains.

Pour en savoir plus et mieux sur l’histoire du groupe, on se référera au livre d’un autre Jean (le regretté Jean Théfaine), « Tri Yann – Histoires de Jean(s) » ainsi qu’au dossier sur Tri Yann dans le numéro 35 de Chorus du printemps 2001, signé du même Théfaine.

Définitivement, nous savons la fin de ce groupe mythique, plus encore désormais avec la disparition de Jean-Paul Corbineau. Dans un ailleurs, on imagine ce fou de marche faire à présent de longues randonnées, fredonnant les grands titres qui firent la renommée de Tri Yann : Les Filles des forges, Tri Martelod, Pelot d’Hennebont, La Levée des 300 000 hommes, Le Soleil est noir, La Jument de Michao

Par bonheur, et même si le folkeux que je suis est triste, le travail de Corbineau et de ses deux copains n’a pas été vain, qui a ouvert la voie à bien d’autres formations, d’autres vocations. Sous l’impulsion entre autres de Tri Yann et de Stivell, la relève est là et bien là : la Bretagne vit et chante bien !

 

« Le Mariage insolite de Marie la Bretonne » : Image de prévisualisation YouTube

« La Ville que j’ai tant aimée » : Image de prévisualisation YouTube

 

3 Réponses à Jean-Paul Corbineau (Tri Yann), 1948-2022

  1. macchi josseline 17 décembre 2022 à 9 h 53 min

    quel enchantement la si jolie voix de Jean Paul Corbineau que j ai vu souvent en concert. Quelle peine ne plus pouvoir le voir être heureux que le public chante avec eux.
    Mille pensées pour toi cher jean Paul.

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  2. Gaudron 17 décembre 2022 à 10 h 45 min

    Une très grande tristesse en apprenant la nouvelle. C’est une grande voix d’or et poétique qui s’éteint. Heureusement qu’il reste les disques!!

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  3. babou 17 décembre 2022 à 21 h 50 min

    Une voix inimitable, de la douceur, une extrême finesse dans l’interprétation. Kenavo l’artiste.

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