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Carmen, crue

(Carmen Maria Vega, La Talaudière, 3 octobre 2009)

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Il y a en elle un peu beaucoup de Karimouche et d’Olivia Ruiz, d’une Arletty aussi qui ne recevrait plus de coups de son homme mais lui en donnerait… Et d’Enzo Enzo quand elle sait se faire infiniment tendre, amoureuse. La lyonnaise Carmen Maria Vega est un drôle de bout de bonne femme, les pompes bien rivées au sol, solide. Qui plus est douée d’une tchatche pour le moins féconde. C’est un phénomène et ça se sait. Le bouche-à-oreilles ayant fait son œuvre, cette artiste en émergence vient de signer chez AZ, l’opus premier sort dans une semaine : vous ne cesserez d’en entendre causer, de l’ouïr chanter…

Scène du Sou de La Talaudière en ce premier samedi d’octobre. Éclairage. Nos quatre zèbres sont déjà en scène, chacun bien campé dans son rôle. Trois grands mâles, Alain le contrebassiste, très en avant, Thomas le batteur, très en arrière. Max le guitariste, par ailleurs auteur-compositeur. Et la vedette, Carmen, qui tranche par sa taille et ses déhanchements, ses provocs. C’est Lilliput sur pattes, boule d’énergie à la duracel. C’est rock n’roll, punk et paillard, ça pulse ! La posture du groupe est très téloche des années soixante, soixante-dix. Rien n’est laissé au hasard, ni le geste ni l’habit. Encore moins le débit. Dévergondée, crue, sans concession aucune, telle est Maria Véga. Qui plus est menteuse : c’est elle qui le dit, qui le chante. Pour autant, en des respirations d’entre chansons, on saura tout du passé de cette équipe, les années de galère, celles alimentaires , des boulots de restos, réceptionniste au QI d’huître aussi pour la dame. Avec toujours ce sens de la répartie, cette prémonition des licenciements, des bouleversements à venir. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus que l’issue de la chanson. Tout fait alors son et sens, c’est de l’autobiographie en mouvements, en relief. Et c’est probant, réjouissant au-delà des mots. Car c’est une tigresse pas tranquille, sans sédatifs, qu’on vient voir. Parfois chatte quand elle câline, quand elle ronronne. Plus d’une heure trente où la chanteuse fait la belle, se donne en spectacle. Et tacle tout ce qu’elle peut d’une voix maîtresse, assumée, pleine d’assurance. C’est dru, c’est cru, c’est Carmen. Il y a plus que de la révélation dans l’air. Faites le pied de grue chez votre disquaire préféré, épiez le Maria Véga nouveau, sautez dessus, vous ne le regretterez pas.

(photo Sylvain Gripoix)

2 Réponses à Carmen, crue

  1. juliette 5 octobre 2009 à 6 h 05 min

    Bravo Michel !
    C’est exactement ça Carmen !!! Ça secoue ! Ça décoiffe ! Rien de poli, pleine d’aspérités et, en même temps, tellement fragile et… tendre.
    A bientôt de te lire…

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