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Govrache, l’héritier

Govrache au Sentier des Halles (photo Marc Dufromentel)

Govrache au Sentier des Halles (photo Marc Dufromentel)

Govrache, 22 novembre 2013, Le Sentier des Halle, Paris,

 

Deux soirs au Sentier des halles pour Govrache : deux nouvelles raisons s’il en fallait pour croire en ce jeune artiste au swing manouche qui décoche ses vers comme le plus fin arbalétrier, faisant mouche chaque fois. Govrache a mis pour l’occasion les p’tits plats dans les grands. Non qu’il ait mis une cravate, ça ne se fait pas, sauf pour ses complices violoniste et contrebassiste, beaux comme des sous neufs : lui porte rituelles baskets et casquette, vieux jean et son éternel tee-shirt Superman un tantinet fatigué. Le tee-shirt, pas lui. Govrache a la patate et ça s’entend, fier d’un demi-disque tout juste sorti du pressage, tant qu’il fait même des chansons qui ne sont pas dessus, d’un futur album.

Ainsi ce Lève-toi et marche, une des toutes premières chansons de l’ère Hollande, qui trouverait toutes les excuses de manifester (« Y’avait de quoi l’avoir mauvaise, y’avait de quoi être en colère / C’était l’époque où on f’sait Vals et des roms dans des charters / C’était l’époque, où un humain vaut moins qu’un rat / Quand son bidonville est détruit par les bulldozers de l’Etat ») et se transforme en charge envers ceux qui défilent contre le mariage pour tous : « T’étais là, non pas à t’battre pour tes droits / Non toi tu t’battais comme un chien pour que les autres n’en aient pas ! / Y’en avait pourtant des grandes causes, de quoi se révolter en masse / Et faire exploser d’une seule voix l’infamie du système en place. » Au temps des cerises, ça en fera une de plus sur le gâteau.

Ça ne doit pas le gêner considérablement de dire de Govrache qu’il est engagé, qu’il doit être d’une gauche très à gauche. Lui ne négocie pas ses mots : habile de sa plume il a l’alexandrin militant, pêchu, couillu. Il portraite à merveille les gens qu’il croise, sait la tendresse (très belle chanson sur sa compagne : « C’est comme un ange qu’aurait choisi le batt’ment d’cœur, au batt’ment d’aile »), dénonce et conspue ce qui ne va pas en ce monde bancal (comme cette remarquable chanson sur les SDF : « J’suis l’homme trottoir, posé comme ça, comme une verrue sur ta vie sage »), un peu comme jadis le Renaud de Société tu m’auras pas, autre porteur de casquette. Pour peu, ça en ferait l’héritier.

Belle prestation qui en appelle d’autres et de plus grandes question jauge. Celle-ci avait particulièrement le goût de l’amitié, avec le renfort de deux autres musiciens (une violoncelliste, un autre violon) : que des cordes sensibles pour un concert d’un dur à cuire fait de tendresse et de compassion. Bel humain vraiment, que ce Govrache.

Le site de Govrache, c’est ici. Il y a peu, nous avons chroniqué son récent cédé, c’est làImage de prévisualisation YouTube

Une réponse à Govrache, l’héritier

  1. Danièle Sala 28 novembre 2013 à 11 h 56 min

    Héritier de la casquette de Jamait, de la gouaille de Renaud, ( avant Renard) , de la parole debout, de la tendre impertinence de Dimey aussi . Une belle écriture portée par des musiques voyageuses héritières des fils du vent . Oui, il a tout pour plaire ce Govrache , enfin , pour me plaire, mais à voir son succès montant, je ne dois pas être la seule !

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