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Granby 2014. Ça va, Savage…

Jonathan Savage (photo Bertrand Duhamel)

Jonathan Savage (photo Bertrand Duhamel)

Concours réservé au seul public professionnel que celui-ci. A l’United Church, une église pour le coup réformée, devenue salle de concerts. Ici ce sont les vitrines (show-cases). Quatre concurrents par jour, quatre jours durant. Jacques Madebène, directeur du festival « Sémaphore en chanson », à Cébazat, en est le président du jury.

Première fournée, donc, dans ce lieu qui l’an passé était fournaise. Dieu a entretemps inventé la climatisation.

Vanessa Borduas est une blonde sexy, accompagnement très rock, trois musicos, des chansons où l’amour prédomine qui ne mangent pas d’pain, pré-formatées selon les standards dominants. Au piano, elle sait se faire tendre, mélancolique, presque déchirante en un « corps à corps » entre l’amour et elle. Un accent juste comme il faut pour séduire et ne surtout pas effrayer le marché européen et déjà un tube qui tourne tourne sur Rouge-FM. Il y a tant de postulantes idoles qui font la même chose qu’on ne saura la distinguer du lot.

Comme Navert, accompagnée elle par un guitariste (la formation complète ne s’est pas dérangée). Tous deux vêtus de noir, a priori plus intimiste, encore que. La chanteuse a un peu la voix acidulée de Vanessa Paradis, en nettement moins pétillante. C’est du mélancolico-sentimental à l’écriture pauvre, désespérément convenue. Ah ! une chanson sort du lot : écriture simple, naïve même, épire du mot, déchirement… Ils s’aiment. Mais c’est pas d’elle, c’est de Lavoie, qu’elle interprète avec un son saturé, bon pour danser en boîtes. Reste que c’est avec ce titre que Navert semble enfin lâcher prise, presque se réaliser. Le reste est là aussi convenu. Pourquoi toutes veulent-elles être les Natasha Saint-Pierre et Céline Dion de demain ?

 

Vanessa Borduas (photo Bertrand Duhamel)

Vanessa Borduas (photo Bertrand Duhamel)

Vient Brigitte Boisjoli, ex de la Star académie. Son premier album, Fruit défendu, s’est écoulé à 30 000 copies (ce qui est très important ici), comme quoi il ne l’était pas, défendu. Son nouvel album, Sans regrets, est en bacs. Boisjoli est pure folie, survitaminée, d’un voltage supérieur à tout. La blande qu’elle est présentement se démène, danse, chante, use de ses charmes, de sa courte jupe de cuir à la limite du bois joli. Mais surtout gueule. Est-ce ça, est-ce la sono poussée à son paroxysme, qui ne fait pas dans la dentelle, on ne comprend pas le traitre mot (ça doit parler d’amour, mais on ne sait trop…), d’ailleurs on abandonne dès le deuxième titre, indifférents que nous sommes alors à sa prestation. Dommage qu’il n’y a pas de bouchons d’oreilles ! À notre retour on consultera l’otorhino… Pourquoi écrire des textes si c’est pour qu’au final l’auditeur ne comprenne rien, pas le traitre mot, sinon des bribes, mots échappés du bruit et du contexte ?

Le quatrième est Jonathan Savage, loin d’être un inconnu ici. Là, c’est rupture. Nous ne sommes plus dans la bouillie mais dans la chanson. Autre posture, autre contenu. Lui nous vient de Gaspésie, de la tribu des Mic-Mac dont il prolonge la légende. Il cause, il cause. Quand il ne cause pas il chante. C’est un conteur-chanteur, flanqué d’une guitare, idéal pour vos veillées. De quoi nous cause-t-il ? De tout de rien, de la fin du monde, de ses souvenirs de gosse. De politique aussi, du parti « Conserve ta peur »… Il papote en toute complicité avec nous. En cet après-midi décevant, assez désespérant, Savage fait sauvage, brut, incongru, rebelle, passé à travers les mailles du filet, authentique. Qui plus est avec un humour salvateur, savageur, joliment osé, savamment imagé. Il est coutumier des onomatopées, bruits de bouche et voix trompettante. Depuis qu’il a découvert Brassens, il se fait accompagner d’un contrebassiste et ça va bien à son art à la fois modeste et d’un égo surdimensionné : n’est-il pas Le très honorable Jonathan Savage, titre de son plus récent album ? Mais ce n’est pas concerts, ce ne sont que vitrines, trente-cinq minutes, guère plus. Pour Savage, pour nous, c’est grande frustration de ne pas aller plus loin dans son univers… Ce soir à 19 h au pub Macintosh de Granby.

 

Une réponse à Granby 2014. Ça va, Savage…

  1. Danièle Sala 11 septembre 2014 à 17 h 53 min

    Ah ! Michel ne minouche avec les « blandes » du bois joli qui l’achalent . Le voilà tout baldaqué asteur !

    Répondre

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