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Entre parenthèses, mais pas tant que ça

ATTENTAT-CHARLIE-550Presque trois jours sans publier un article sur NosEnchanteurs. Excusez-nous, nous qui aimons tant vanter notre rythme quotidien, qui même les jours de fête publions quand même, n’avons pu, n’avons su, n’avons pas eu le goût de prendre notre stylo, de nous mettre au clavier. Comme vous, nous sommes en deuil de Cabu, de Charb, de Tignous, d’Oncl’Bernard, d’Honoré, de Wolinski et des autres victimes de ces fous de dieu. C’est difficile de pleurer au dessus d’un clavier sans ruiner les circuits électroniques.

Du coup, nous n’avons même pas posé des disques sur la platine. Hasard, nous n’en n’avons pas reçu non plus. Comme si même le travail des attaché(e)s de presse s’était lui-aussi arrêté d’un coup, que tout était mis entre parenthèses.

Il en est du dessin comme de l’écrit. Comme de la chanson, aussi. On peut ne dessiner que l’amour, que le désir de l’amour. On peut aussi dessiner le travail des hommes. Leurs joies, leurs peines. Leurs combats, leurs luttes. Il y en a qui taillent particulièrement bien leur crayon, bien incisif comme il faut, en mettant la pointe de la mine sur les « i ».

S’il fallait trouver des équivalents au travail des dessinateurs et rédacteurs de Charlie-Hebdo dans la chanson, on convoquerait Gilles Servat, Rémo Gary, Eric Frasiak, Mano Solo et Charles Trenet (bah oui !), Les Négresses vertes, Alain Bashung, Alain Souchon, Allain Leprest, Lily Luca, Anne Sylvestre, Tournée générale et Christian Paccoud, Tryo, Évelyne Gallet (oh oui !), Cabadzi, Julos Beaucarne, La Rue Kétanou, Jules & Jo, Vitor Hublot, Michel Bühler, Claude Semal, Hubert-Félix Thiéfaine, Pierrick Vivarès, Manu Lods, Florent Nouvel, Clarika, Renaud et beaucoup d’autres. Et le père Brassens, il va de soi. Le trait pluriel (de Willem à Riss, de Luz à Jul – là je parle de ceux qui restent) des dessinateurs de Charlie épouse le chant pluriel de la chanson que nous aimons. Il en a la même fonction, la même utilité sociale.

Les intégristes le savent qui ne supportent rien ni personne, qui s’interdisent toutes images, toutes musiques, toutes réflexions, toutes émotions, toutes chansons.

Bien souvent on parle d’exception culturelle française. Elle est multiple, elle est précieuse. Et ce n’est pas que pour le cinéma. Charlie-Hebdo est une exception culturelle française, comme l’est Le Canard enchainé (Cabu était des deux). Ce sont nos biens, uniques, incroyables. Notre patrimoine, aussi sûrement que le sont La Joconde ou les grottes de Lascaux et de Chauvet. Comme l’est la chanson, qu’on a souvent tenté de réduire au silence, qu’on a fusillé naguère, qu’on a fait interdire.

Toute liberté est à nourrir, à faire vivre. Toute atteinte à la liberté d’expression, à la liberté de la presse, si minime soit-elle, est l’amorce d’un crime, d’un massacre à venir.

 

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7 Réponses à Entre parenthèses, mais pas tant que ça

  1. Norbert Gabriel 10 janvier 2015 à 12 h 01 min

    En effet, ça a été compliqué de trouver la note et les mots justes pour parler de chanson et de spectacle. Merci aux artistes qui ont fait tant bien que mal leur métier de chanteurs/chanteuses, en montrant que l’obscurantisme ne tuera pas la liberté.

    La liberté de la presse permet de vérifier la réalité de toutes les libertés (entendu à la radio)

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  2. Patrick Engel 10 janvier 2015 à 12 h 47 min

    Rien n’a ajouter à ces mots, qu’une larme, qui ne séchera pas…

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  3. Danièle Sala 10 janvier 2015 à 13 h 38 min

    Une parenthèse douloureuse et compréhensible . Mais le spectacle doit continuer, plus que jamais, et pour les « équivalents au travail des dessinateurs et rédacteurs de Charlie-Hebdo dans la chanson », il y en a tant d’autres …Ferrat , Ferré, Fransesca Solleville, et tout ceux qui figurent dans les archives de Nos Enchanteurs … Nous sommes Charlie , et nous serons encore des millions à le dire demain .

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    • Michel Kemper 10 janvier 2015 à 17 h 01 min

      Les « équivalents » sont bien plus nombreux. J’ai voulu exprimer ce que je ressens depuis toujours, cette correspondance entre deux arts que je crois très proches. Avant d’être « à fond » dans la chanson, je l’étais dans la bande dessinée, où je compte de nombreuses amitiés encore. C’est dire si, au delà de cette notion de liberté d’expression, de la liberté de la presse notamment, qui me sont chères on le sait, c’est mon autre famille qui a été touchée, des gens qui parfois m’accompagnent depuis mon entrée dans l’âge d’homme.

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  4. P.J Le Moal 10 janvier 2015 à 20 h 12 min

    MORTS POURQUOI ?

    Morts pourquoi ?
    Reste un petit éclat de rire
    Planté dans une mâchoire de fer
    Morts pourquoi ?
    Reste un dessin jamais fini
    Là sur les portes de l’enfer

    Morts pourquoi ?
    Avoir mis les pieds sur les tables
    De vieilles lois du moyen-âge ?
    Morts pourquoi ?
    Avoir emprunté au désert
    Un peu de sable pour l’engrenage ?

    Morts pourquoi ?
    A cause de bergers pitoyables
    Ou de moutons pour l’abattoir ?
    Morts pourquoi ?
    Dans une aurore de fin du monde
    Un crépuscule de gyrophares

    Morts pourquoi ?
    Comme ceux de quatorze-dix-huit
    Pour que « la France » se fasse reluire ?
    Morts pourquoi ?
    Morts comme ceux du onze septembre
    Morts pour que l’Amérique empire ?

    Morts pourquoi ?
    Pour des idées mais de mort vive
    C’est beau et triste comme une médaille
    Morts pourquoi ?
    Leurs présents tombés à nos pieds
    Demain ne me dit rien qui vaille

    Morts pourquoi ?
    Reste un petit éclat de rire
    Planté dans une mâchoire de fer
    Morts pourquoi ?
    Reste un dessin jamais fini
    Là sur les portes de l’enfer

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  5. Claude Fèvre / Festiv'Art 11 janvier 2015 à 15 h 43 min

    Oui, mes amis collaborateurs, oui, amis lecteurs, impossible de s’arracher à l’effarement, au chagrin ces dernières heures …le temps de marcher avec d’autres honnêtes hommes, honnêtes femmes,- même si beaucoup nous traitent de moutons !- tant pis …j’ai marché pour mes enfants, mes petits enfants… Promis, nous allons revenir en concert, dès ce soir en ce qui me concerne. Oui, nous allons écrire encore puisque c’est ce que nous avons décidé de faire pour que vive le journalisme au service de la Chanson ! Oui, nous reprenons le stylo ! A très vite, amis !

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  6. MariePierre 11 janvier 2015 à 19 h 48 min

    Oui, la relation est évidente. Le dessin et la chanson sont des arts qui s’adressent, pas exclusivement mais aussi, à ceux qui ne savent pas lire. Ils sont populaires et universels. Ils ont en commun d’être directs, brefs, immédiatement accessibles, un dessin se lit en quelques secondes, une chanson s’écoute en quelques minutes. Et ils peuvent aussi être dans le même registre, de la métaphore et de la caricature.

    L’équivalent des dessinateurs de presse pour moi ce sont plutôt les chansonniers, ceux qui croquent l’actualité en quelques refrains, nous en font comprendre les dessous ou la tournent en dérision. Alors ces jours-ci, hormis « nos chanteurs à convictions » précités, c’est aussi eux que j’ai envie d’entendre.
    (Suggestion pour les « chanson du jour » à venir…)

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