Cette chanson qui emmerde les Le Pen
« Pas la peine, oh, pas la peine / De parler de celui-là / De ce type qui sue la haine / Et empeste le climat » Gilbert Laffaille, Dents d’ivoire et peau d’ébène ;
« Elle ressort de sa tanière, la nazi-nostalgie / Croix gammée, bottes à clous, et toute la panoplie / Elle a pignon sur rue, des adeptes, un parti… / La voilà revenue, l’historique hystérie ! » Louis Chedid, Anne, ma sœur Anne ;
« Marine / Tu es victime des pensées de ton géniteur / Génération 80 on a retrouvé notre Führer / Marine » Diam’s, Marine ;
« Ma colère n’est pas un front / Elle n’est pas nationale / Car ma colère a tout l’honneur de combattre / La leur » Yannick Noah, Ma colère ;
« Main de fer pour gant de velours / Tout en sourire cœur sur la main / C’est la haine qui parle d’amour / C’est le rosier dans le purin » Tryo, Marine est là.
Tout est fait pour nous persuader que la chanson dite « politique » ou « engagée » est morte, on ne sait quand d’ailleurs, d’inutilité sans doute. Mais, n’en déplaise aux esprits chagrins, cette chanson est tenace, comme mauvaise herbe qui pousse où bon lui semble, au nez et à la barbe des censeurs, parfois même dans leurs plates-bandes. Que l’on touche à la liberté et la chanson se met en colère…
Souvent la chanson tonne de sa grosse voix. Le danger la réveille utilement. Si la chanson parfois raille nos hommes politiques, elle les laisse en temps normal en paix, laissant aux chansonniers le soin d’en faire leur petit lait, au reste souvent caillé. Mais dès qu’un général Boulanger nous menace du pétrin, elle se racle la gorge et chante sévère.
On l’a dit – j’en ai même fait un livre – que nul homme d’Etat français n’a été aussi chanté que Sarkozy. Les deux autres sur le podium n’ont certes pas, loin s’en faut, la carrure d’homme et de femme d’Etat. Ils n’en représentent pas moins, eux aussi et plus encore, un danger pour la démocratie, pour les libertés, pour le vivre-ensemble. Le Pen père et fille sont à eux seuls source d’innombrables chansons. Il y a pile dix ans, notre confrère journaliste Baptiste Vignol en tirait même la matière d’un livre, Cette chanson qui emmerde le Front national. Bien d’autres chansons sont venues depuis s’ajouter, qui justifieraient un second tome.
Que la chanson s’empare de Sarkozy (de lui, de ses faits d’armes, de ses affaires) et des Le Pen (mais pas de Hollande, ou si peu, à la marge), qu’elle se préoccupe des migrants, des SDF, qu’elle soit bouleversée des attentats… est chose normale. Chaque fois qu’un événement ou qu’une personne trouble et transgresse le bon ordonnancement des choses, la chanson qui autrefois faisait office de gazette du peuple retrouve sa vitalité, l’une de ses raisons d’être.
Et si les médias se délectent de Le Pen pourvoyeurs d’audience, s’ils viennent de salement jouir d’un débat qu’ils ont tant désiré jusqu’à en choisir les compétiteurs et ainsi jouer dangereusement avec le feu, ne vous étonnez pas qu’ils taisent cette chanson engagée qu’ils haïssent et la remplacent par de l’anglo-saxon ou des chanteurs défunts. Tant que le chanson vivra, elle dénoncera les excès et les turpitudes dont s’accommodent si bien les pouvoirs politiques et médiatiques.
Les extraits de chansons en début de cet article, les vidéos en dessous, ne sont qu’un furtif échantillon de ce que la chanson a dit des Le Pen et de leur parti. La bête, a dénoncé Zebda, La bête est revenue a chanté Pierre Perret, La bête immonde a surenchéri Michel Fugain. Eux et Tryo, Gilles Roucaute, Yannick Noah, Philippe Katerine, Mathieu Sempéré, Diam’s, Bérurier noir, Damien Saez, Katerine, Benjamin Biolay, Darcy ft Kemar, Gérard Morel, Mélissmell, Luke, Gauvain Sers, Jean-Luc Schwartz, Alain Souchon, Patrick Font & Philippe Val, Florent Marchet, Noir Désir, Jacques-Yvan Duschesne, Allain Leprest, Gul de Boa, No One is innocent, Ludwig von 88, Rachid Taha, Les Goguettes, Nathalie Lillo, Polo, Les Ogres de Barback, Agnès Bihl, Guillaume Barraband, Nicolas Bacchus, Gilles Servat, Mano Solo, Stéphane Côté, Fab et sa guitare, Magyd Cherfi, Makja, Cyril Mokaiesh, Les Sales Majestés, Oldelaf, Serge Utge-Royo, IAM, Georges Nounou, Jean Ferrat, François Corbier, Jean-Michel Piton, La Canaille, Michel Boutet, Général Alcazar, Manu Lods, Keny Arkana, La Tordue, Jojo Gigi, Jules et le Vilain Orchestra, Sinsémilia, eux et pas mal d’autres encore… tous emmerdent Le Pen de père en petite-fille, le Front national, les idées noires et la peste brune.
D’autres chansons ici :
https://www.youtube.com/playlist?list=PLjgARH5GHfS-fPCs1xKUTqZY_blyRhwdR
Belles listes ! J’y ajoute cette chanson de Xavier Merlet :
https://www.youtube.com/watch?v=cY6KzWEmTTA