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Alexis HK : la peau de l’ours

Alexis HK (photo d'archives Anne-Marie Panigada)

Alexis HK (photo d’archives Anne-Marie Panigada)

Attention, album collector ! Tiré à seulement mille pièces (déduction faite de celles remises à la presse et aux copains, il y en a forcément moins !). C’est le souvenir de la tournée d’un ours, un peu grizzli pas grise mine, hors de sa tanière donc, qui, après avoir consacré plus de deux ans à son bon maître Georges (Alexis ne sait s’entourer, on le sait, que d’agréables compagnies), a vu notre HK proposer au public une forme plus radicale encore de son art, d’une subdivision inconnue, un ovni excessivement parlant, objectivement bavard. Qui part d’un constat aussi lucide que désespérant : « J’ai écrit mes ombres, mon désarroi et celui que je pressentais du Monde. La fin des lumières et le renouveau de l’obscurantisme. La fin d’une légèreté peut-être trop légère, et des illusions de justice et de liberté ». Comme un ours est une forme d’exorcisme où l’artiste se débarrasse de ses peurs en nous les confiant, gentil partage : le paquet est moins lourd à porter ensuite. Forcément ça tranche dans une chanson qui peut sembler futile à qui la voit et l’entend de loin. Mais on entre vite dans son propos qui n’a rien d’un long fleuve tranquille. C’est d’abord le mot, exact et précieux, ce verbe travaillé dans une langue non corrompue, aux idées précises, bien énoncées. Avoir vu cet ours en scène ne peut être suffisant : pour l’ingérer, le digérer, bien le comprendre, l’assimiler, il faut l’écouter encore et encore. Pas pour boire la parole de ce nouveau maître, mais bien comprendre, disséquer les mots, ouvrir en nous de nouvelles pistes. AlexisHK-commeunoursliveÇa tient tant de la chanson que du théâtre, long monologues qu’interrompent quelques séquences chantées, comme des pauses bienvenues, délicatement soulignées par des musiciens aussi discrets qu’efficaces (Simon Mary à la contrebasse, Julien Lefevre au violoncelle, Sébastien Collinet aux piano, guitare et banjo) : l’histoire de la fille à Pierrot ou ce désir d’avoir un chien… Comme ça, bien sûr, ça ne vous dira strictement rien. J’insiste : il vous faut l’entendre. Non par distraction, par accident, mais en faisant l’agréable effort d’entrer dans le discours. La barre est haute, y a que les cons qui passent dessous. On vous a déjà parlé de ce spectacle et du disque d’origine (convenons que le terme de concert est ici impropre) : relisez, c’est ici et ici. Ce nouvel enregistrement est la perfection même, dans un écrin photographique proche du somptueux.

Un seul bémol : on ne dit pas « live » pour désigner un disque enregistré en public. La langue française, celle entre autres du bon maître Georges et celle, tout aussi magnifiée, d’Alexis HK, dit en ce cas « en public ». Mais où donc avait-il la tête, Alexis HK ?

 

Alexis HK, Comme un ours [live], La Familia 2020. Sortie le 17 juillet 2020. Le site d’Alexis HK, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
 
Les concerts de l’automne, c’est là, dans « A propos ».

Comme un ours, au Pont des Artistes Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Alexis HK : la peau de l’ours

  1. Catherine Laugier 3 juillet 2020 à 12 h 07 min

    Je confirme les propos de Michel Kemper pour Alexis HK, un album en concert reçu il y a trois jours, d’une rare élégance et pudeur de sentiment.
    Tendresse, humour parfois iconoclaste (ah ce Torture jésuite, entendu à Aix déjà), autodérision, désillusion, et pourtant toujours l’espoir… déjà de se revoir en concert à partir de septembre !
    Un faible pour Je me suis assoupi, La chasse ( le choc !), Le cerisier, Porté…que je redécouvre dans ce concert au-delà des mots

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  2. Christelle FLORENCE 28 juillet 2020 à 18 h 14 min

    Wahou ! Merci Michel d’écrire aussi bien sur l’album, le spectacle, l’artiste… Quel plaisir de voir ce travail aussi bien reçu ! Bonne continuation, christelle.

    Répondre

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