CMS

HK : nos luttes enchantées

HK (photos Marc Schaefer)

HK à Roubaix (photos Marc Schaefer)

« Je n’ai jamais manqué de rien, surtout pas d’amour
Dans cette cité ouvrière, prolétaire, où j’ai vu le jour
De ces villes qui vous façonnent et vous forgent un caractère
En vous faisant jurer de ne jamais lâcher l’affaire
Des saveurs de Portugal, d’Afrique du Nord, et d’Italie
Ch’timi citoyen du monde, tu as fait de moi qui je suis
Roubaix, quand je suis parti, il pleuvait sur mon visage
J’pouvais pas t’laisser, j’t'ai embarquée dans mes bagages »

HK_Couv_BAT-2 -2024 Une vie de rêve et de combats 350x609C’est avec ces mots que Kaddour Hadadi, plus connu sous le nom d’artiste HK, ouvre son livre Une vie de rêves et de combats, publié aux éditions Riveneuve.

Ainsi quand il revient ce jeudi 30 janvier à Roubaix aux sources de ses engagements, de ses découvertes musicales, de la vie associative, c’est un homme qui témoigne tel un conteur de ce qu’il doit à toute cette vie de l’ARA (association Autour des Rythmes Actuels) organisatrice de ce temps de rencontre et d’échange. C’est dans ce lieu associatif de Roubaix qu’il a appris la musique, vécu les joies de l’écriture musicale, des JAM session entre « frères de son » de styles forts différents (du blues rock au métal en passant par le rap et le punk) pendant quinze ans. Ici les anciens se sont donnés rendez-vous ce jour de janvier, en mémoire de ces années de partage, pour retrouver leur ami et aussi ancien employé pendant huit ans du lieu. Certains ont tourné avec lui dans le hall d’entrée son premier clip avec son groupe de l’époque M.A.P. (Ministère des Affaires Populaires) « Ah si j’étais président ». Le virus familial de la musique transmis par les grands frères et sœurs s’est développé dans ces murs où à quinze ans il voulait apprendre à devenir un « MC » à la mode de ces années 90. Il y suit d’abord le cursus RAP, il y découvre ensuite l’approche de la scène avec un talentueux professeur roubaisien : Malik Berki. Il y expérimente combien la musique parle au cœur et le fait vibrer comme rien d’autre…

Le témoignage d’HK concernant l’ARA rappelle que les lieux associatifs comme celui-ci sont des lieux formateurs, de croisement, d’expérimentation. Un lieu où tout est possible… Un lieu carrefour où des mondes différents se croisent. C’est ce qu’on entend dans son premier album d’HK et Les Saltimbanques en 2011 où l’on peut d’ailleurs croiser dans les musiciens certains compagnons de l’ARA et aussi une célèbre chanson de lutte sociale et hymne de manifestations, On lâche rien, qu’il partagera à nouveau au micro au cours de cette soirée avec trois autres chansons phares de son répertoire comme Danser encore, hymne anti-confinement et qui rappelait combien la culture était et demeure toujours essentielle. Car face aux crises l’art et la culture créent du lien et nous portent, ne l’oublions jamais !

HK 3Sans s’étaler sur le côté sombre de ce « mini Marseille », comme il le dit, qu’est Roubaix, il souligne que dans cet univers de grandes violences on trouve un équilibre par de grandes relations humaines, des entraides naturelles où les frontières tombent. Ce n’est malheureusement pas trop la direction que le monde prend mais avec HK on est en accord, pas que musical… La musique demeure un lieu d’évasion et de partage d’utopie où l’art permet de raconter des histoires réelles de vie.

A son absence dans les grands médias, la question de la censure est évoquée par le public fan de l’artiste. Il répond que pour lui, on ne peut pas parler de censure « mais d’invisibilisation des gens qui ne sont pas dans le moule ». Par rapport à cela, il n’a pas d’aigreur mais une volonté de rester lui-même et de continuer de partager ses émotions comme il le fera avec un nouveau spectacle qui débutera au festival d’Avignon cet été 2025 sur Brel. Brel qui l’a tant touché un soir devant sa télévision quand il chantait Amsterdam, Brel qui a d’ailleurs fait son dernier tour de chants dans cette même ville de Roubaix. Amsterdam qu’il reprend à sa manière sur scène depuis plus de dix ans comme en témoigne également son album Danser encore, le live sorti début décembre 2024. On a hâte de voir HK s’imprégner plus encore de ce répertoire car s’il y a bien quelque chose qui caractérise l’artiste c’est qu’il fait les choses sérieusement mais toujours avec un grain de folie communicative.

HK 2Tout cela, il l’a donc appris grâce à la vie associative. Il l’a conjugué dans la défense des politiques sociales, associatives et culturelles et nous rappelle où est l’essentiel. L’arrêt ou la diminution des subventions pour des structures culturelles similaires à l’ARA un peu partout en France sont ou seront des erreurs aujourd’hui comme demain. De telles coupes budgétaires sont des fausses économies pour une ville, un département, une région, un pays. Elles seront surtout une grande perte de richesses humaines, sociales et culturelles qui ne feront que renforcer finalement des replis identitaires là où il faut mettre du liant entre tous. HK pose d’ailleurs sa pensée de façon claire : « Les xénophobes et les terroristes sont les deux faces d’une même pièce. Quand les uns prospèrent, les autres progressent. Pour nous, la musique, dans ma vision des choses, dans cette époque-là encore plus qu’avant, on a besoin de garder ce lien. Dans ces moments-là d’épreuves on a besoin de parler, d’échanger. Et heureusement qu’on n’est pas tout le temps d’accord, sinon ce serait triste. On a besoin même de s’engueuler de façon fraternelle, de se dire les choses. » Il tient à cette liberté d’expression et à garder toujours le lien. « Il n’y a rien de pire qu’une société où tout le monde s’enferme et où plus personne se parle. C’est la meilleure façon d’attiser les haines et les rancœurs, les illusions et les fantasmes les uns et les autres. » Alors, plutôt que de détruire ces espaces d’échange et de partage collectif que sont les lieux associatifs et culturels : renforçons et multiplions-les.

En attendant n’oublions pas ce message de Stéphane Hessel qu’HK a fait sien en chanson depuis 2012 et qu’il nous rechante durant cette soirée car ce message garde (malheureusement) encore toute sa pertinence : Indignez-vous !

Alors on ne lâche rien et on n’oublie pas, face au tout économique, la grâce, celle des mots : « Les mots c’est gratuit et on peut se les approprier librement. »

A toutes nos luttes enchantées !

 

Le facebook de HK, c’est ici ; son site, là ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est ici.

 

« Ah si j’étais président » : Image de prévisualisation YouTube

« On lâche rien » : Image de prévisualisation YouTube

« Sans haine, sans armes et sans violence », « Indignez-vous » :  Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à HK : nos luttes enchantées

  1. babou 4 février 2025 à 13 h 51 min

    HK, un artiste de salut public, un bel humain

    Répondre
  2. Jean Pierre Gleize Bourras 9 février 2025 à 12 h 40 min

    H.K, disponible, modeste, attentif et quelle écriture ! Le plus bel hommage que peuvent lui faire les médias « aux ordres » c’est de ne pas en parler. Ces présidents et présidentes de collectivités, sans humour, sans amour, bien assis sur leur privilèges, qui suppriment les subventions à la culture qui attendent un Trump bien Français ne sont pas de notre famille ! Stéphane Hessel revient… ils continuent à être fous !

    Répondre

Répondre à babou Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives