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La République en chantant, une expo aux Archives nationales à Paris

14 juillet 1880 Inauguration du Monument à la République Alfred Philippe Rolle Musée des Beaux Arts de Paris

14 juillet 1880 Inauguration du Monument à la République Alfred Philippe Rolle Musée des Beaux Arts de Paris

Pas de manifestations sans musiques ou chansons. Ou quasi. En ce tout début mois de mai une exposition évoque les partitions et chants de lutte qui accompagnent l’histoire de la République française. De la Révolution au Front populaire. Quand la politique se met en harmonie avec la musique. Appel à la grève générale, à la révolution ou à la fraternité internationale, le message passe mieux auprès des manifestants en musiques. « Diffusées sur feuilles volantes ou publiées en petits recueils, les chansons sociales se présentent souvent sous forme de partitions simples, avec uniquement la partie chantée, incluant les paroles » indique le catalogue de l’exposition qui parcourt notre République en chantant sinon enchanteresse ( !). La chanson engagée émerge au XIXème siècle avec des pionniers comme Pierre-Jean de Béranger (1780-1857). C’est ainsi quelques décennies plus tard que le Front populaire placera la musique en bonne place dans son programme culturel à l’école et dans la société.

Hommage à la Liberté Gravure 1792

Hommage à la Liberté Gravure 1792 Archives nationales

Cette chanson sociale n’est qu’une des étapes d’une histoire où la musique est mise au service du sentiment national. Honneur dans ce parcours à La Marseillaise. L’exposition des Archives nationales (à Paris) place l’hymne national au cœur du parcours riche en partitions, instruments anciens (Buccins ou trombones à coulisse, bassons russes ou serpents droits) , extraits musicaux rares ou inédits. Un tourbillon de feuilles et de partitions manuscrites monte jusqu’au plafond de l’hôtel de Soubise. Dès sa création par Rouget de Lisle en 1792, le Chant de guerre pour l’armée du Rhin s’impose. Sans faire oublier la profusion de chansons écrites à l’époque, témoignant d’un élan populaire. Un décret du 17 juin 1794 (27 prairial an II) appelait les artistes à « célébrer les principaux évènements de la Révolution. « De nombreuses adresses chantées sont alors envoyées au Comité de salut public » indiquent les organisateurs. Ainsi un texte en occitan , « La Garisou de Marianno (« La guérison de Marianne ») écrit par le chansonnier tarnais Guillaume Lavabre vers 1790, serait la première attribution du prénom de Marianne à la République personnifiée. Beaucoup de chants renvoient à des airs connus. Une playliste inédite illustre le propos.

Marthe Chenal chantant La Marseillaise par Georges Scott 1914 Musée Carnavalet

Marthe Chenal chantant La Marseillaise par Georges Scott 1914 Musée Carnavalet

Retour sur La Marseillaise. Devenue brièvement hymne national en 1795 avant d’être détrônée par Le Chant du départ ou Veillons au salut de l’Empire sous Napoléon, il faudra attendre 1879 pour que la IIIème république naissante la choisisse à nouveau comme hymne national officiel. « Sa sacralité même incite aux détournements burlesques ou plus contestataires, indique le catalogue de l’exposition, comme une Marseillaise des féministes, une Marseillaise des mineurs ou La Marseillaise fourmisienne (1891) ». Jusqu’aux essais plus contemporains de proposer un autre texte (Graeme Allwright) moins guerrier. Sans succès pour le moment.

L’exposition, organisé avec le concours du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, retrace également l’histoire de la démocratisation de l’accès à la musique. Dispensée uniquement aux jeunes adultes à Paris avant de gagner d’autres territoires, la formation inclut l’enseignement primaire à la fin du XIXème siècle grâce aux lois Jules Ferry. Les compositeurs français entendent à l’occasion faire vibrer la fibre patriotique (Hector Berlioz, Charles Gounod, etc.,). Les lieux de pratiques (harmonies, fanfares, orphéons) et d’écoute se multiplient peu à peu. L’exposition s’intéresse également aux musiques militaires. A l’image du clairon qui a sonné la fin des combats en 1918. L’occasion encore d’écouter des airs de musique dont certains enregistrés spécialement, n’ont pas été entendus depuis la Révolution française.

 

« Musique et République. De la Révolution au Front populaire ». Exposition gratuite aux Archives nationales, 60 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris. Jusqu’au 14 juillet 2025.

Catalogue Archives nationales/Snoeck, 168 p. Le site de l’exposition sur Les archives du Ministère de la Culture , c’est ici. 

 

La marseillaise carte postale du 5 août 2018 Archives Nationales BRÈVE CHRONOLOGIE MUSICALE ET POLITIQUE 1790. Création du corps de musique au sein de la Garde nationale. 1792. La Marseillaise. 1793. L’institut national de musique est créé. 1794 . Le Chant du départ. 1795. L’institut national de la musique incluant le chant devient Conservatoire national. 1826. Création des écoles succursales du Conservatoire. 1830. Berlioz arrange La Marseillaise pour orchestre. Années 1850. Début de l’âge d’or des harmonies et orphéons ; 1861. Jules Pasdeloup lance ses concerts populaires de musique classique. 1866-1868. Le temps des cerises. 1871. L’Internationale. 1877. Débuts du phonographe et de l’enregistrement sonore. 1879. La Marseillaise devient hymne national. 1882. Loi sur l’instruction primaire introduisant la musique à l’école. 1889. Ode triomphale à la République (lors de l’exposition universelle). 1917. Chanson de Craonne. 1936. Front populaire. Charles Trenet écrit Y’a d’la joie 1938. Enseignement du chant pour les classes de la sixième à la troisième.

La marseillaise carte postale du 5 août 1918 Archives Nationales
BRÈVE CHRONOLOGIE MUSICALE ET POLITIQUE
1790. Création du corps de musique au sein de la Garde nationale.
1792. La Marseillaise.
1793. L’institut national de musique est créé.
1794. Le Chant du départ.
1795. L’institut national de la musique incluant le chant devient Conservatoire national.
1826. Création des écoles succursales du Conservatoire.
1830. Berlioz arrange La Marseillaise pour orchestre.
Années 1850. Début de l’âge d’or des harmonies et orphéons ;
1861. Jules Pasdeloup lance ses concerts populaires de musique classique.
1866-1868. Le temps des cerises.
1871. L’Internationale.
1877. Débuts du phonographe et de l’enregistrement sonore.
1879. La Marseillaise devient hymne national.
1882. Loi sur l’instruction primaire introduisant la musique à l’école.
1889. Ode triomphale à la République (lors de l’exposition universelle).
1917. Chanson de Craonne.
1936. Front populaire. Charles Trenet écrit Y’a d’la joie.
1938. Enseignement du chant pour les classes de la sixième à la troisième.

 

 Teaser de l’exposition Image de prévisualisation YouTube

  »La Marseillaise », chœur et Orchestre de l’Opéra National de Paris, 2015 Image de prévisualisation YouTube
« Le temps des cerises », Yves Montand Olympia 1974 Image de prévisualisation YouTube
« L’internationale », Marc Ogeret, intégrale six couplets Image de prévisualisation YouTube
« La chanson de Craonne », François Guernier « Tichot », 2009 Image de prévisualisation YouTube

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