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Philippe Lamiral Poirier, 1951-2025

Philippe Poirier, pochette Les triangles allongés, 2011

Philippe Poirier, pochette Les triangles allongés, 2011

Philippe Poirier vient de nous quitter fin avril 2025. Si son décès n’a été annoncé que par un court article dans le journal local, deux mots reviennent en leitmotiv dans les témoignages unanimes de ses amis et de ceux qui ont travaillé avec lui, de Rodolphe Burger à Dominique A : élégance et gentillesse. On pourrait y ajouter la poésie en sons, en images et en mots : le talent multiforme, et la modestie. 
Certes il est assez fréquent que certains s’épanouissent tant en Arts Plastiques qu’en Musique. Cela n’est pas toujours bon pour leur notoriété : ils ne rentrent pas dans les tiroirs préétablis.

Philippe Poirier, dit Lamiral, a d’abord pratiqué la musique improvisée américaine dans les années 70′s, dans un objectif de libération tant musicale que politique, puis dans l’esprit free-jazz d’Ornette Coleman, réalisé Les échardes avec Yves Dormoy (1993).

POIRIER BURGER Play Kat Onoma 500x500Passionné par toutes les musiques dès l’enfance, passant de la guitare au saxophone puis revenant à la guitare avec le groupe Kat Onoma, dont il est cofondateur en 1986, notamment avec Rodolphe Burger, il est aussi doué pour les Arts visuels : issu de la Haute Ecole des arts du Rhin, il pratique le dessin et la peinture, et a travaillé comme graphiste et enseigné les arts visuels dans cette même école de 2004 à 2017. Cet artiste toujours en recherche et en découverte n’a renoncé à aucun de ses talents, même si par moment une de ses passions surpasse les autres. Enregistrant les albums du groupe de 1989 à 2001, comme compositeur et musicien, de Cupid en 1989 à Kat Onoma en 2001, il réalise des clips et le documentaire du groupe Kat onoma… comme son nom l’indique enregistré sur le DVD All the best from Kat Onoma. Après la séparation du groupe il continue à se produire en duo avec Rodolphe Burger, dans la lignée du Kat Onoma hors série en duo (1998), avec les concerts et l’album Play Kat Onoma (2015). 

En parallèle il réalise des performances, des concerts-projections et des scénographies pour des musées strasbourgeois, citons dans les années 2000 Nuée de pierre pour l’inauguration du musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg avec Zend Avesta, Animal museum, pour le musée zoologique, Animaliter lors de l’ouverture de la médiathèque Malraux en 2007, ou La fièvre de la danse au musée de l’Œuvre Notre-Dame. Il compose la musique de lectures de poésie ou de films, de comédie musicale (court-métrage La copie de coralie de Nicolas Engel avec Jeanne Cherhal et Serge Rabioukine en 2007), réalise des courts-métrages comme Trait pour trait, Tomi Ungerer pour le musée Tomi Ungerer la même année. 

POIRIER Philippe 2022 Automne six 500x500En abordant la réalisation de films, il s’est mis à parler pour décrire des images qui ne pouvaient être crées, puis à parler-chanter, pour aboutir à la chanson en français (les textes de Kat Onoma, en anglais, sont d’autres auteurs). C’est en 1998 qu’il produit son premier album solo, Qui donne les coups, puis Automne six, en 2002, avec Stéphane Schneider, enregistré à La Bâtie au Festival de Genève, réédité en 2022, et Qu’est ce qui m’a pris ?  en 2004, en collaboration avec le duo berlinois Tarwater. Avec La carte postale, composée à l’origine pour Dani, qu’il dédiera à Rodolphe Burger dans une reprise de 2020. On y remarque aussi la participation de Dominique A et sa chanson Gouvernance, et puis cette chanson si picturale, chantée parlée, Je songe.

POIRIER Philippe 1998 Qu'est-ce qui m'a pris 500x500En 2011 paraît Les triangles allongés, album à la géométrie poétique (écoutez l’entêtant Le plan), où apparaissent des titres véritablement chantés, où électro, cuivres, guitares et piano se mêlent en atmosphères, comme Unique, qui célèbre la beauté de la vie dans sa diversité, à travers l’art et le fantasme « Le point de vue est unique / Ce qu’on voit est magnifique » Il, voyage nocturne et cuivré au milieu d’ oiseaux noctambules (on pense à sa scénographie des chroniques zoologiques en 2007), ou Le rêve, où à mi-parcours la voix douce de Philippe Poirier vous promène dans sa rêverie éveillée. La boîte (de nuit) a été écrite en 2004 pour Françoiz Breut.  La chambre des merveilles, créée en scénographie nocturne en 2010 à Cherbourg, a été recomposée avec son fils le compositeur Roméo Poirier en 2020.

Un titre écrit en 2016 pour Electric Electric a été recomposé en 2020 en collaboration avec Roméo Poirier, et semble avoir été écrit spécialement pour la pandémie…  « Trop de bruit, trop de lumière / Les bêtes cherchent la nuit, mais ce n’est plus la nuit / Elles chantent cou tendu l’obscurité perdue ».
Dernièrement , il préparait un album avec son fils Roméo. Il faut (re)découvrir cet artiste discret qui a passé sa vie à traquer la beauté, sur sa chaîne YouTube, sur les plateformes pour les versions studio et sur son site

 

« Je songe » 2004 Image de prévisualisation YouTube
« Une carte postale », 2020, avec Rodolphe Burger Image de prévisualisation YouTube
« Trop de lumière » 2021 Image de prévisualisation YouTube

 

 

 

 

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